Avec son ultime album “Attention départ”, Dani ressuscitée

Tous les jours la bataille de l’amour a gagné” : de son timbre rocailleux, Dani réclame un peu de miel dès l’ouverture de l’album, Encore un peu de sucre. Guitares présentes, ambition pop, avec son refrain souligné de chœurs féminins. Puis, dès la seconde piste, on retrouve l’insolente vitalité de la chanteuse (actrice, tenancière de clubs, fleuriste, et tutti quanti) qui salue le charisme de Nina Simone…

Si Attention départ (titre choisi par Dani !) ne paraît qu’aujourd’hui, il est loin d’être un simple assemblage de chutes destiné à remplir la case album posthume dans une discographie qui n’en avait d’ailleurs nullement besoin. Car c’est avec la guitariste Émilie Marsh que Dani a confectionné l’album, dont toutes les maquettes étaient terminées avant son décès : “Je travaillais depuis sept ans avec Dani, et j’ai composé toutes les chansons du disque, sauf Dors sans moi, signée par ses fidèles comparses Pierre Grillet et François Bernheim. J’allais la voir à Tours, home studio dans ma valise, et nous avons ainsi fait plusieurs sessions chez elle où nous enregistrions les morceaux toutes les deux. Ce sont des moments suspendus, inoubliables de cette dernière année passée avec elle.”

Les compositions d’Émilie Marsh se sont nourries des textes de Jil Caplan (qui signe six morceaux) et Cécile Hercule, pour Docile et Dans les clous – aux titres délicieusement antinomiques avec l’anticonformisme légendaire de Dani – duos avec Emmanuelle Seigner et sa petite-fille Albane.

Clope, dope, indépendance

La clope, la dope, l’indépendance jusqu’à la moelle, certes, mais aussi une quête d’exaltation des sentiments, assumée aussi bien dans le sempiternel questionnement Comment l’amour, que dans un Dors sans moi aux beats synthétiques et aux guitares new wave. “Il ne faut pas partir trop tard”, chante-t-elle dans le vaporeux Chaleur inside, aux guitares électro-psychédéliques. On frissonne : Dani est vivante, convoquée par Marsh et Edith Fambuena, qui sait réveiller les morts comme personne, l’ayant prouvé avec En amont, disque posthume d’Alain Bashung.

Elle a réussi à sublimer ces morceaux, les emmener beaucoup plus loin, en se centrant toujours sur le propos, commente Marsh. Quelle était son humeur, sa posture lorsqu’elle chantait cela ? Chaque note, rythmique, texture sonore est chargée de sens et de sensibilité. Dani avait une longueur d’avance, une distance amusée dans son interprétation, qui donne cette tonalité singulière à toutes ces chansons.”  En renfort, Étienne Daho sur le superbe Rouge qu’il réalise lui-même, dont la pop sixties est sertie de cordes somptueuses, à la fois mélancoliques et solaires. “Dani a toujours été très ‘clan’, elle nous appelait sa garde rapprochée, se souvient Marsh. Je sais qu’elle sourit à l’idée de nous voir tous et toutes réuni·es sur ce disque et que rien ne pourrait la réjouir davantage.

Comment mener à bien un tel projet – aussi éprouvant que galvanisant, où chaque vers est reçu à la lumière de la disparition de Dani ? Surtout quand on entend, dans la conclusion de J’avais raison : “Demain la veille je partirai dans un sommeil inexploré (…) l’éternité à me marrer.” Marsh a écouté son instinct… et pas seulement. “Elle était vraiment là, avec nous, dans le studio, se souvient-elle. C’est d’ailleurs un disque profondément vivant, et je suis persuadée que c’est ce qu’elle aurait voulu, de la joie, de l’ironie, du rock’n’roll et une infinie tendresse.” En effet, on se surprend à sourire en écoutant les espiègleries musicales de Dani, interprète enthousiaste jusqu’à son dernier souffle. 

Attention départ (Parlophone/Warner Music France). Sortie le 14 juin.

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