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Risque client : les entreprises européennes et françaises moins impactées par les retards de paiement (Intrum)

Lemoci 

C’est plutôt une note positive que diffuse le dernier baromètre du spécialiste européen du recouvrement de créances Intrum Justitia dans son baromètre annuel European Payment Report pour 2024 (EPR 2024), qui sonde le climat régnant dans le commerce BtoB en termes de comportements de paiements*. Les entreprises françaises sont d’ailleurs plus optimistes que leurs homologues européennes.

Indéniablement, le climat des affaires semble bien meilleur en Europe, et en France en particulier : en 2024, 32 % des entreprises françaises interrogées dans le cadre de la réalisation de l’EPR 2024 d’Intrum Justitia indiquent se sentir beaucoup plus « fortes » qu’en 2023, soit 7 points de plus que l’an dernier, et même au-dessus de la moyenne européenne (31 %, après 28 % en 2023).

Mieux, 36 % affirment que la croissance de leur chiffre d’affaires est conforme à leurs attentes et 27 % que cette croissance a dépassé leurs espérances, soit au total 63 % d’opinion très positives. La moyenne européenne est à 61 % (34 % pour la croissance conforme aux attentes, 27 % pour une croissance supérieure).

« Toute la politique de resserrement monétaire a porté ses fruits sans porter atteinte à la croissance des entreprises » estime Thomas Duvacher, directeur général France d’Intrum Justitia, lors d’un entretien avec Le Moci. « On a aujourd’hui une position des chefs d’entreprises du secteur BtoB beaucoup plus optimiste sur leurs perspectives de chiffre d’affaires ».

Moins d’impayés et de créances irrécouvrables

Ce meilleur climat se vérifie également dans l’évolution de la perception des comportements de paiement, voir du risque de crédit : au niveau européen, 67 % des entreprises déclarent ne plus être bloquées à cause d’impayés, soit dix points de plus qu’en 2021 (57 %) et en France, ce pourcentage grimpe à 89 %, soit un bond de 48 points par rapport à 2021 (41 %) !

Pour Thomas Duvacher, il s’agit d’une « évolution majeure », comme si le boom des retards de paiement de la période post-Covid était totalement apurée. « Les entreprises françaises témoignent d’un regain de confiance plus important que leur homologues européennes » estime le dirigeant d’Intrum France.

Autre tendance significative : le fort recul des créances irrécouvrables, traditionnelles sources de pertes sèches pour les entreprises créancières. La part des entreprises européennes impactées par ces pertes n’est plus que de 12 %, moitié moins qu’en 2020 (20 %), et ce chiffre est ramené à 11 % pour les Françaises. Mieux encore, 66 % des entreprises françaises ne sont plus impactées par les retards de paiement, une proportion en forte hausse (42 % en 2020), et 15 % (au même niveau que les répondants européens) ont passé entre seulement 1 à 2 % de leurs créances impayées par pertes et profits.

Cette conjoncture plus favorable se répercute logiquement sur le temps consacré aux relances et recouvrement des créances impayées à échéance : il est en diminution. En France, la part de ceux qui passent de 10 à 15 H par semaine à cette tâche est tombée à 40 % (45 % en 2023), de à 33 % au niveau européen (35 % en 2023).

Outre l’amélioration des comportements de paiement, Thomas Duvacher veut y voir également l’impact d’un recours plus important à l’intervention de spécialistes externes du recouvrement, tant pour les paiement domestique que pour les clients internationaux. « Nous avons signé 300 nouveaux contrats l’an dernier avec des clients du BtoB, dont 150 avec de nouveaux clients » précise-t-il.

Pour rappel, Intrum Justitia, pure player du recouvrement en BtoC et en BtoB d’origine suisse, a développé toute une gamme de services de recouvrement pour compte de tiers en domestique ou à l’international, grâce à une présence en direct dans 24 pays, principalement en Europe, et un réseau de partenaires (avocats et équivalent des commissaires de justice assermentés) dans 160 autres pays. Il se rémunère au pourcentage des montant recouvrés, pourcentage qui varie bien évidemment en fonction de divers critères tels que la durée du retard, le débiteur et son pays d’origine, mais sur lequel le dirigeant veut être discret.

Prudence dans leurs projets de développement, notamment à l’international

Pour autant, malgré ce moral plutôt bien orienté, les entreprises restent prudentes dans leurs projets d’investissement et de développement, sur le marché domestique comme à l’international, avec une importante priorité accordée à la croissance de leur activité et à la digitalisation (incluant l’utilisation de l’IA).

Ainsi, au niveau européen, développer de nouveaux modèles digitaux est considéré comme « viable » à « très viable » par 62 %, la croissance sur le marché domestique par 55 %, le développement international en Europe par 41 % et le développement international hors Europe par 28 %.

Pour les entreprises françaises, les nouveaux modèles digitaux l’emportent avec 64 %, la croissance sur le marché domestique recueille 53 %, la croissance à l’international en Europe décroche 40 % et l’expansion à l’international hors Europe n’est considérée comme « viable » que par 27 %.

D’après Thomas Duvacher, le coût élevé des emprunts et la volatilité géopolitique jouent sur ces résultats mitigés pour l’ouverture aux marchés internationaux : ils sont considérés comme des freins par 47 % des entreprises françaises, une part peu moins prononcée que pour l’ensemble des entreprises européennes interrogées (respectivement 46 % et 49 %).

De plus, à l’international, un des facteurs considérés comme un frein aux projets d’expansion des entreprises est la complexité des paiements : 4 entreprises européennes sur 10 ne sont pas à l’aise avec les cultures de paiement et les environnements réglementaires différents dans ce domaine, ainsi que certaines complexités comme les problèmes de change et les méthodes de paiements. Les entreprises françaises sont sur cette longueur d’onde (42 %).

En revanche, lorsque l’international est considéré comme un projet de développement viable par les répondants, ceux-ci sont aussi beaucoup plus à l’aise avec ces difficultés : pour les Français de cette catégorie, par exemple, 58 % sont confiants à très confiants dans leur capacité à faire des évaluations de solvabilité, 51 % à gérer la conformité avec les réglementations locales,  62 % à gérer les retards de paiement de leurs clients, 59 % les incertitudes géopolitiques et enfin 58 % à gérer la complexités des paiements à l’international.

Christine Gilguy

*L’enquête de l’EPR 2024 a été menée auprès de 9255 entreprises en Europe, dont 400 en France.

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