Frises du Parthénon: les Grecs entre espoir et scepticisme
Devant le musée de l'Acropole, dans le centre historique d'Athènes, Thodoris, un lycéen grec de 15 ans, témoigne de la circonspection de nombreux Grecs.
"Je ne suis pas sûr que cela se réalise", indique-t-il à l'AFP à propos d'une possible restitution des vestiges antiques du Ve siècle avant JC, exposés depuis plus de deux siècles à Londres.
"Se battre "
Les Britanniques "devraient (les rendre) mais je ne pense pas qu'ils le feront (...) ils vont se battre pour les garder", renchérit Sandra Hernandez, une touriste espagnole, à l'issue de sa visite.
Le musée de l'Acropole, inauguré en 2009, dispose d'un espace pour accueillir les frises du Parthénon à l'étage où sont reconstitués en taille réelle les quatre côtés du temple du Parthénon.
Les frises exposées au British Museum ont été remplacées par des moulages.
"Les marbres appartiennent à la Grèce (...) ils les ont volés, ils ont la responsabilité de les rendre", affirme de son côté Yungu Lee, une touriste coréenne de 24 ans, qui vient de visiter le musée.
Situé au pied du rocher au sommet duquel se trouve le temple antique du Parthénon, ce musée, le plus célèbre du pays, a reçu près de deux millions de visiteurs en 2023.
Sa popularité ne cesse de grimper. La fréquentation l'an dernier a bondi d'un tiers par rapport à 2022.
Depuis les années 80, la Grèce mène une campagne pour la restitution des frises arrachées au début du XIXe siècle par l'ambassadeur britannique auprès de l'Empire ottoman, Lord Elgin.
"Acquises légalement"
Depuis 1817, elles constituent l'un des joyaux du musée londonien, parmi les plus prestigieux au monde.
Les autorités grecques maintiennent que ces sculptures ont été pillées.
Mais Londres insiste sur le fait qu'elles ont été "acquises légalement" par Elgin.
La visite à Londres mardi du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a coïncidé avec une annonce du British Museum confirmant que des négociations "constructives" étaient en cours avec Athènes.
George Osborne, le président du British Museum, a assuré mercredi "chercher un arrangement selon lequel, à un moment donné, certaines des sculptures" pourraient être envoyées à Athènes en échange du prêt par la Grèce à l'institution londonienne de "certains de ses trésors".
"Nous ne devrions pas avoir à donner quoi que ce soit. (Les frises) sont une propriété grecque", affirme le jeune Thodoris.
Comme de nombreux Grecs, il affirme suivre de près les évolutions dans ce dossier difficile, devenu une priorité pour le Premier ministre grec.
"Je pense que les frises ne reviendront pas" en Grèce, tranche l'employé d'un kiosque près du musée, qui n'a pas souhaité donner son nom.
"Avec la bande que nous avons (au pouvoir), espérons que nous ne perdrons pas les frises que nous avons déjà", ironise-t-il.
La ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, a averti jeudi qu'un accord nécessitait encore "du temps et du travail".
Elle s'est toutefois félicité que les négociations se déroulaient dans un "climat positif".