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Comment Taylor Swift emprisonne les Swifties dans sa toile

Alors que The Eras Tour s'apprête à toucher les côtes françaises, enquête sur les fans irréductibles de la popstar : les Swifties.

“Je ne comprends pas qui écoute ça en France”, nous lance-t-on alors que démarre notre quête de témoignages auprès des fans français·es. Pourtant, il semblerait que l’artiste originaire de Pennsylvanie n’a plus rien à prouver. Après des débuts dans la country, Taylor Swift s’est doucement imposée comme une pop star de référence, raflant pour la 4e fois le trophée du meilleur album à la dernière cérémonie des Grammy Awards – mieux que Stevie Wonder et Frank Sinatra.

Ses chiffres de ventes donnent le tournis : plus de 170 millions de disques à travers le monde et 51 millions rien qu’aux États-Unis, où Taylor Swift détient le record du XXIe siècle. Ses tournées remplissent les plus vastes enceintes et sa dernière, la Reputation Stadium Tour en 2018, a carrément battu des records de recettes historiques. Mais au-delà des chiffres, Taylor fascine par son impressionnante fanbase, les Swifties. Sur Instagram, ses 284 millions d’abonné·es suivent avec ferveur chaque détail de sa vie. Aujourd’hui, à seulement 34 ans, Taylor Swift est sur le toit du monde. Dix-sept ans après ses débuts, elle règne en maîtresse incontestée de l’industrie musicale. Décryptage.

Au Royaume de Taylor

Si elle est difficile à quantifier, la communauté française des Swifties est bien présente comme le montrent les 22 000 abonné·es du compte @TSwiftNewsFR sur Twitter. Cependant, elle apparaît plus éclatée en France qu’outre-Atlantique. Contrairement aux Swifties américain·es qui forment une masse soudée exprimant bruyamment son amour pour Taylor, le fandom tricolore semble privilégier une passion plus individuelle. Beaucoup préfèrent suivre l’actualité de leur idole de manière autonome, les fans français·es exposent leurs sentiments de façon plus discrète sur les réseaux, égrenant likes et commentaires sur TikTok, Instagram, Twitter ou encore Reddit. 

Amber, journaliste en herbe de 25 ans et sûrement la plus investie des Swifties interrogées, décrit une dynamique sociale complexe au sein de la communauté française des Swifties. Elle relate des interactions quotidiennes entre fans à travers des discussions de groupes sur Instagram et un désir commun de partager leur passion pour Taylor Swift. Mais elle souligne une différence de comportement entre les fans français·es et américain·es, notamment lors de la mise en vente des billets pour le Eras Tour, illustrant des subtilités culturelles qui animent la communauté des Swifties à travers le monde. Elle déplore un manque de solidarité en France, contrairement à l’élan de camaraderie observé outre-Atlantique. Certaines personnes se sont notamment montrées agressives lorsqu’elles n’arrivaient pas à obtenir le fameux sésame pour assister au concert de leur idole, rejetant la faute sur le dos des fans plus récentes n’ayant découvert Taylor “que” depuis Midnights, son dixième album studio sorti en 2022. Ces désagréments n’empêchent aucunement Amber de se réjouir à l’idée d’assister à pas moins de six dates du Eras Tour. “Avec ma meilleure amie, on a lancé le compte @inesandamber sur TikTok pour suivre la tournée en Europe”, partage-t-elle avec enthousiasme. Sur ce compte dédié, les deux meilleures amies s’apprêtent à documenter les concerts de leur idole et pourquoi pas, créer un nouveau lieu de rendez-vous virtuel pour les Swifties français·es.

