Poursuivi pour homicide involontaire après avoir fauché un cycliste en juillet 2023 dans l'Allier, un conducteur relaxé
Il est près de 9 h 30 ce 28 juillet 2023. Un cycliste de 79 ans, un homme en bonne forme physique et aguerri - il roule près de 6.000 km par an à vélo -, circule sur la RD40 à Chazemais. La route est rectiligne, le temps est clair.
Un véhicule, un Kangoo, venant lui aussi de Vallon-en-Sully, arrive derrière lui. L’automobiliste souhaite le doubler mais vient le percuter de plein fouet par l’arrière. Causant la mort du septuagénaire.
Le besoin de comprendrePlus de neuf mois après ce drame, la famille de la victime souhaitait comprendre. Comprendre comment cet automobiliste, un ancien gendarme, a pu percuter ainsi leur mari, père et grand-père. Toute la famille, soudée, attendait beaucoup de l’audience de ce mardi 7 mai.
Mais à la barre du tribunal, le conducteur, dont les dépistages d’alcoolémie et de stupéfiants étaient négatifs au moment de l’accident, assurait lui-même ne pas comprendre.
"J’ai essayé de dépasser. Le cycliste était bien au bord. Mais au moment de dépasser, il était devant moi. Il a fait un écart."
"C’est un drame humain", note également Me Roudillon, avocat de la défense. "Mon client venait aussi avec un désir de compréhension, mais il n’a pas compris." Regrettant l’absence d’autopsie et de rapport d’accidentologie permettant de donner plus d’éclaircissements.
Un argument qui a certainement pesé dans la décision du tribunal de relaxer le prévenu d'homicide involontaire.
Le prévenu était également poursuivi pour non-assistance à personne en danger. Alors que l'accident venait de se produire et qu'une personne souhaitait effectuer les gestes de premiers secours sur la victime, le prévenu, persuadé que la victime était déjà décédée et se basant sur son expérience d'ancien gendarme, lui avait barré le chemin. Estimant nécessaire de préserver "la scène" pour les enquêteurs. N'ayant pas "l'assurance que la victime était toujours en vie" et le prévenu ayant appelé les secours, le procureur a requis une relaxe pour la non-assistance à personne en danger. Le tribunal l'a suivi.
Laura Morel