La justice ordonne à Sciences Po Paris de maintenir une conférence de la Franco-Palestinienne Rima Hassan
"Les juges des référés du tribunal administratif de Paris enjoignent à Sciences Po Paris de permettre la tenue de cette conférence dans des conditions garantissant son bon déroulement et de nature à prévenir les risques de troubles à l’ordre public", écrit le tribunal dans un communiqué.
Sciences Po Paris a annoncé faire "appel de cette décision". "Alors qu'un appel à manifester devant Sciences Po a été lancé quelques minutes après la décision du tribunal administratif par le +comité Palestine+ et +urgence Palestine+, le risque de trouble à l’ordre public semble caractérisé", estime l'école.
Selon elle, "la liberté d’expression est pleinement assurée à Sciences Po, elle ne saurait se traduire par un droit à y causer des troubles".
Sur X, le ministre de l'Enseignement supérieur Patrick Hetzel a apporté son soutien à la direction de l'établissement. "Je continuerai de soutenir les présidents d'université dans une de leurs missions essentielles : garantir l'ordre et la sérénité au sein de leurs établissements", a-t-il écrit.
"Le projet de conférence de Rima Hassan (...) suscite de vives inquiétudes pour le maintien de l'ordre et de la sécurité", a-t-il ajouté.
La conférence, intitulée "Perspectives humanitaires, juridiques et géopolitiques sur un embargo sur les armes à Israël", organisée par l'association Students for justice (SJP), devait initialement se tenir vendredi.
"Immense victoire", a réagi vendredi sur X Rima Hassan. "Il est enjoint à l’IEP de Paris de trouver une nouvelle date", a aussi indiqué sur X son avocat Vincent Brengarth.
Le directeur de Sciences Po n'avait pas autorisé cette conférence en invoquant un risque d'atteinte à l'ordre public.
Dans son ordonnance, le juge des référés "estime qu'aucun élément circonstancié ne permet de considérer que cette conférence, dont le sujet est technique et pour laquelle les organisateurs ont prévu différentes méthodes de maintien de l’ordre, inciterait les étudiants à recourir à des actions illégales pour exprimer leurs convictions".
Il considère également "qu'en l'absence d'appel à des contre-manifestations et au regard du déroulement des précédentes conférences sur la Palestine, le directeur de l'IEP pouvait, en recourant à d’autres mesures de police, éviter les heurts éventuels avec des personnes hostiles à Rima Hassan".
Il en conclut "qu'en interdisant la conférence projetée, le directeur de l’IEP de Paris a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression et de réunion garantie aux usagers du service public de l'enseignement supérieur".
D'autres établissements ont interdit la tenue de conférence par la juriste de 32 ans, élue de LFI au Parlement européen, comme l'université de Lille, Paris-Dauphine (une annulation finalement interdite) et cette semaine, Strasbourg.