Nostalgie adolescente

Quand Taylor Swift apparaît pour la première fois sur la scène musicale internationale, elle captive par sa candeur et sa fraîcheur. Dotée d’un visage angélique entouré de boucles blondes, accompagnée de sa guitare acoustique, elle semble être le symbole même de l’innocence (et du puritanisme) à l’américaine. Pour Lena, alors âgée de 12 ans, l’attrait pour cette nouvelle icône est instantané. Elle se souvient distinctement de la première fois où elle entend les accords de Crazier dans le film Hannah Montana en 2009. Enveloppée par une mélodie envoûtante et des paroles évocatrices, elle est transportée dans un monde où les rêves semblent à portée de main. Pendant des heures, Lena se plonge dans les paroles de Taylor Swift, décryptant chaque mot avec une passion dévorante.

Cependant, ce conte de fées musical est tempéré par la réalité crue d’un concert, le tout premier de Taylor Swift prévu en France au Zénith de Paris en mars 2011. Lorsque Lena a l’opportunité de voir son idole en chair et en os, elle se confronte à une vérité déconcertante : derrière le voile scintillant des projecteurs se cache une jeune femme consciente de son pouvoir médiatique, une artiste qui maîtrise son image publique avec une précision chirurgicale. C’est le début d’une compréhension plus profonde de la complexité de l’industrie musicale, mais aussi le début d’une loyauté indéfectible envers une artiste qui incarne à la fois les rêves et les réalités de toute une génération. Pour Lena, aujourd’hui âgée de 27 ans et journaliste, cette révélation est à la fois troublante et révélatrice, bien que n’ayant pas entamé sa passion pour Taylor Swift ni son attrait pour la pop culture.


Taylor Swift (© Suzanne Cordeiro / AFP)
Taylor Swift (© Suzanne Cordeiro / AFP)

La passion a ses raisons

Dans la relation singulière entre l’artiste et ses adeptes, l’engagement continu de Taylor Swift envers sa fanbase joue un rôle central. Au-delà de la simple admiration pour sa musique, c’est l’interaction constante entre Swift et ses Swifties qui renforce ce lien unique. Des gestes aussi simples que répondre aux messages sur les réseaux sociaux ou organiser des rencontres surprises avec ses fans montrent l’importance qu’elle accorde à cette communauté qui la soutient sans faille. Cet engagement mutuel soulève aussi des questions plus larges sur le pouvoir des personnalités dans la société actuelle, ainsi que sur la manière dont les réseaux sociaux ont complètement transformé la dynamique entre les artistes et leur public. Dans l’univers numérique des Swifties, chaque recoin de la toile est un terrain de chasse fertile pour traquer les moindres indices laissés par leur déesse musicale. Ève, scénariste de 27 ans et Swiftie assumée depuis le collège, apprécie particulièrement ce voyage labyrinthique à travers la créativité de Taylor Swift. “Quand tu tombes dedans, tu vas écouter certains sons et puis tu vas voir passer des choses sur TikTok où des personnes analysent ses chansons par rapport à sa vie privée et tu as l’impression de rentrer dans un roman”, témoigne-t-elle. Les easter eggs, ces clins d’œil dissimulés par l’artiste dans ses chansons, ses vidéos et même ses apparitions publiques, sont l’objet d’une véritable chasse au trésor pour les Swifties du monde entier.

En partageant des détails de sa vie privée, Taylor entretient une relation parasociale avec ses fans, leur donnant l’impression qu’elles et ils font partie de son intimité au quotidien. Cependant, pour certain·es fans ultra-dévoué·es comme Amber, c’est au contraire Taylor Swift qui fait partie intégrante de leur vie. Elle nous confie considérer Taylor Swift non pas comme une amie mais comme une “Mother”, comprenez une icône en langage Gen Z. Si ce terme s’est répandu sur internet pour qualifier Beyoncé ou encore Lana Del Rey, son usage est loin de son sens originel. Dans la scène ballroom des années 1980, être désignée comme Mother signifiait endosser un rôle réel de soutien communautaire. Au-delà du symbolique, ces figures devaient protéger et défendre les jeunes rejeté·es. Or la culture fan numérique déshistorise ces notions issues des luttes LGBTQIA+. Sur les réseaux, pour Amber comme pour beaucoup de fans, qualifier une célébrité de Mother est devenu un signe d’admiration comme un autre, dénué de la portée militante.

