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Collaborateurs, réseau CNews et syndicats étudiants : qui sont vraiment les candidats du RN ?

Collaborateurs, réseau CNews et syndicats étudiants : qui sont vraiment les candidats du RN ?

Trouver 577 candidats en un peu moins de deux semaines n’est pas chose aisée. Au Rassemblement national, on a dû ratisser large. Le "plan Matignon" avait beau être prêt, comme l’assuraient tous les cadres du parti d’extrême droite au lendemain de la dissolution, les simples réserves du parti n’étaient pas suffisantes. Pour investir ses candidats et suppléants, le RN a mobilisé et recyclé tout l’écosystème qui gravite autour de lui depuis des années, y compris une partie de son versant groupusculaire. Un tableau allant de la droite traditionnelle à l’extrême droite radicale, qui constituerait un groupe très hétéroclite au lendemain des élections législatives du 8 juillet. Tour d’horizon.

RNJ et collaborateurs

Il a fallu piocher chez les jeunes, d’abord. Heureusement pour les frontistes, le Rassemblement national de la jeunesse (RNJ) piloté par l’eurodéputé et proche de Jordan Bardella, Pierre-Romain Thionnet, offre un vivier de candidatures non négligeable et déjà fourbi au militantisme. Souvent collaborateurs parlementaires, ces nouveaux visages ont décroché une promotion avant l’heure. Urgence oblige. Parmi eux, Céline Sayah, ancienne assistante de l’eurodéputée RN Annika Bruna, et déléguée départementale du RNJ dans le Nord, investie dans la 7e circonscription du Nord. Le collaborateur de Sébastien Chenu, Alexandre Dufosset, investi dans la 18e circonscription du Nord. On compte aussi Julien Limongi, collaborateur de Julien Rancoule, qui hérite de la 4e circonscription de Seine-et-Marne, ou Matthias Renault, collaborateur du groupe RN à l’Assemblée, candidat dans la 3e circonscription de la Somme.

Syndicats étudiants

Du côté des syndicats étudiants, voilà des années qu’on ne s’embarrasse plus de l’idée d’un cordon sanitaire. L’UNI, syndicat traditionnel de la droite, a indiqué très tôt être favorable à une alliance avec le parti d’extrême droite. Rien d’étonnant lorsqu’on connaît la porosité qui existe depuis des années entre les différentes formations jeunes. L’an dernier, Pierre-Romain Thionnet, Stanislas Rigault (président des jeunes avec Zemmour) et Guilhem Carayon (chef de file des jeunes LR, investi dans le cadre de l’alliance entre la droite et le RN) partageaient la Une du magazine d’extrême droite L’Incorrect, assurant que leurs désaccords idéologiques n’étaient qu’anecdotiques. C’est donc bien volontiers que l’UNI a fourni quelques-uns de ses cadres pour grossir les rangs des candidats. Parmi eux, Estelle Chevallier, active au sein du syndicat de la droite et investie par le RN dans la 2e circonscription de la Vienne, Grégoire Granger, ancien membre de l’UNI, candidat dans la 6e circonscription de la Loire, Quentin Taïeb, membre de l’UNI et de LR et candidat "d’union" dans la 5e circonscription de Haute-Savoie, ou Hanane Mansouri, membre de l’UNI et ancienne cadre LR, également investie sous la double étiquette LR-RN dans la 8e circonscription de l’Isère. Charles Prats, vice-président de l’UNI et médiatique magistrat, régulièrement cité par le RN pour son expertise en matière de fraude sociale, se présentera, lui, dans la 6e circonscription de Haute-Savoie.

La Cocarde aussi, petit syndicat identitaire, à l’influence néo-droitière (notamment la défense de l’ethno-différencialisme au nom du droit des civilisations à rester elles-mêmes), qui a pris l’habitude de fournir des collaborateurs et des cadres au Rassemblement national, a mis la main à la pâte. Thomas Brisseau, ancien responsable de la Cocarde à Angers, est investi dans la 2e circonscription du Maine-et-Loire. Pierre Gentillet, l’un des fondateurs du syndicat, ami proche de Jordan Bardella, connu pour ses interventions régulières sur CNews, est candidat dans la 3e circonscription du Cher. Avocat de formation, il était à la tête des jeunes de la Droite populaire (le mouvement de Thierry Mariani au sein de l’UMP), et a fondé le cercle prorusse Pouchkine, où Jordan Bardella s’est rendu, en 2017 notamment.

