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Komlan Avoulete analyzes extended transition periods in West Africa

Since 2020, West Africa has experienced a series of coups d’état, with Mali, Burkina Faso, Guinea, and Niger now under military rule. To date, none of these countries have held elections.

Opposition to these military regimes still exists

Originally published on Global Voices

Map of West Africa. Screenshot from the France24 YouTube channel

Since 2020, West Africa has experienced a series of coups d’état, with Mali, Burkina Faso, Guinea, and Niger now all under military rule. Their military regimes have repeatedly extended the transition periods to stay in power for as long as possible using all means necessary.

To analyze the current situation that has reversed several years of democratic progress, Global Voices interviewed Togolese geopolitical researcher Komlan Avoulete. Much of his research focuses on African issues, such as the relations between Africa, the United States, and France and terrorism in West Africa. He regularly contributes to publications like the Foreign Policy Research Institute and International Policy Digest.

Read: Sahel: The world’s worst terrorist crisis

Jean Sovon (JS): How would you explain the success of the military regimes in Niger, Mali, Guinea, and Burkina Faso?

Komlan Avoulete (KA): Malgré la création de l’Alliance des États du Sahel (Mali, Niger et Burkina-Faso), qui représente une décision importante (après leur départ de la CEDEAO en janvier 2024), la situation sécuritaire et politique dans la région demeure fragile. Les violences contre les populations civiles, les restrictions sur les médias et les attaques terroristes se multiplient, causant des morts presque quotidiennement. L'intensité des défis auxquels chaque pays est confronté varie, mais il est prématuré de parler de succès réel à ce stade.

Cependant, il est indéniable que ces régimes militaires bénéficient du soutien d'une partie importante de la population, comme en témoignent les manifestations de soutien et les dons comme au Niger par exemple. Ce soutien s'explique par la faillite des régimes civils précédents, qui n'ont pas su résoudre les problèmes fondamentaux tels que l'insécurité, la pauvreté, la corruption et le manque de transparence dans l'exploitation des ressources. Il est important de noter que ce soutien populaire n'est pas homogène et qu'il existe une opposition à ces régimes. Cependant, il est clair que les militaires au pouvoir ont su s'imposer comme une alternative aux gouvernements civils discrédités, en capitalisant sur les frustrations et les aspirations d'une partie de la population sahélienne.

L'importance de la propagande russe (qui lutte contre l'influence occidentale) dans la région ne doit pas être négligée, mais il est important de reconnaître que les populations ne sont pas aveugles. Elles ont leurs propres analyses et motivations, et leur soutien aux régimes militaires ne s'estompera pas facilement.

Komlan Avoulete (KA): Despite the creation of the Alliance of Sahel States (Mali, Niger, and Burkina Faso), which was a milestone decision (following their withdrawal from the Economic Community of West African States or ECOWAS in January 2024), the security and political situation in this region remains unstable. Atrocities against civilians, media restrictions, and terrorist attacks are on the rise, thus causing deaths practically every day. Although the intensity of each country’s challenges varies, it is too early to call them true successes at this stage.

However, there’s no denying that much of the population supports these military regimes, as attested by the demonstrations of support and donations in Niger, for example. This success is due to the past civilian governments’ inability to resolve core issues, such as insecurity, poverty, corruption, and a lack of transparency in resource exploitation. It is important to note that this public support is not uniform, as there is opposition to these regimes. That said, it is evident that these military regimes have succeeded in establishing themselves as an alternative to the disgraced civilian governments by capitalizing on the frustrations and expectations of many people in the Sahel.

We must not overlook the influence of Russian propaganda (which is used to combat Western influence) in this region. However, it is also essential to recognize that people aren’t blind. They have their own reasons and motivations, and their support for the military regimes generally won’t wane.

Read (in French) : Geostrategic shift: Burkina Faso, Mali, and Niger withdraw from ECOWAS

JS: These regimes establish indefinite transition periods. What are the long-term consequences of such political strategies?