Amber le concède, “une grande partie de ma vie tourne autour de Taylor”. Elle passe des heures à suivre les concerts en ligne, à chercher les vidéos éditées par les fans et à discuter avec ses nombreuses amies Swifties. Même sa décoration d’intérieur s’inspire de l’univers de Taylor Swift. Cet attachement profond à une figure publique s’inscrit dans un processus complexe de construction identitaire chez les adolescent·es et jeunes adultes, incluant la dimension parasociale de cette relation asymétrique avec une célébrité. Comme l’a analysé David Hesmondhalgh, sociologue des industries culturelles et professeur à l’Université de Leeds, la musique joue un rôle crucial dans l’élaboration d’un “sentiment de soi”. Dans son article Musique, émotion et individualisation publié en 2007 dans la revue Réseaux, il explore la façon dont la musique participe à la construction identitaire des individus. En choisissant leurs artistes favori·es, les fans s’approprient, selon lui, certains traits esthétiques ou idéologiques qu’ils ou elles intériorisent. Dans le cas des Swifties les plus dévoué·es, Taylor Swift devient presque une prolongation d’eux-mêmes.

Derrière le rideau

Dans les coulisses de l’industrie musicale, la Swiftmania révèle également un versant mercantile. Derrière le glamour et les projecteurs, c’est un ballet incessant de négociations financières et de stratégies marketing qui s’opère, façonnant l’image publique de l’artiste tout en alimentant la frénésie des Swifties. L’affaire du rachat des masters en est l’illustration la plus controversée. Lorsque Scooter Braun, magnat de l’industrie musicale, rachète le label Big Machine Records en 2019, il met la main sur les précieux enregistrements originaux des six premiers albums de Taylor Swift déclenchant ainsi une bataille juridique et médiatique sans précédent. Depuis, Swift réenregistre ses anciens albums afin d’en reprendre les droits, donnant ainsi naissance aux Taylor’s Versions. Pourtant, malgré les tourments, la machine Taylor Swift continue de tourner, alimentée par une stratégie marketing sans faille. Les “eras”, ces périodes distinctes qui jalonnent la carrière de l’artiste, deviennent des moments de culte pour les Swifties, qui se précipitent à chaque nouveau chapitre de cette saga s’appropriant et prolongeant à leur manière les thématiques et esthétiques déployées lors de chaque ère.

Dans la Swiftmania, une réalité est souvent occultée, celle de l’engrenage financier de la culture fan. Ève, qui regarde son idole avec autant d’admiration que de recul, la surnomme ironiquement “la présidente du capitalisme”. Pour Lena, qui préfère la formule “petit génie du capitalisme”, cela se traduit concrètement par des produits dérivés aux prix exorbitants : tee-shirts entre 35$ et 55$, casquettes à 35$, hoodies à 75$. Et ce n’est pas tout : chaque nouvel album est accompagné de goodies variés – mugs, porte-clés, vide-poches, carnets, plaids… Lena, pourtant grande fan, se souvient avec une pointe de regret d’avoir renoncé à une boule à neige proposée lors de la sortie de l’album Evermore (2020), en raison de son prix prohibitif. Mais ce n’est pas seulement les produits dérivés qui font mal au portefeuille des fans ; les places de concert atteignent des sommets, allant de 97 € pour une place en fosse à 247 € pour un siège en catégorie Prestige à l’Accor Arena. Pourtant, malgré les critiques et les débats sur les excès du capitalisme culturel, la machine Taylor Swift continue de tourner à plein régime. Si certains peuvent invoquer la dialectique d’Adorno et Horkheimer sur l’industrie culturelle pour pointer du doigt ces abus, d’autres demeurent captivé·es par l’univers de Taylor Swift, prêt·es à suivre cette épopée musicale jusqu’au bout du monde, peu importe son coût financier.