Les réseaux CNews

Pierre Gentillet n’est pas le seul intervenant de CNews à se présenter sous l’étiquette frontiste. Guillaume Bigot, éditorialiste sur la chaîne de Vincent Bolloré sera également candidat dans la 2e circonscription du Territoire de Belfort.

Groupuscules et suppléants

Comme souvent, au Rassemblement national, il y a la vitrine et l’arrière-boutique. Et en la matière, le parti à la flamme a toujours du mal à se détacher de son ancrage groupusculaire. Parmi les suppléants de candidats aux élections législatives, on trouve plusieurs profils sulfureux, comme celui de Julie Apricena, déléguée départementale RN du Cher et suppléante de Pierre Gentillet dans le Cher, elle est aussi une ancienne militante du Bloc identitaire, qui arborait par exemple, en 2015, un tee-shirt à la croix celtique (emblème du GUD) siglé "White pride".

Dans la 2e circonscription de Paris, Melody De Witte, la candidate frontiste est suppléée par Rodolphe Cart, militant bien connu des sphères identitaires, auteur d’un ouvrage sur Georges Sorel publié à la Nouvelle librairie (bien connue des identitaires) et contributeurs à la revue de la Nouvelle droite Éléments. Il a aussi participé, en janvier, à un débat à Academia Christiana, l’association intégriste et identitaire que Gérald Darmanin avait annoncé vouloir dissoudre en décembre dernier. Ce lundi, en plus de plusieurs profils sulfureux directement investis par le parti d’extrême droite, Libération a repéré, comme suppléant de Pierre Brochet dans la 11e circonscription des Français de l’étranger, un certain Eric Miné, ancien militant de la Fane, groupuscule néonazi des années 1970 et du mouvement néofasciste l’Oeuvre française.

Les réseaux Marion Maréchal

Pour les retardataires, les proches de Marion Maréchal sont de retour au Rassemblement national. Après un divorce entre la nièce de Marine Le Pen et les proches d’Eric Zemmour, l’eurodéputée a réussi à négocier quelques places, sous l’étiquette RN, pour plusieurs de ses proches dans le cadre des élections à venir. Thibaut Monnier, responsable de son école de formation lyonnaise (l’Issep), est candidat dans la 4e circonscription de la Drôme, Agnès Marion, chargée de la presse lors de la campagne européenne de Marion Maréchal, est parachutée dans la 9e circonscription du Val-d’Oise, Eddy Casterman, dans la 3e circonscription de l’Aisne, Patrick Louis dans la 9e circonscription du Rhône, et Anne Sicard dans la première circonscription du Val-d’Oise. Un autre des proches de Marion Maréchal, Gérault Verny, entrepreneur impliqué dans la campagne d’Eric Zemmour en 2022 et investisseur dans le média identitaire Livre Noir (récemment rebaptisé Frontières) est également investi, sous la double étiquette LR-RN, dans la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône.

Recyclage interne

Dans plusieurs circonscriptions, le RN a également recyclé ses eurodéputés tout juste élus lors du scrutin du 9 juin. Parmi eux : Gaëtan Dussausaye, dans la 2e circonscription des Vosges, Anne-Sophie Frigout, élue en 2022 mais dont l’élection avait été invalidée, repart dans la 2e circonscription de la Marne, Virginie Joron, eurodéputée plusieurs fois épinglée pour ses positions antivax, est candidate dans la 2e circonscription du Bas-Rhin, Marie Dauchy, une autre eurodéputée, dans la 3e circonscription de Savoie, comme Julie Rechagneux, récemment épinglée par Streetpress pour ses accointances avec les milieux néonazis, investie dans la 4e circonscription de Bordeaux. Le sondeur Jérôme Sainte-Marie, chargé du campus Héméra (l’école des cadres du Rassemblement national lancée en octobre 2023 et dont le bilan est très maigre), sera lui aussi candidat, pour la première fois, dans la première circonscription des Hautes-Alpes. Enfin, sœur de Marine Le Pen et compagne de son conseiller l’eurodéputé Philippe Olivier, Marie-Caroline Le Pen sera candidate dans la 4e circonscription de la Sarthe.

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