KA: La prolongation des périodes de transition, comme celle récemment au Burkina Faso, résulte d'une combinaison de facteurs complexes. D'une part, ces militaires qui ont pris le pouvoir feront tout pour y rester aussi longtemps possible pour faire face aux différents défis qui les ont poussés à prendre le pouvoir. Par exemple, la menace terroriste, la préservation de la souveraineté de leur état face aux différents ingérences extérieur, et leur projet de créer un Sahel plus développé et uni.

D’autre part, il y des raisons personnelles. Leur popularité du moment fait qu’ils sont vus comme des « sauveurs » et ils vont prolonger la transition dans le but de se maintenir au pouvoir et de se présenter aux élections quitte à se bruler avec leur soutien dans les partis politiques et dans la population. Les conséquences à long terme de ces stratégies de transition prolongée sont difficiles à prédire. Deux scénarios principaux peuvent se produire.

Premièrement, la perpétuation au pouvoir : si les militaires restent au pouvoir sans apporter de changements concrets à la situation sécuritaire, sociale et économique, cela peut entraîner des divisions au sein de l'armée et une perte de soutien populaire. Ce qui pourrait aboutir à un nouveau coup d'État.

En seconde position, la transition vers des élections : Si les militaires réussissent à organiser des élections libres et transparentes, cela pourrait permettre une transition démocratique stable. Cependant, ce processus peut être perturbé si les militaires se présentent eux-mêmes et veulent rester au pouvoir.

Le futur de ces pays est maintenant lié à la décision de ces leaders de se présenter aux élections à la fin de la transition et à la situation sécuritaire dans ces pays.

KA: The recent extension of transition periods, like in Burkina Faso, stems from a combination of complex factors. On the one hand, these military leaders will do anything to stay there for as long as possible to address the various issues that led them to seize power in the first place, such as terrorist threats, safeguarding their state’s sovereignty from external interference, and their vision for a more developed and united Sahel region.

On the other hand, there are some personal reasons. Their current popularity means they are considered “saviors.” They will extend the transition period to stay in power and stand for election, even if it means losing credibility with the public and political parties that support them. The long-term consequences of these extended transition strategies are difficult to predict. There are two potential outcomes.

Firstly, if the military leaders remain in power without making any substantial changes to the security, social, and economic situation, there could be divisions within the army and a loss of public support. These divisions could ultimately lead to another coup d'état.

Secondly, if the military leaders succeed in holding free and transparent elections, this could enable a stable democratic transition. However, the military leaders’ desire to stay in power and stand for election could disrupt this process.

The leaders’ decision to stand for election at the end of the transition periods and the countries’ security situation will now determine their future.

Photo of Komlan Avoulete, used with permission

JS: What role will opposition parties and civil society play if elections take place? 

KA: Si des élections démocratiques étaient organisées dans ces pays, les partis d'opposition et la société civile joueraient un rôle crucial dans la consolidation de la démocratie.

Les partis d'opposition doivent exercer leur rôle de contre-pouvoir en surveillant de près les actions du gouvernement et en dénonçant les abus de pouvoir. Ils doivent proposer des alternatives politiques et participer au débat public de manière constructive. Ils doivent s'assurer que les voix de tous les citoyens, y compris les minorités, soient entendues et représentées dans le processus démocratique.

La société civile, quant à elle, jouera un rôle essentiel dans la mobilisation des citoyens et la sensibilisation aux enjeux démocratiques et contribuera à garantir la transparence et la crédibilité du processus électoral.

Le succès de la démocratie dépend d'une collaboration étroite entre les partis d'opposition et la société civile. Ils doivent se mobiliser ensemble pour défendre les valeurs démocratiques, exiger la transparence et la responsabilité du pouvoir, et promouvoir le bien-être des citoyens.

KA: If democratic elections were to take place in these countries, opposition parties and civil society would play a key role in strengthening democracy.

