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Maquillée, pailletée, le poing levé : la commu contre l'extrême droite

Têtu 

En plein mois des Fiertés, la communauté LGBT+ était évidemment au rendez-vous des près de 180 manifestations de ce samedi 15 juin pour lutter contre l'arrivé de l'extrême droite au gouvernement après les élections législatives.

Reportage Antoine Allart
Photographies Yann Morrison pour têtu·

"On ne peut pas regarder de loin ce qu'il se passe en se contentant de croire en notre bonne étoile. Notre place est dans la rue pour crier notre colère mais aussi donner de l'espoir. Rien n'est encore joué", s'encourage Lucie, 20 ans. Pancarte à la main, accompagnée de ses amies, elle reprend haut et fort les slogans de la foule autour d'elle. Ce samedi 15 juin 2024, à l'appel des syndicats de travailleurs et de nombreuses associations, près de 250.000 personnes à Paris et 640.000 dans l'ensemble de la France ont défilé contre l'extrême droite, d'après les organisateurs (contre 75.000 et 250.000 selon la police), après le succès du Rassemblement national (RN) aux élections européennes et en prévision des législatives des 30 juin et 7 juillet.

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Au milieu de ceux de la CGT ou des Jeunes Écologistes, les drapeaux arc-en-ciel sont aussi de sortie dans la capitale. Les pancartes prouvent que notre commu a du talent : "Trans, pédé, gouines emmerdent toujours le Front national", "RN : Sashay away" (une référence au légendaire RuPaul), ou encore "LGBTQIAbribus avec le nouveau Front populaire" – la ministre de l'Enfance, Sarah El Haïry, avait déclaré le 13 juin au micro de France Bleu Loire Océan : "Je ne souhaite pas que dans trois semaines on puisse « casser du pédé » avec l’extrême droite, ou casser des abris de bus avec l’extrême gauche", une comparaison qui interloque.

Des Prides 2024 très politiques

Les manifestant·es affichent leur joie de se rassembler, de voir le monde remplir les boulevards parisiens, tant autant que leur crainte de voir le RN accéder au pouvoir. "J'ai peur. Quand on voit l'agression de dimanche dernier, je me dis que dans trois semaines, ça peut être moi", confie inquiet, Sofiane, un jeune Parisien gay de 24 ans : le 9 juin, alors qu'ils fêtaient la victoire du RN aux européennes, quatre militants d'extrême droite ont agressé un jeune homme de 19 ans à Paris en l'insultant de "sale pédé". L'un des quatre agresseurs, condamnés en comparution immédiate, aurait déclaré aux enquêteurs : "Vivement dans trois semaines, on pourra casser du pédé autant qu’on veut."

En tête d'un cortège queer, une dizaine d'artistes drag défilent fièrement, fumigènes à la main et drapeau arc-en-ciel en étendard. Depuis les élections européennes, de nombreuses queens ont appelé à se mobiliser contre l'extrême droite, dans la rue mais surtout dans les urnes. C'est le cas de notre reine de France Paloma, gagnante de la première édition de Drag Race France, qui multiplie sur X (ex-Twitter) et Instagram les appels à voter. Message d'Emily Tante, organisatrice du cortège drag : "On vous invite à vous mobiliser de tous les côtés, de toutes vos forces et de toute votre énergie !"

À la Pride de Lille, qui défilait aussi ce samedi, le record de fréquentation a été battu avec plus de 30.000 participants selon les organisateurs, rapporte La Voix du Nord. Un chiffre expliqué par les circonstances du moment qui les ont poussés à rendre la manifestation plus politique, rappelant durant la marche "l’importance du choix de vote". Même cas de figure à Strasbourg (20.000 manifestants) et La Rochelle (3.000 manifestants), où la fierté queer se mélangeait à la lutte anti-extrême droite.

Ce lundi 17 juin, 400 organisations, personnalités et militants de la cause LGBTQI+ ont signé une tribune portée par le collectif Les Inverti·es. Intitulé, "LGBTI, soyons fier.e.s de faire Front populaire", le texte proclame : "Le mois des Fiertés sera aussi celui de la lutte contre l’extrême droite et nos marches des Fiertés seront également celles de l’antifascisme."

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Crédit photos : Yann Morrison pour têtu·

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