Voile / Interview – Laure Galley : « Participer à la Solitaire du Figaro est un rêve qui se réalise »
À 30 ans, Laure Galley, ingénieure en mécanique originaire de l’île de Ré, se prépare à vivre une grande première : sa participation à la prestigieuse course de la Solitaire du Figaro. Issue d’une famille de passionnés de voile, elle revient sur son parcours, son amour pour la mer, et ses attentes pour cette compétition exigeante. Rencontre avec une navigatrice déterminée et enthousiaste, prête à se lancer dans l’aventure en solitaire.
Vous venez d’une famille de voileux, avec des parents passionnés de régate. Comment cette tradition familiale a-t-elle influencé votre parcours dans la voile ?
Effectivement, je viens d’une famille de voileux, mes deux parents naviguent, mais c’est surtout mon père qui régate. J’ai un peu baigné dedans dès mon plus jeune âge, mes parents m’ayant emmenée en croisière dès mes 8 mois. Cependant, ma véritable passion pour la voile a débuté quand j’ai commencé à naviguer en dériveur double avec mon père à l’âge de 6 ou 7 ans. C’est lui qui m’a appris les bases de la navigation, et c’est là que j’ai vraiment attrapé le virus de la voile. Par la suite, j’ai continué à naviguer en famille, ainsi que de manière plus autonome, en intégrant l’école de voile.
L’Île de Ré, d’où vous êtes originaire, est un lieu emblématique pour les passionnés de voile. En quoi cet environnement a-t-il façonné votre amour pour la mer et la navigation ?
Vivre sur une île comme l’Île de Ré, où la mer est omniprésente, a bien sûr joué un rôle important dans mon amour pour la mer et la voile. Aujourd’hui, je ne me vois pas vivre loin de l’océan ! J’ai fait mes études à Belfort, ce qui est quasiment à l’opposé de la mer en France. J’ai apprécié cette expérience, qui m’a permis de découvrir un environnement plus montagneux, mais cela a été difficile d’être si éloignée de l’air marin. C’est difficile à expliquer, mais je me sens vraiment bien en mer, et je pense que mon enfance y a beaucoup contribué. Dès que je suis en bord de mer, c’est comme si je rentrais à la maison.
À 30 ans, vous participez pour la première fois à la prestigieuse course du Figaro. Comment vous sentez-vous à l’approche de cette grande compétition ?
Participer à ma première Solitaire du Figaro pour mes 30 ans, c’est vraiment un beau cadeau d’anniversaire. Je me prépare pour cette course depuis le début de l’année. Quand on s’entraîne longtemps pour un objectif, l’attente peut sembler interminable, et une certaine impatience finit par s’installer, surtout pendant les quelques jours précédant le départ, souvent chargés en préparatifs. Pour moi, le départ est souvent une libération : on passe des préparatifs à l’action, et tout devient plus concret. Pour l’instant, je n’éprouve pas de stress particulier, je suis plutôt excitée et impatiente de participer à cette course qui me fait rêver depuis longtemps. J’ai hâte d’être sur l’eau !
La course du Figaro est connue pour être extrêmement exigeante. Quelles sont les plus grandes difficultés auxquelles vous vous attendez et comment vous préparez-vous mentalement et physiquement ?
La difficulté de cette course réside dans le fait que c’est une sorte de demi-fond, contrairement aux courses d’avant-saison qui sont plus des sprints, et à une Transat qui serait une épreuve d’endurance. Il faut maintenir une forte intensité sur une période assez longue. J’appréhende un peu la dernière étape, où la fatigue commencera à se faire sentir, mais je ferai de mon mieux avec les moyens dont je dispose actuellement. Je me suis bien entraînée, et j’ai vraiment gagné en confiance sur le bateau, tant au niveau des réglages que des manœuvres. Le Figaro 3 est physiquement exigeant, donc j’ai aussi travaillé ma condition physique avec une coach pour être en forme et prévenir les blessures autant que possible. Côté mental, même si j’y ai moins travaillé, j’essaie de visualiser les moments clés et les manœuvres avant la course, pour être prête le jour J.
La course du Figaro est une aventure en solitaire. Comment gérez-vous la solitude en mer et quelles stratégies utilisez-vous pour rester concentrée et motivée ?
Je n’ai jamais eu de problème avec la solitude, au contraire, j’en ai même besoin. C’est mentalement très apaisant pour moi de me retrouver seule, sans sollicitations extérieures. L’année dernière, j’ai participé à la Mini-Transat et j’ai passé 16 jours seule en mer, c’était une expérience incroyable ! Quant à la concentration et à la motivation, ce n’est pas vraiment un problème. Je suis passionnée par ce que je fais et j’ai toujours envie de donner le meilleur de moi-même et de me dépasser, donc je fonce sans me poser de questions.
Quels sont vos objectifs personnels pour cette première participation à la course du Figaro ?
Je ne me suis pas fixé d’objectif chiffré pour cette année, car je découvre la Solitaire. Mon but principal est de donner mon maximum, de ne rien regretter à la fin de la course, et de profiter au maximum de cette expérience unique. C’est une course exceptionnelle, et j’ai beaucoup de chance de pouvoir y participer.
La voile est un sport souvent marqué par des défis imprévus. Pouvez-vous nous parler d’un moment difficile que vous avez surmonté en mer et ce que vous en avez tiré comme leçon ?
En voile, on doit toujours anticiper les problèmes mécaniques, et c’est une de nos plus grandes craintes. L’année dernière, lors de la Mini-Transat, j’ai cassé la fixation de mon bout-dehors, ce qui a anéanti mes chances de bien figurer au classement. Ça a été une grande déception, mais cela fait partie des aléas de ce sport. On fait tout pour éviter ces incidents, mais parfois, ce n’est pas suffisant.
Après cette première participation à la course du Figaro, quels sont vos projets futurs dans le domaine de la voile ? Envisagez-vous de continuer à concourir ou de vous lancer dans d’autres défis maritimes ?
Pour l’instant, je préfère garder mes projets futurs pour moi, mais une chose est certaine : je souhaite rester dans le monde de la course au large encore longtemps. J’aime ce que je fais et, pour l’instant, je n’ai pas l’intention de changer de voie.