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"Être vigilant à ne pas oublier" : à Guéret, un nouveau monument à la mémoire des juifs creusois déportés

A Guéret, un monument à la mémoire des juifs creusois déportés est en cours de création. Ce Mur des Noms sera inauguré le 24 juillet en la présence de Serge Klarsfeld.

« Ce Mur des Noms, c’est la volonté d’inscrire dans le marbre les noms de ces juifs creusois déportés. » Ce sont 206 personnes qui n’avaient pas de monument dédié à leur mémoire dans le département. C’est en faisant ce constat à l’issue d’une conférence durant l’été 2022 que Jean-Luc Léger, professeur d’histoire-géographie à Guéret, a eu l’idée de créer ce Mur des Noms avec d’autres historiens. L’idée fait tout de suite consensus. Naturellement, il est décidé que ce monument sera érigé en face du mémorial de la Résistance et de la Déportation à Guéret.

Différentes rafles

Si beaucoup de juifs déportés avaient déjà été répertoriés par le travail des époux Klarsfeld, la liste de ceux creusois est complétée par l’historien local, Christophe Moreigne. « Serge Klarsfeld avait d’ailleurs été caché dans la Creuse pendant la guerre, rappelle Jean-Luc Léger. Aujourd’hui, les derniers survivants de cette période de l’Histoire disparaissent. Ce monument va permettre de redonner une identité à tous ces juifs déportés, de laisser une trace. »

Identifier des destins tragiques, parfois oubliés, telle est l’humble ambition de ce monument qui sera fabriqué par le marbrier creusois Nourrisseau. Il rendra hommage à ces 206 juifs déportés depuis la Creuse à partir de 1941. C’est notamment à partir des rafles de juillet 1942 que beaucoup ont fui la zone occupée pour la zone libre. De nombreux juifs arrivent alors en Limousin et sont assignés à résidence. Le 26 août 1942, 90 juifs étrangers sont arrêtés dans le département sur une liste de 105 établie par l’administration préfectorale. Ces Polonais et Allemands pour la plupart, meurent pour beaucoup, au camp d’Auschwitz dès le mois de septembre. 

Au début de l’année 1943, des centaines de juifs étrangers ou apatrides sont déplacés dans la Creuse à la demande de l’occupant. A cette date, le département en recense 3.000 alors qu’ils n’étaient qu’une dizaine avant 1939. Fin février 1943, ce sont 88 hommes juifs qui sont arrêtés. Les nazis ordonnent leur déportation afin qu’ils soient exterminés. Convois 50 et 51. Des vies brutalement stoppées et désormais associées à ces numéros. « Inscrire tous ces noms dans le marbre, c’est vraiment important », appuie le professeur d’histoire-géographie.

Durant la même année, les rafles de plusieurs familles juives françaises ou étrangères se poursuivent dans le département. Puis jusqu’à la fin de la guerre avec notamment celle du 21 juillet 1944 durant laquelle 20 personnes sont arrêtées par les nazis à Bourganeuf. 10 autres le sont également quatre jours plus tard à Guéret. 

Il faut être vigilant à ne pas oublier

Durant la Seconde Guerre mondiale, la déportation aura coûté la vie à 206 juifs de la Creuse dont 30 avaient moins de 18 ans. « En tant qu’homme, je suis très attaché à la mémoire des juifs déportés », insiste Jean-Luc Léger. Au total, durant ce conflit, près de 76.000 juifs de France ont été assassinés par l’Allemagne nazie mettant en œuvre « la solution finale » avec la complicité de l’Etat français.Ce nouveau monument creusois, bientôt érigé à Guéret, s’inscrit dans ce même devoir de mémoire. « D’autant plus dans le contexte actuel, il faut être vigilant à ne pas oublier », soutient Jean-Luc Léger.

 

Vincent Faure

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