Taylor Swift, le 11 octobre 2023 © VALERIE MACON / AFP
Taylor Swift, le 11 octobre 2023 © VALERIE MACON / AFP

Apprenties Swifties

De manière surprenante, de nouvelles recrues – loin de l’adolescence – affluent vers le royaume des Swifties, intriguées par un univers qu’elles n’auraient jamais imaginé rejoindre autrefois. Adélaïde 28 ans, se rappelle des jours où évoquer Taylor Swift suscitait davantage de sourires en coin que d’enthousiasme. Mais au fil des années, elle observe une transformation notable chez Taylor Swift, passant de ses modestes mélodies folk à des productions pop sophistiquées, en grande partie grâce à la magie de Jack Antonoff. “Il travaille avec beaucoup d’artistes que je trouve assez révolutionnaires dans la manière dont on écoute la pop aujourd’hui et comment elle est faite”, explique-t-elle, soulignant le rôle crucial du producteur dans l’évolution du son de Swift. Analysée récemment dans un article de The Atlantic, l’étroite collaboration entre Antonoff et Swift sur l’album Midnights peut être perçue comme une fusion de nostalgie et de modernité. L’article met en lumière comment Antonoff réinterprète habilement des rythmes et des sonorités du passé, en les combinant avec des techniques de production modernes. Les références explicites à Bruce Springsteen, la jangle pop de R.E.M. et les synthés caractéristiques des eighties sont soigneusement tissés dans les compos de l’album. Ces influences rétro se marient harmonieusement avec les thèmes abordés par Swift, créant ainsi une expérience musicale à la fois familière et innovante.

Zénaïde, 38 ans et communicante dans l’art contemporain, reflète parfaitement ce changement de perspective. Initialement attirée par la french pop de Fishbach ou Bonnie Banane, elle découvre un peu par hasard l’album Midnights (2022) de Swift sur Spotify. Elle est immédiatement captivée par sa fraîcheur, loin des stéréotypes associés à la pop star habituellement, et admet s’être dit, “je vais peut-être arrêter de la snober et écouter un peu plus”. Comme quoi les étiquettes culturelles peuvent souvent restreindre nos horizons.

Symbole de résilience ?

Bien qu’incarnant une figure privilégiée en tant que femme blanche richissime, Taylor Swift parvient à transcender les barrières pour séduire des fans de tous horizons. Au-delà des apparences, plusieurs facteurs expliquent cette identification massive. D’abord son image de girl next door, à qui chacun peut s’identifier. Mais aussi par sa capacité à mettre des mots sur les désillusions d’une génération, de plus en plus anxieuse face à un avenir incertain. Symbole de résilience aussi face à une société qui tente de la déstabiliser, que ce soit sur le plan politique ou personnel. Dans ce climat de défaitisme ambiant, où l’American Dream ne fait plus rêver grand monde après tant de promesses non tenues, Taylor Swift apparaît alors comme un espoir pour les millennials.

Parallèlement, une prise de conscience croissante émerge au sein des communautés de fans concernant l’importance de l’inclusivité et de la représentation. En 2020, le magazine Rolling Stone mène une enquête éclairante sur les défis auxquels sont confronté·es les fans racisé·es pour se sentir pleinement intégré·es dans les fanbases pop dites traditionnelles. Si dans l’imaginaire collectif, la musique de Taylor Swift ne semble pas spécialement s’adresser à un public racisé, Lena, qui est d’origine indienne, observe que l’artiste essaie de briser cette image notamment dans le clip Lavender Haze (2023) où on la voit s’amouracher de l’acteur dominicain Laith Ashley, une première dans son univers visuel. Lena partage avoir passé son adolescence sans avoir réellement conscience de ne pas être une personne blanche. Ainsi, elle écoute de la musique sans tenir compte de la couleur de peau des artistes. “En comparaison, je pense que c’est mieux d’assumer d’être une femme blanche plutôt que de faire du blackfishing à la Ariana Grande afin de brouiller les pistes”, poursuit-elle. Ève, qui est d’origine marocaine, insiste sur le fait que Taylor Swift parle de ses expériences personnelles et ne prétend pas faire autre chose. ‘C’est une femme blanche privilégiée et richissime qui écrit des textes sur ce qu’elle connaît et ça s’arrête là”, déclare-t-elle. “Ça va parler à certaines personnes donc forcément c’est excluant pour d’autres mais elle n’est pas l’étendard de toute l’humanité”, conclut Ève.

