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Quels sont les motifs de satisfaction et les regrets de Laurence Garo, qui quitte la direction de l'hôpital de Moulins ?

Laurence Garo quittera la direction du Centre hospitalier de Moulins-Yzeure le 1er mai 2024. À 58 ans, et après près de six ans à la tête de l'établissement de 2.200 agents, dont 200 praticiens, elle vient d’être nommée directrice des centres hospitaliers intercommunaux de Créteil et de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, qui forment le GHT (Groupement hospitalier de territoire) Hôpitaux Confluence.Elle a été nommée à ce poste vendredi 23 février par le Centre national de gestion (CNG), l’établissement public chargé de la gestion statutaire et du développement des ressources humaines des praticiens hospitaliers et des directeurs de la Fonction publique hospitalière.La directrice d’hôpital avait été auparavant, entre autres, cheffe de service Certification des Établissements de Santé à la Haute autorité de santé (HAS) et responsable formation des directeurs d’hôpital à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), dont elle est diplômée.Trop tôt pour dire qui lui succédera à Moulins, le poste n’a pas encore été publié.

Un des plus gros hôpitaux d'Ile-de-France

Quelles missions vous attendent, dans le Val-de-Marne ?Je prends la direction d’un hôpital de 4.600 agents, dont 700 médecins. C’est un des plus gros hôpitaux autour de Paris, hors Assistance publique. Un de mes challenges sera le schéma directeur immobilier, avec des travaux à mener sur chacun des deux sites, dont il faut vérifier s’ils sont soutenables financièrement. L’attractivité est une problématique commune à l’hôpital de Moulins, mais les difficultés, là-bas, ont des causes différentes. Elles concernent le paramédical, en raison du coût des loyers en Île-de-France et du recours soutenu à l’intérim dans les professions paramédicales.Laurence Garo, directrice du centre hospitalier, lors des voeux en janvier 2024, au CH Centre Hospitalier Moulins Yzeure.

A votre arrivée à Moulins, vous aviez listé vos trois priorités. La première était d’attirer des professionnels de santé. Quel bilan tirez-vous de ces six années ?On est resté sur cette ligne-là jusqu’à aujourd’hui. On a fait beaucoup de choses avec mon équipe et toute la commission médicale d’établissement. Un vrai travail collectif.

On a réussi à maintenir à flot la communauté médicale. Il y a eu des départs, mais aussi des arrivées. Cela a été un combat permanent, qui a nécessité une forte énergie. Et qui a porté ses fruits sur les urgences.

Le service avait connu de très grosses difficultés, en 2019, un an après mon arrivée. On était tombé à cinq ou six équivalents temps plein d’urgentistes. Aujourd’hui, on est à 17. Je tiens à saluer le travail des équipes paramédicales qui prennent très à cœur les conditions d’accueil et ont favorisé les arrivées de jeunes urgentistes. Ces équipes ont par ailleurs soutenu les praticiens, en 2019. Cela a été favorisant pour les recrutements médicaux, on ne le dit pas assez ! Et les médecins qui restaient sont toujours là, ils ont tenu la barre, avec les infirmiers et les aides-soignants.

Des regrets...

Avez vous des regrets, sur ce sujet-là ? Oui. Le départ d’une praticienne oncologue, partie rapidement au moment de l’application de la loi Rist, en 2023. Cela a été très difficile pour les patients. Il a fallu les réorienter vers les soins les plus proches. Mais à côté de ça, on a été très soutenus par le Pr Bay, chef du service d’oncologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand, qui a permis une partie de la prise en charge sur Moulins, deux jours par semaine. Autre satisfaction, une radiothérapie de grande qualité, pratiquée par des médecins libéraux [ceux du centre de traitement du cancer Saint-Jean à Saint-Doulchard, dans le Cher] formés à Léon-Bérard et à Gustave-Roussy, dans le cadre d’un Groupement de coopération sanitaire. On a de plus en plus de patients. Et leur équipement a été totalement renouvelé, avec deux accélérateurs de particules, ce qui est très rare dans un hôpital de cette taille. Ce centre de radiothérapie est un atout pour attirer un nouvel oncologue.

... Et des satisfactions

Votre deuxième priorité, en 2018, était l’hôpital de demain…Le chantier de rénovation des urgences (projet Résurgence) doit démarrer bientôt. Le projet est sur de bons rails, le chantier doit débuter en avril par la démolition de la chaufferie. C’est un projet phare, comme celui de la rénovation de la psychiatrie. Bien que lancé plus tard, en 2021, ce projet verra lui aussi le chantier démarrer en 2024, par la réfection des réseaux de chauffage, eau, informatique. Ils n’avaient pas été renovés depuis cinquante ans.Ces deux chantiers occuperont bien les équipes. Ces nouvelles urgences permettront de caler une architecture sur l’organisation, qui a beaucoup changé. Depuis 2000, les urgences enregistrent deux fois plus de passages, 40.000 par an. Ce projet architectural prévoit aussi la séparation des circuits sur les risques viraux. C’est une leçon du Covid. Motif de satisfaction, le projet est presque entièrement financé par l’Agence régionale de santé, conformément à la promesse du directeur, en 2018. Ce projet nous a permis de recruter plus facilement, c’est un atout pour les urgences.

Le projet d'établissement

En 2018, votre troisième priorité était le projet d’établissement. Où en est-il ? Certaines parties sont achevées, comme le schéma directeur immobilier, ou le projet en santé mentale, qui a permis de travailler sur le projet architectural. Le projet médical est toujours en cours. Mais la crise sanitaire est venue percuter ce travail et notre priorité a été de travailler sur les recrutements. Le but n’est pas de créer un document qui cale les armoires, mais quelque chose de très dynamique, qui sera actualisé tous les ans, car l’environnement est tellement mouvant. Un socle écrit donne le cap, mais il doit être souple et évoluer.

Votre successeur n’est pas encore connu… Non, tout ce que je peux dire, c’est que les projets de travaux en cours mériteront une continuité dans l’action. Ce sera primordial dans la fiche de poste. Je tiens à dire que ce qui fait la réussite d’un projet, c’est l’entente entre un directeur et un président de commission médicale d’établissement. Le Dr Murgue a démontré beaucoup de courage, dans son action au service de l’intérêt commun et de l’intérêt du patient. C’est une qualité rare. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir m’appuyer aussi sur une équipe de direction solide. La crise sanitaire a sans doute accéléré ces relations de confiance. La priorité était à l’action, on avançait dans un seul et même sens.

Une émotion : la livraison des premiers vaccins

La crise du Covid aura marqué votre passage à Moulins... Oui, nous avons été très fiers de jouer notre rôle départemental car nous étions le seul centre de vaccination public de l’Allier, qui a ouvert dès le 6 janvier 2021. On a géré les stocks de vaccins pour tout le département.Un souvenir, une émotion particulière ?

Oui, quand j’ai réceptionné la toute première livraison de vaccins, du Pfizer, congelé. Il a été livré dans un tout petit carton, par un taxi, avec escorte. On a porté ça avec le directeur de la pharmacie comme si c’était de l’or et on l’a mis au congélateur. C’était un sacré moment, j’en ai encore des frissons... On avançait au jour le jour, c’était un climat très anxiogène. 

Ariane Bouhours

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