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Quand l'ouïe fait défaut : des malentendants apprennent à lire sur les lèvres dans le Puy-de-Dôme

Parce que la perte d’audition épuise et isole, Malentendants 63 multiplie les actions pour accueillir, informer, accompagner les personnes devenues sourdes "face à ce handicap invisible qui est même souvent nié".L’initiation et perfectionnement en lecture labiale, organisée pour la première fois l’an dernier et reconduite cette année, à l’initiative de Madeleine Challan, responsable de la section Malentendants 63, vient compléter la première compensation du handicap des sourds qu’est l’appareillage.

Surcharge cognitive permanente

Cette formation de sept séances se déroule à Aulnat et sont assurées par deux orthophonistes spécialisées, Viviane Le Calvez et Louise Laurent, qui font travailler conjointement lecture labiale et suppléance mentale.Dans le grand silence de la salle, les participants, très attentifs et concentrés, sont suspendus aux lèvres de l’orthophoniste.

Viviane Le Calvez: "Il ne faut pas bloquer sur un mot qu'on ne comprend pas, mais toujours chercher à saisir le sens global; c'est la suppléance mentale". Photo Francis Campagnoni 

Cette immersion leur permet de développer ce qu’ils font souvent déjà spontanément : lire sur les lèvres. Et leur en enseigne la technique. C’est une aide incontestable, mais les risques de confusion demeurent, car la lecture labiale ne donne  pas accès à tous les sons. certaines consonnes sont "invisibles" et il reste bien difficile de différencier "chose" et "sauge", "père" et "mère"…"Il ne faut pas bloquer sur un mot, mais chercher à comprendre le sens global" explique Viviane Le Calvez, qui souligne que "la surdité fatigue beaucoup, crée un état de surcharge cognitive permanent".

Accepter le handicap et le signaler aux autres

Les participants confirment, confient qu’ils n’osent pas toujours prévenir leurs interlocuteurs de leur handicap qui ne se voit pas, « mais en ne disant rien, on est souvent décalé, incompris, voire pris pour un idiot".S’ils doivent se forcer, autant que possible à déclarer leur surdité, ils expliquent aussi qu’un effort de leur entourage suffirait à beaucoup améliorer la situation : "parler distinctement, pas trop vite, sans crier ni surarticuler ".

"Les rencontres et activités que propose l'association permettent de prévenir l'isolement, de susciter des échanges, de lutter contre le déni face à la maladie, qui est fréquent".

C’est évidemment en groupe, quand des gens parlent en même temps, changent de sujet sans prévenir, dans un contexte bruyant, qu’il leur est le plus difficile de suivre une conversation et y participer.

Si "oser en parler" n'est pas forcément facile, prendre conscience de la survenue de la maladie ne l'est pas non plus. Certains signes peuvent alerter : se rendre compte que l'on fait souvent répéter, que l'on a du mal à suivre des conversations en famille ou au restaurant, que l'on entend parfois mal au téléphone, que l'on perçoit un sifflement ou un bourdonnement continu, que certains bruits deviennent gênants... Il est alors nécessaire de consulter son médecin.

 

Madeleine Challan, Louise Laurent et Viviane Le Calvez expiquent que "la surdité est un problème de santé publique". Photo Francis Campagnoni 

Au terme de deux sessions qui ont montré leur grande utilité et leur efficacité, la responsable de Malentendants 63  espère que les partenaires seront à nouveau au rendez-vous pour permettre d'organiser une prochaine session et de pérenniser cette action.

Pour se renseigner - Malentendants 63 est une section départementale de l’ARDDS (Association de réadaptation et de défense des devenus sourds). Elle a été créée en 2017 et compte une quarantaine d'adhérents. Tél: 06.71.92.08.92 ; mail : malentendants63@gmail.com.

Laurence Coupérier

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