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Incendie criminel aux Eaux de Volvic : pourquoi l'embouteillage de l'eau est-il source de tensions en France ?

Incendie criminel aux Eaux de Volvic : pourquoi l'embouteillage de l'eau est-il source de tensions en France ?

L'incendie -d'origine criminelle selon les premiers éléments de l'enquête- d'un local technique de la Société des eaux de Volvic s'inscrit dans un contexte de montée des tensions autour de l'embouteillage de l'eau, en France. Décryptage avec Alexis Guilpart, animateur du réseau eau et milieux aquatiques à France nature environnement (FNE).

À quand remontent les premières tensions autour de l'embouteillage de l'eau en France ?

"Elles sont apparues autour de la nappe de Vittel-Contrexéville (Vosges), exploitée par Nestlé Waters, puis dans le Languedoc avec La Salvetat (Danone) et enfin plus récemment à Volvic (Danone) dans le Puy-de-Dôme. Les contextes ne sont pas les mêmes, mais tout cela tient à la quantité d'eau prélevée et surtout à des moments où les tensions quantitatives sur la ressource s'affirment. Dans le cas de Vittel, l'agglomération ne pouvait plus s'approvisionner en eau potable parce que la nappe était surexploitée, ce qui a donné lieu à de premiers contentieux en 2018, ce qui ne veut toutefois pas dire que le sujet n'était pas surveillé avant."

Découvrez les images du local technique de la Société des eaux de Volvic qui a été incendié

Quelles sont les sources de ces tensions ?

"Elles dépendent des territoires car les dynamiques de raréfaction de l'eau ne sont pas les mêmes. Mais globalement, les acteurs de l'eau, les associations, les citoyens se retrouvent sur un élément : ça n'a pas de sens d'embouteiller de l'eau pour l'envoyer ailleurs en France alors que les territoires où sont installées les usines d'embouteillage connaissent des restrictions dans la consommation d'eau. Ces tensions sont aussi renforcées par les fraudes, révélées ces dernières semaines, avec des industriels qui traitent l'eau minérale, ce qui est interdit. Ce scandale et la raréfaction de la ressource devraient questionner à l'échelle nationale pour envisager un plan de réduction de la production.

Les usines d'embouteillage ont-elles déjà été visées par des actes malveillants, à l'instar de Volvic mardi ?

"A ma connaissance, non. Le contentieux dans les Vosges passe par la voix institutionnelle, judiciaire et la mobilisation citoyenne. Les tensions risquent toutefois de se développer autour d'entreprises dont l'image était jusqu'ici plutôt positive. Cette image ne peut que se dégrader entre les fraudes, les décharges illégales de déchets plastiques, la raréfaction de l'eau, etc. Le Puy-de-Dôme devient aussi un territoire où la raréfaction de la ressource et le besoin de remettre à plat tous les usages sont très présents car au-delà du sujet Volvic, il y a aussi les grands projets de méga-bassines en Limagne. Ce contexte local peut aussi exacerber les tensions."

L'eau en bouteille a-t-elle un avenir ?

"L'eau en bouteille devrait être anecdotique mais la société française est encore très consommatrice de cette eau. En 2020, 1,5 million de bouteilles d'eau jetables étaient utilisées chaque heure, ce qui représente la consommation de 180 bouteilles par Français par an ! C'est énorme et ça ne diminue pas, puisque cette consommation a encore augmenté en 2022. Pourtant, l'eau du robinet est d'aussi bonne qualité que celle en bouteille. La production d'eau en bouteille, c'est finalement avant tout une production de déchets et d'énergie, puisqu'il faut transporter ces bouteilles."

Propos recueillis par Arthur Cesbron

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