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Finances publiques : la France en deuxième division, c’est maintenant, par Eric Chol

Finances publiques : la France en deuxième division, c’est maintenant, par Eric Chol

"C’est 1981 à la puissance 10". A écouter Bruno Le Maire, ministre en sursis à Bercy, l’économie française ne supportera pas le big bang budgétaire annoncé dans les programmes du Nouveau Front populaire ou du Rassemblement national, comparable à celui provoqué par la politique de relance de François Mitterrand. C’est vrai : les mesures promises par Jordan Bardella ou le futur Premier ministre du Nouveau Front populaire – si l’un ou l’autre arrive à Matignon – ont en commun d’additionner des dépenses, dans la plus folle démagogie. Le 8 juillet, on rase gratis. Tout est permis. Au nom du pouvoir d’achat - mais se rappelle-t-on qu’il a augmenté en France ces dernières années ? -, les deux formations en tête dans les sondages suivent à la lettre une pratique vieille comme Hérode : toujours plus de prodigalité, tout en ignorant soigneusement la colonne des recettes - sauf à expliquer que l’on prendra l’argent dans la poche des immigrés ou des riches…

Dès l’annonce de la dissolution, Bruno Le Maire a fait tourner sa calculatrice : les mesures prônées à gauche comme à l’extrême droite se chiffrent en centaines de milliards d’euros… De quoi mettre la France sur la paille. Jusque-là, le ministre de l’Economie a raison. Mais comparaison n’est pas raison. Car si nos candidats actuels sont aussi paniers percés que la gauche de l’époque, le contexte a totalement changé. En 1981, la France vivait en économie fermée, sous la menace d’une dévaluation du franc : une fois les caisses vides (c’est-à-dire très vite), le gouvernement Mauroy dut aller les renflouer auprès des banques américaines et saoudiennes. Trop forte, la contrainte financière et monétaire entraîna le tournant de la rigueur dès 1982…

Le pire n’est paradoxalement pas certain

Aujourd’hui, la France subit la pression des marchés financiers, reflet de l’inquiétude légitime des investisseurs étrangers. "Ils n’ont pas encore trop peur, mais ils peuvent réagir très brutalement à l’occasion d’un événement politique", prévient François Ecalle, président de l’agence Fipeco.

On a vu au Royaume-Uni à l’automne 2022, avec l’éphémère gouvernement Liz Truss, comment les marchés pouvaient sanctionner l’annonce d’une politique désastreuse. C’est ce qui nous guette aujourd’hui, prévient Bruno Le Maire. Mais celui qui tient la boutique de Bercy depuis sept ans oublie deux choses. D’abord, la gestion laxiste des finances publiques a déjà précipité la France en deuxième division, comme en témoigne la dégradation de sa note par l’agence S & P. "Aujourd’hui, le risque français s’est accru et dépasse celui du Portugal", alerte un grand expert de la finance.

Ensuite, le pire n’est paradoxalement pas certain. Contrairement à 1982, la France peut cette fois-ci compter sur le parapluie européen : comme elle l’a fait avec la Grèce, la Banque centrale européenne (BCE) a la possibilité d’intervenir, si la France est attaquée par les marchés financiers en attendant que le calme revienne. Cette fameuse BCE si détestée par les populistes de tout poil, pourrait, demain, servir d’amortisseur à la crise financière annoncée. Sans sauver l’honneur du pays.

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