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L'offensive rebelle en Syrie, une bonne affaire pour la Turquie?

Alors que le président syrien Bachar al-Assad a rejeté sa main tendue, Ankara apparaît comme un acteur majeur pour l'avenir proche de son voisin.

Q: Quel rôle la Turquie a-t-elle joué dans l'offensive rebelle?

R: Selon Ömer Özkizilcik, chercheur associé à l'Atlantic Council à Ankara, la Turquie "coopère" de longue date avec le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a conduit la marche des factions rebelles syriennes sur Alep.

L'offensive était prévue "sept semaines plus tôt, les plans militaires prêts, mais la Turquie a empêché les rebelles d'avancer" et la Russie, alliée de Damas, "a lourdement bombardé leurs positions" pour sauver le gouvernement Assad, affirme Ömer Özkizilcik. Point de vue partagé par Charles Lister, expert au Middle East Institute à Washington, qui donne la date initiale de "mi-octobre".

Ce n'est qu'après l'échec des tentatives de normalisation des relations avec Damas et la recherche d'une solution politique à travers le processus diplomatique d'Astana - qui associe depuis 2017 Turquie, Russie et Iran - qu'Ankara a donné son feu vert, assure Ömer Özkizilcik.

"Ce serait une erreur, à ce stade, d'essayer d'expliquer les événements en Syrie par une quelconque ingérence étrangère", a affirmé lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Q: Quelles relations entre la Turquie et le groupe HTS?

R: La Turquie a combattu l'expansion du groupe HTS dans sa "zone de sécurité", dans le nord-ouest de la Syrie. Ankara a fait pression sur ce groupe pour qu'il rompe son affiliation à Al-Qaïda et ne s'en prenne pas aux minorités, chrétiennes et druzes en particulier: "Le HTS d'aujourd'hui n'est plus celui de 2020", affirme M. Özkizilcik.

Firas Kontar, opposant syrien d'origine druze, auteur de "Syrie, la révolution impossible", estime cependant qu' "Erdogan n'a plus les moyens d'arrêter les HTS".

Q: Où en sont les relations entre Damas et Ankara?

R: Damas et Ankara ont rompu leurs relations en 2011, après le début du conflit syrien qui a morcelé le pays et fait un demi-million de morts environ.

Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan, soutien des rebelles, a tendu la main à partir de 2022 à Bachar al-Assad, qu'il qualifiait jusque là d'"assassin". En juillet, il s'est dit prêt à l'inviter "à tout moment" mais M. Assad a conditionné cette rencontre au retrait des forces turques de Syrie, malgré la médiation de la Russie, alliée de Damas.

Ankara espérait par cette réconciliation faciliter le retour d'une partie des quelque trois millions de réfugiés syriens toujours sur son sol, dont la présence est devenue un enjeu politique fort.

"Avec le changement de donne sur le terrain, la Turquie apparaît comme l'acteur majeur du moment en Syrie et l'Iran et la Russie vont devoir négocier avec elle une solution" politique au conflit, avance Ömer Özkizilcik.

Q: Quelle présence turque en Syrie?

R: Depuis 2016, la Turquie a lancé plusieurs incursions contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie, qui lui ont permis de contrôler des zones le long de la frontière.

L'objectif est d'éloigner les mouvements armés kurdes, dont les Unités de protection du peuple (YPG), alliées des Occidentaux dans la lutte contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI).

La Turquie considère les YPG comme une émanation du PKK, classé terroriste par Ankara, les Etats-unis et l'Union européenne.

Q: Quel avenir pour les mouvemments kurdes?

R: Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, des groupes rebelles proturcs ont repris dimanche aux forces kurdes le contrôle de la ville de Tal Rifaat. Cette localité-clé est située en lisière de la "zone de sécurité" occupée par la Turquie dans le nord de la Syrie.

Les services de renseignements turcs (MIT) ont annoncé lundi y avoir tué un responsable local du PKK, Yasar Çekik.

"La Turquie ne permettra pas aux organisations terroristes de tenter de profiter de l'atmosphère d'instabilité" en Syrie, a prévenu lundi le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

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