The opposition parties must hold the government to account by closely monitoring its decisions and denouncing any abuse of power. They must propose alternative policies and constructively participate in public debate. They must also ensure that all citizens, including minorities, are heard and represented in the democratic process.

Civil society actors will be essential in mobilizing citizens and raising awareness about democratic issues. They will also help ensure the credibility and transparency of the electoral process.

The success of democracy depends on a close collaboration between the opposition parties and civil society actors. They must work together to defend democratic values, demand transparency and accountability from those in power, and enhance citizen welfare.

Read (in French) : ECOWAS: Once a bastion of regional integration is now highly contested

JS: Could a setup similar to that in Chad (where Mahamat Idriss Déby Itno, leader of the transition, was elected as president) be an option in these countries under military rule?

KA: Tout est possible, mais il n'est pas aisé de quitter le pouvoir après une transition, surtout lorsqu'on a le soutien de la majorité de la population. Cela est plus facile si la situation sécuritaire dans le pays s'améliore considérablement. Mais dans le cas contraire, les militaires pourraient chercher à se maintenir au pouvoir pour continuer leur grand projet pour le Sahel et leur alliance. L’élection d’un civil qui n’est dans la même logique d’idées que ces militaires peut être vue comme un possible moyen pour des puissances étrangères de faire vaciller ce qui est déjà en gestation. Donc, s'il n'y a pas de nouveau coup d'État, la majorité des dirigeants du Burkina Faso, du Niger, du Mali et de la Guinée suivront le chemin du Président Deby fils.

KA: Although anything can happen, it’s not easy to step down after a transition, especially when you have the support of most of the population. This will be easier if the country’s security situation improves significantly. However, if the opposite happens, military leaders may try to maintain power to push on with their grand vision for the Sahel and their alliance. The election of a civilian who doesn’t have the same vision as these military leaders may be seen as a way for foreign powers to upset what is already in progress. If there isn’t another coup d’état, most of Burkina Faso, Niger, Mali, and Guinea’s leaders will follow in the footsteps of former president Idriss Déby Itno’s son, Mahamat Idriss Déby Itno.

JS: Would it be possible for Niger, Mali, and Burkina Faso to return to ECOWAS even though their views conflict with the values of this regional organization?  

KA: L'affirmation du ministre malien des affaires étrangères, Monsieur Abdoulaye Diop, cette semaine à Bruxelles selon laquelle l'Alliance des États du Sahel (AES) marque un nouveau tournant géopolitique et que le destin de leurs pays ne se décidera pas à Bruxelles, Paris, Washington ou Londres, traduit la fermeté des positions des pays membres de l'AES dans leur choix stratégique. Le Niger, le Mali et le Burkina Faso perçoivent la CEDEAO comme un instrument aux mains des puissances occidentales, une menace pour leur souveraineté et une entité qui a dévié de son idéal panafricaniste d'origine, préférant défendre des chefs d'État souvent mal élus et des occidentaux plutôt que les aspirations de leurs populations.

Le retour semble difficile voire impossible. Mais cela ne veut pas que ces deux entités ne peuvent pas cohabiter et travailler pour le bien-être de leurs populations respectives.

KA: In Brussels on June 27, 2024, Malian Minister of Foreign Affairs  Mr. Abdoulaye Diop stated that the Alliance of Sahel States (AES) marks a geopolitical turning point and that the fate of their countries would not be decided in Brussels, Paris, Washington, or London. This statement reflects the AES member states’ tough stance in their policy choices. Niger, Mali, and Burkina Faso all see ECOWAS as a tool in the hands of Western powers and a threat to their sovereignty. They also see it as an organization that has deviated from its original pan-African ideals, often preferring to defend poorly elected leaders and Westerners rather than the expectations of their people. A return seems difficult, if not impossible.  However, this doesn’t mean that these two entities can’t coexist and work together for the well-being of their respective populations. 

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