Quand le site Coco était à l'origine de nombreux guets-apens en Limousin

C’est la fin d’une aventure controversée. Cité dans plusieurs affaires de guets-apens homophobes, de « faux rendez-vous amoureux » terminés en drame, le site de tchat gratuit Coco.gg a été fermé. L’annonce a été faite ce mardi par le parquet de Paris sur X (ex-Twitter).

Des pièges tendus par des jeunes derrière l'écran

Le site (d’abord connu sous Coco.fr puis Coco.gg car étant hébergé sur l’île anglo-normande de Guernesey,N.D.L.R.), facile d’accès et sans aucun contrôle d’identité requis, a fait des milliers de victimes en France ces dernières années. Et nombre de Limousins sont malheureusement tombés dans les filets tendus par des internautes malintentionnés.

Le 10 janvier 2023, deux adolescents de 16 ans avaient été interpellés après avoir participé à un système d’extorsion autour du site Coco.gg en décembre 2022.Le 23 janvier, deux jeunes prostituées de 19 ans ont été soupçonnées d’avoir volé le véhicule de plusieurs clients appâtés sur ce même site et rencontrés dans des hôtels de la zone nord de Limoges.

Quelques jours plus tard, un quadragénaire avait été agressé par trois mineurs à Limoges après être tombé dans un piège tendu sur le site de rencontres.

Derrière son écran, il pensait agir impunément

En juin 2023, Julien (le prénom a été modifié) avait témoigné dans nos colonnes de l’agression violente à caractère homophobe dont il avait été victime le 20 avril. « Ce site, je n’y étais pas allé depuis une dizaine d’années. Je ne suis pas dupe et pourtant méfiant, mais à croire pas assez… », nous avait-il confié, lucide sur le sérieux de Coco.gg, mais loin d’imaginer qu’il serait tabassé, dénudé et violenté pendant des heures dans le quartier du Vigenal à Limoges. Ses quatre agresseurs avaient fini par être tous identifiés en décembre dernier, mais le traumatisme laissé dans la vie de Julien est immense. Il avait alors voulu faire passer un message qui, aujourd’hui, fait résonance pour toutes les victimes qui ont suivi : « Ce que je vis, je ne suis pas le seul à le vivre. J’aimerais faire passer ce message de prévention, que d’autres ne subissent plus ce traumatisme. »

Au total, en juin 2023, une vingtaine de cas avait déjà été recensé sur l'ensemble de la Haute-Vienne.

Condamné pour corruption de mineurs via Coco

En Corrèze également, le nom de ce site sulfureux était apparu dans plusieurs affaires judiciaires. L’affaire la plus récente concerne un homme âgé de 51 ans, jugé au mois de mars dernier devant le tribunal correctionnel de Brive pour corruption de mineurs. Depuis huit ans, cet homme plongé dans une misère sociale et affective avait l’habitude de se rendre sur le site Coco.gg pour assouvir ses fantasmes avec de jeunes femmes. De trop jeunes femmes. « Au début, je pensais que j’étais dans le virtuel, que je ne faisais pas de mal », avait déclaré le prévenu à l’audience. Il avait été condamné à 36 mois de prison dont, 28 mois assortis d’un sursis probatoire.

Coco.fr, un site de rencontre à la noix ?

Thibaut Dailler et Pierre Vignaud