Après l'Assemblée, le Sénat de Bangkok a voté le mariage pour tous, faisant de la Thaïlande le premier pays d'Asie du Sud-Est à l'adopter, et le troisième en Asie.
"Aujourd'hui, l'amour a gagné sur les préjugés." L'activiste Plaifah Kyoka Shodladd, qui a pris part aux travaux d'élaboration de la loi, a ainsi salué l'adoption ce mardi 17 juin par le Sénat en Thaïlande du mariage pour tous, déjà voté en mars par les députés. Quelque 130 sénateurs ont voté en faveur du texte (4 contre, 18 abstentions), qui sera présenté au roi Maha Vajiralongkorn pour parution dans la gazette royale, synonyme de promulgation. Depuis les Pays-Bas, premier pays à célébrer des unions homosexuelles en 2001, plus d'une trentaine d’État ont légalisé le mariage pour tous dans le monde. En Asie, seuls Taïwan et le Népal ont franchi le pas.
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La nouvelle législation thaïlandaise vise à modifier les références aux "hommes", "femmes", "maris" et "épouses" pour les remplacer par des termes non genrés, en l'occurrence "individus" et "partenaires de mariage". Elle doit aussi conférer aux couples homosexuels les mêmes droits qu'aux couples hétérosexuels en matière d'adoption ou d'héritage. Les premiers mariages pourront être célébrés dans le royaume 120 jours après la promulgation de la loi, c'est-à-dire à l'automne.
La Thaïlande reste instable
La communauté LGBT+ bénéficie d'une large visibilité au royaume bouddhique, réputé pour sa tolérance et qui attire des touristes gays de pays voisins conservateurs. Dans un royaume divisé politiquement entre le bloc conservateur, favorable à l'armée et au roi, et l'opposition progressiste soutenue par les jeunes générations, le mariage pour tous a suscité un consensus rare.
L'instabilité chronique de la vie politique thaïlandaise, entre coups d’État et grandes contestations populaires, avait eu raison ces dernières années de précédentes tentatives de légalisation. L'arrivée au pouvoir l'été dernier de Srettha Thavisin, premier civil à occuper le poste de Premier ministre depuis le coup d’État de 2014, a contribué à accélérer le processus législatif, habituellement tortueux. La Thaïlande traverse néanmoins une période d'incertitudes, en raison de procédures à la Cour constitutionnelle visant Srettha Thavisin et Move Forward, les deux principaux avocats politiques du mariage pour tous. Pour avoir promis durant la campagne des législatives de 2023 de réformer la loi de lèse-majesté, Move Forward risque la dissolution, et ses leaders un bannissement de la vie politique durant plusieurs années. Une sanction qui, redoutent les groupes de défense des droits humains, marquerait un recul de la démocratie.
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Crédit photo : Manan Vatsyayana / AFP