Un engagement politique mi-figue mi-raisin

La swiftie-sphère transcende les frontières du genre, de l’âge et des origines sociales. Elles et ils ne sont pas simplement des spectateur·ices, mais des acteur·ices engagé·es dans la création d’un safe space où les paroles de Swift résonnent profondément. Cette communauté vibrante est le produit de notre société, illustrant parfaitement les ressorts de la celebrity culture 2.0. Livré·es avec le guide d’utilisation des réseaux sociaux, les Swifties ont une interaction directe et personnelle avec leur idole – du moins c’est l’image soigneusement entretenue par Taylor. En partageant des pans de sa vie personnelle et en interagissant avec ses fans en ligne, elle renforce ainsi leur lien affectif. Le cas de Swift et de ses fans revêt une pertinence toute particulière dans le paysage médiatique contemporain, car il illustre la capacité des célébrités à mobiliser leurs admirateur·ices autour de causes sociales et politiques. En utilisant sa voix pour promouvoir des enjeux tels que les droits LGBTQIA+, l’importance du vote ou l’égalité des sexes, Swift a su galvaniser sa fanbase pour soutenir des causes qui leur tiennent à cœur, offrant ainsi un exemple éloquent de l’influence croissante des célébrités dans les débats sociétaux.

Cependant, derrière cette image de porte-drapeau de combats sociétaux, certaines voix discordantes se font entendre au sein de la communauté des Swifties. Ève partage son point de vue : “on lui associe des idéologies mais elle n’est pas du tout militante, avant de prendre la parole sur un sujet féministe, c’est probablement relu et vérifié par toute une équipe de communication, ce qu’elle dit a tellement d’impact qu’elle ne peut pas dire grand-chose finalement”. Ces propos sont confirmés par Amber, qui semble bien renseignée, “au début de sa carrière, jusqu’à Reputation, son équipe lui disait de ne pas s’exprimer sur des sujets politiques”. Ève rappelle également: : il y a un aspect financier là-dedans, à partir du moment où tu es une machine à fric tu essaies de ne rien dire ou faire qui puisse compromettre ça”. En effet, même les Swifties les plus investi·es reconnaissent les failles de l’engagement de leur idole: “l’utilisation excessive de son jet privé, le manque de prise de position autour des questions écologiques ; ce sont des choses qui me déçoivent un peu”, confie Amber. En dix-sept ans de carrière, “sa seule démarche politique a été d’appeler au vote”, rappelle Ève. Pour Adélaïde, Taylor Swift est difficile à cerner, même si elle salue le réenregistrement de ses albums, percevant cela comme une tentative de reprendre le contrôle sur son art et sur son histoire. Cependant, elle remarque que les réactions de Swift face aux deepfakes pornographiques à son effigie ont été discrètes, orchestrées en coulisses par le biais d’Universal Music. En laissant son label gérer les représailles, Swift se désolidarise d’un débat plus vaste et crucial concernant la protection de la vie privée, le consentement et la sécurité en ligne. Ce contraste entre son engagement public sur certaines questions et sa réaction plus privée face à d’autres problèmes sociaux et éthiques pose question. L’engagement politique mi-figue mi-raisin de Taylor Swift révèle une facette complexe de la célébrité contemporaine.

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