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Fernand, extraordinaire maître d'hôtel corrézien de 82 ans, devenu le chouchou des célébrités

Son sourire désarmerait la plus féroce des armées. Et Fernand n’est pas du genre à se priver de sourire. À 82 ans, rien ne l’arrête, pas même le monde alentour qui, pourtant, l’inquiète un peu. Dès qu’il peut enfiler son costume de maître d’hôtel pour des réceptions de toutes sortes, il le fait.

« Il n’est pas possible d’imaginer une fête, une cérémonie, un événement et même un mariage en Corrèze sans la présence de Fernand Larivée », confie l’ancien président de la République, François Hollande, qui le connaît depuis près de quarante ans. Sa bienveillante patronne, Jessica Servantie ajoute : « il ne sait pas dire “non” ». C’est peut-être son plus grand défaut.

Ses débuts dans un restaurant parisien

Il a toutefois dit « non » à son grand frère, quand celui-ci l’encourageait à devenir garagiste quand il n’avait pas encore quitté Beynat où il est né. Fernand, petit dernier d’une famille de six enfants, a préféré Paris et la restauration. « J’ai écrit à un restaurateur corrézien. Et il m’a embauché. »

À 17 ans et quelques, il atterrit dans le sixième arrondissement, Aux Charpentiers. Le patron, c’était « Monsieur Puyjalon qui m’a accueilli comme un père de famille. Tout le personnel était de Beynat. J’ai commencé comme plongeur et au bout de dix jours, j’étais en salle », se souvient Fernand. Il y fait ses armes pendant une douzaine d’années. « On servait des gens du monde entier. Il y avait une cayenne (lieu où se retrouvent les compagnons du devoir, N.D.L.R.) juste à côté. » C’est en salle, au contact des clients, qu’il est dans son élément, avant d’être contraint à partir pour la guerre en Algérie.

Chef de rayon et des extras tous les week-ends

À son retour, il rencontre Claudine avec qui il se marie et monte une supérette à Courbevoie (Hauts-de-Seine). « Elle s’appelait Prix Mystère », lance-t-il avec malice. Avant la naissance de leur troisième enfant, en 1971, la famille Larivée décide de regagner la Corrèze pour une vie plus douce. « À cette époque, c’était encore très difficile de vivre de la restauration. Les salaires n’étaient pas assez importants. »

Toujours armé de son sourire, il devient représentant pour une marque de produits surgelés, puis directeur d’un Topco à Brive, avant de devenir chef de rayon chez Géant Casino, à Malemort. Il y passera près de vingt ans. Il ne lâche pas pour autant la salle, les clients illustres ou inconnus… « Tous les week-ends, j’allais faire des extras. »

« Quand tu le vois, tu souris. J’ai un très grand respect pour lui »

Son moteur : « le besoin de régaler les gens ». Au fil des années, son professionnalisme et son sourire ne laissent personne indifférent. « En anglais, il y a une expression qui lui irait très bien : “A good news person”. Quand tu le vois, tu souris, confie Simon Gillham, président du CABCL. J’ai un très grand respect pour lui. Beaucoup d’admiration aussi pour sa joie de vivre, sa gentillesse, son efficacité. C’est un vrai exemple pour les jeunes. »

Fernand en a croisé du beau monde, même s’il tient à rester le même face à chacun. « Que ce soit l’éboueur ou le président de la République, il y a un humain derrière », estime Fernand.  « Il a gardé le même rythme, la même envie, le même enthousiasme.

Il n’a pas d’âge puisqu’il a l’âge de ses invités. Il les sert comme des amis. Il connaît leurs goûts, leurs préférences ou leur appétit.

Il a un mot pour chacun et chacune, car sa mémoire va avec sa forme physique », confie François Hollande à son sujet. 

Fernand tutoie aussi Emmanuel Macron. A servi Jacques Chirac. « On a aussi servi sa fille, Claude, pas plus tard qu’il y a deux semaines. J’ai le 06 de tous ces gens-là, mais ce n’est pas de la politique, c’est de l’humain », tient-il à préciser.

Adriana Karembeu, Elise Lucet et... Brigitte Bardot

Vu son expérience, Fernand se voit souvent confier les prestations VIP. « Il sait s’occuper d’une table. Sa façon de faire parle d’elle-même. On s’en inspire », glisse Jessica Servantie.

Ainsi, l’extraordinaire extra corrézien a rencontré la mannequin Adriana Karembeu. « Je la regardais comme ça », lance-t-il en regardant le plafond. « Elle est tellement grande ! » Il a aussi croisé la journaliste Élise Lucet, de passage au château de Lacan, il y a quelques années. Il a travaillé lors d’une soirée donnée par la reine du Danemark dans son château lotois.

Il a aussi rencontré l’« adorable » Régine, Ségolène Royal ou encore Julie Gayet… « La seule personne désagréable que j’ai servie… C’est Brigitte Bardot, dans les années 60. Elle était en pleine gloire. Tout le monde la suivait partout. Ça ne devait pas être facile. »

« Il aime ce qu’il fait »

Mais quel est le secret de cette énergie ? Frédéric Soulier, président de l’Agglo de Brive, a peut-être la réponse : « Il tombe les tabous du travail et en repousse les limites parce qu’il aime ce qu’il fait ». Même si la famille Servantie le chérit comme un des siens, le soulage dès que c’est possible, la restauration est considérée comme un métier difficile. « Les métiers sont tous difficiles, répond Fernand. Mais si vous les aimez, ils ne le sont pas. » À la question, « quand comptez-vous vous arrêter ? » Fernand botte joliment en touche, toujours dans un sourire.

Texte : Émilie AuffretPhotos : Fabrice Combe

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