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Paris 2024 : l'euphorie des JO va faire exploser le nombre de licenciés dans certains clubs

Hors normes. Jamais, sans doute, les Jeux olympiques n’auront créé autant d’engouement dans l’Hexagone. Des fans zones bondées, des stades remplis, 23 millions de téléspectateurs devant la cérémonie d’ouverture puis 9,6 millions devant la double finale du « roi Léon »… Paris 2024 a vu grand, et cela lui a réussi. Et pour une année placée sous le signe de l’activité physique, érigée au rang de « grande cause nationale » par le gouvernement, le triomphe des Jeux tombe à pic.

Cette année, 16,5 millions de licences ont été délivrées par le ministère en charge des Sports, soit l’équivalent de 24,2 Français licenciés sur 100. Un chiffre qui devrait largement croître dès la prochaine rentrée. Depuis les succès de nos champions, de nombreux clubs voient les demandes d’adhésions affluer en masse. Si les prévisions provisoires établies à la veille des JO par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) tablaient sur une hausse de 5,4 % du nombre de licenciés entre 2023 et 2024, cette estimation pourrait bien être revue à la hausse.

« Du jamais vu »

L’engouement observé ces jours-ci relève « du jamais vu » pour Michel Coloma, directeur général des Dauphins du TOEC, le club toulousain dans lequel Léon Marchand a fait ses premières coulées et vient toujours nager lorsqu’il s’entraîne en France. Victime de son succès, l’école de natation occitane craint de ne pas pouvoir accueillir tout le monde à la rentrée : « On a entre 20 et 30 % d’inscrits de plus par rapport à la même date l’année dernière, alors que la demande est habituellement relativement faible en août ». L’« effet Jeux », Michel Coloma y est pourtant habitué dans son club de 1.200 licenciés. Mais cette fois, la « “Léon mania” va au-delà de notre club, c’est dans toute la France », constate-t-il. Une situation à laquelle s’était préparée la direction : « On avait anticipé en conseillant aux adhérents de l’an dernier de prévoir leur réinscription. À ce rythme-là, on pense qu’on sera capable d’absorber les demandes jusqu’à la mi-septembre, mais ensuite, ça sera sur liste d’attente ».

Ce succès, le club de Léon Marchand n’est pas le seul à le connaître. Si la France est une habituée des médailles en natation, elle l’est moins au ping-pong. Dans les bureaux du Montpellier tennis de table (MTT), Margaux Lebrun, sœur des frères du même nom et chargée de projet événementiel au sein du club, « ne s’attendait pas à un tel engouement ». Suite aux deux médailles de bronze ramenées par Alexis et Félix, le MTT a été contraint de « rajouter des séances » et de « recruter des entraîneurs qui étaient auparavant en alternance » afin d’« être certain d’avoir assez de places à la rentrée ». Le club, qui compte 400 adhérents, avait également « anticipé le boom qu’il pouvait y avoir » mais a vite été dépassé par les événements.

"On a exceptionnellement ouvert les adhésions plus tôt cette année et on a bien fait. On a déjà 60 inscrits depuis le 1er juillet alors que l’on n’est même pas ouvert d’habitude à cette période"

Un pic inédit a même été enregistré dans les heures suivant la dernière victoire de Félix Lebrun : « Ce soir-là, reprend Margaux Lebrun, on a reçu 114 mails à la fois pour le féliciter, mais surtout pour nous demander les modalités pour adhérer au club?! » Parmi les postulants, un bon nombre de (très) jeunes qui se sont découvert une passion pour le tennis de table : « Beaucoup de parents nous ont confié que depuis que les enfants regardaient les JO, ils voulaient aussi en faire ». Cette année, tous sports confondus, « 2 licences sur 5 étaient détenues par des enfants de moins de 14 ans », selon l’Injep.

Une dépendance à l’effet Jeux

Dans certaines disciplines habituellement peu médiatisées, les Jeux olympiques ont un tel poids qu’il est difficile désormais de s’en passer. C’est le cas de l’escrime pour qui l’événement est devenu une formidable vitrine. Timothé Boudhil, président du Strasbourg université club, estime que son sport est même « devenu hyperdépendant » des JO. La structure alsacienne, où s’entraîne la médaillée d’argent Sara Balzer, « compte sur une hausse de son nombre de licenciés » dès septembre. « L’escrime est un sport cyclique en termes d’adhésions. Tous les quatre ans, suite aux Jeux, on récupère le nombre de licenciés que l’on perd les autres années ». 

Un rebond généré par des coups de projecteur exceptionnels : « La finale de sabre entre les deux Françaises Manon Apithy-Brunet et Sara Balzer a réuni 7,5 millions de téléspectateurs », souligne Timothé Boudhil. Si la fédération française d’escrime compte à ce jour 55.000 adhérents, Paris 2024 devrait lui permettre d’en gagner bien plus à la rentrée, comme ce fut le cas après les JO de Tokyo. Un constat partagé par les professionnels du BMX, discipline présente pour la deuxième fois aux JO. Stéphane Barroca, président du BMX Besançon, premier club du pays en nombre d’adhérents, espère « que l’engouement durera car il permet de mettre la lumière sur notre sport ». Déplorant le « passage au second plan du BMX par rapport aux autres disciplines », le président parie que les JO vont « permettre de trouver des sponsors ».

 

Victor Delair

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