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“Chassol Plays Basquiat” : rencontre au sommet entre deux électrons libres

Naviguant entre pop, jazz et musique contemporaine, ce superbe enregistrement live de l’inclassable musicien français scelle son union artistique parfaite avec le mythique peintre américain.

Aussi virtuose qu’aventureux, Christophe Chassol – à la fois compositeur, pianiste/claviériste, producteur et arrangeur – développe un langage musical innovant, qui entretient un rapport étroit avec les images en mouvement, lui-même étant auteur de plusieurs films. Depuis le début des années 2010, ce langage se distingue en particulier par la pratique de l’ultrascore, une forme strictement personnelle de composition fondée sur l’harmonisation de sons réels (voix humaines, bruits de nature ou de ville), à laquelle il a dédié un concert en décembre 2018 à la Philharmonie de Paris.

Chassol Plays Basquiat résulte d’un autre concert dans la même salle, donné celui-ci le 22 avril 2023, en écho à l’exposition Basquiat Soundtracks, Chassol ayant été invité à créer une pièce en résonance avec la peinture de l’artiste. Sur scène, entouré de ses claviers, il était accompagné ce soir-là par le batteur Mathieu Edward, fidèle partenaire de jeu.

Si la ressemblance physique entre le musicien et Basquiat peut facilement sauter aux yeux, la concordance entre leurs deux gestes artistiques frappe tout autant les oreilles à l’écoute de cet album live. S’étant fixé sur un tableau méconnu du peintre américain, Action Comics, Chassol a invité son fils (alors âgé de 6 ans) et ses deux neveux (9 ans et 12 ans) à réagir face au tableau, enregistré leurs commentaires et ensuite retravaillé le matériau collecté suivant sa méthode de l’ultrascore. Il a également intégré des citations en anglais de Basquiat, lues par la chanteuse Ala.ni.

L’enfance de l’art, et l’art de l’enfance

”I want to make paintings that look as if they were made by a child” (“Je veux faire des tableaux qui ont l’air d’avoir été faits par des enfants”), dit l’une de ces citations. Libre, ludique et dynamique, la musique composée par Chassol pour ce projet semble atteindre avec éclat l’enfance de l’art – et l’art de l’enfance –, tout comme la peinture de Basquiat. Les deux donnent le sentiment d’un jaillissement spontané, instinctif, mais découlent d’une composition très élaborée et révèlent une grande sophistication formelle.

En oscillation constante entre pop, jazz et musique contemporaine ou concrète, les sept morceaux – traversés de fragments vocaux récurrents – se construisent à partir d’éléments musicaux (boucles rythmiques, lignes mélodiques, motifs harmoniques) utilisés de manière répétitive, avec des déphasages variés.

On pense souvent à un Steve Reich plus badin. L’intro en cascades cristallines du premier morceau, I’m Not a Real Person, apparaît même comme une révérence directe à ce grand inspirateur. À noter que l’album est édité en vinyle à tirage limité : un futur collector qui vaut d’ores et déjà de l’or.

Chassol Plays Basquiat : Live at la Philharmonie de Paris (Ludi Magister/Bigwax). Sortie le 28 juin.

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