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Tiago Rodrigues : “‘Le Parrain’, c’est un film-monde”

[Les films de leur vie] Le directeur du Festival d’Avignon nous évoque le monument de Francis Ford Coppola et sa fascination pour la figure de Michael Corleone.

“Le film vers lequel je retourne le plus souvent, depuis que je l’ai découvert à la télévision à l’âge de 8 ou 9 ans, c’est Le Parrain de Francis Ford Coppola. C’est un film-monde. Il campe un univers particulier, celui de la mafia italo-américaine aux États-Unis, mais le double de mythes ancestraux liés aux questions de la famille et du pouvoir. Les intrigues ressortent du théâtre shakespearien et même les personnages correspondent à des archétypes d’une profondeur surgie de la tragédie grecque.

Le Parrain invente moins un genre qu’il ne définit le périmètre d’un genre. L’adaptation du roman par Mario Puzo (avec Coppola) de son propre roman bénéficie de sa connaissance très fine du milieu et d’une grammaire émotionnelle et psychologique de ce monde d’une extrême précision. On ressent en permanence l’origine littéraire du récit, son foisonnement romanesque.

Et puis, c’est un très grand film d’acteurs. D’un côté, il y a Marlon Brando, qui est sans cesse à la limite de quelque chose d’outré, d’excessif, mais qui est vraiment gigantesque. Et de l’autre, Al Pacino, dont au contraire la prestation est d’une économie expressive impressionnante. Jusqu’à l’explosion finale. Il y a un parallèle très beau entre la trajectoire d’un personnage qui passe de la rétention à l’extraversion et le travail même de l’acting, la montée en puissance conjointe d’un protagoniste et de son interprète.

Une fascination pour Michael Corleone

Enfant, j’étais absolument fasciné par la figure de Michael Corleone (Al Pacino), ce beau terrible, cet antihéros qui vise la normalité mais est rattrapé par l’histoire familiale criminelle. Comment se débattre avec un destin qui nous pousse toujours à reproduire ce qu’étaient nos pères, c’est l’interrogation que m’a transmise le film.

Lorsque j’écris une pièce, souvent des flashs de pièces que j’adore, la plupart du temps de Tchekhov, me reviennent. Ivanov ou Oncle Vania sont d’éternelles boîtes à outils dans lesquelles je puise des idées. Le Parrain en fait également partie. Pour suggérer tel ou tel chemin aux acteur·rices, pour raconter quelque chose en resserrant, souvent je me suis inspiré du Parrain de Coppola.”

 

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