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Burkina Faso : la nationalisation du secteur alimentaire en marche

Le chef d’État du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a présidé le 20 novembre un Conseil des ministres au cours duquel des mesures majeures ont été adoptées pour renforcer la souveraineté économique et notamment alimentaire du pays.

Ces décisions, qui s'inscrivent dans une dynamique de réforme stratégique, concernent principalement les secteurs de l’industrie agroalimentaire, de l’élevage, de la production laitière, ainsi que les industries extractives.

Parmi les mesures phares, le Conseil des ministres a approuvé la nationalisation de la Société de fabrique d’aliments pour bétail (SOFAB) rebaptisée Faso Guulgo, et de la Société de production de lait et de produits laitiers, rebaptisée Faso Kosam.

Ces deux entreprises, jugées défaillantes, étaient confrontées à une gouvernance inopérante et des états financiers critiques, a expliqué le ministre délégué chargé des Ressources animales, Amadou Dicko, soulignant que leur nationalisation visait à réduire la dépendance alimentaire du pays et à renforcer sa filière agroalimentaire.

«Ces mesures s’inscrivent pleinement dans notre quête de souveraineté alimentaire», a-t-il martelé.

Réformes dans le secteur minier

Le Conseil des ministres a également adopté plusieurs décrets liés au secteur stratégique des mines. Parmi eux : un décret précisant les modalités de gestion et d’attribution des titres miniers, un décret établissant un modèle de convention minière, et un décret permettant à l’État et aux investisseurs burkinabè de participer au capital des sociétés minières.

Selon le ministre de l'Énergie, des Mines et des Carrières, Yacouba Zabré Gouba, ces réformes découlent du nouveau Code minier adopté en juillet 2024. Elles garantissent une meilleure gestion des ressources naturelles et augmentent la participation étatique dans les projets miniers.

En plus des 15% de participation gratuite déjà consacrés par la loi, l'État pourra désormais acquérir jusqu'à 30% de parts supplémentaires dans les sociétés minières, à titre onéreux. Ces mesures visent à accroître la croissance économique du Burkina Faso tout en favorisant une gestion durable et transparente de ses ressources.

Dans une interview diffusée le 5 octobre sur les ondes de la radio d’État RTB, le chef d’État Ibrahim Traoré avait indiqué que son pays comptait produire son or avec ses propres moyens, tout en réduisant sa dépendance aux multinationales opérant dans les mines du pays.

Processus de nationalisation

Le 26 août, les autorités du pays avaient déjà étatisé les mines d’or de Boungou et Wahgnion. En février, le ministère de l'Énergie avait suspendu la délivrance des permis d'exportation de l'or et des matières précieuses extraits par des méthodes artisanales ou semi-mécanisées.

Ce processus de nationalisation intervient alors que le gouvernement militaire, arrivé au pouvoir avec le coup d'État du 30 septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, avait fait de la souveraineté du pays le principe de sa gouvernance.

Depuis, les autorités burkinabè ont annoncé à plusieurs reprises vouloir reprendre le contrôle sur les ressources notamment minières du pays, accusant les gouvernements précédents de «soumission aveugle» à la France et à la Cédéao.

Le 6 juillet dernier, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont annoncé la création de la confédération de l'Alliance des États du Sahel (AES), fondée pour contrer l’influence de la Cédéao, une organisation que ces trois pays jugent instrumentalisée par la France, ex-puissance coloniale.

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