Sobriété à deux vitesses
Le virage électrique dans l’automobile nous promet une consommation énergétique plus sobre, consentie sur l’autel d’une moindre autonomie. Ça, c’est la grille de lecture côté ampoule, que ne partagent pas les industriels de l’automobile, qui tiennent le tout électrique pour une foucade politique plus qu’un impératif industriel. Car à l’autre bout du fil, il y a la batterie, souvent au nickel, dont l’exorbitant coût d’extraction, en Asie du Sud-Est, déforeste et pollue, brûlant de pleins tombereaux de charbon. Un paradoxe, à l’image du câblage intellectuel dissonant d’un Elon Musk, fondateur de Tesla, qui prêche, les pieds sur terre, la sobriété énergétique sur l’asphalte. Et en même temps, la tête dans les étoiles, la conquête de Mars à l’horizon 2060, sans doute dans des fusées alimentées sur batterie. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. C’est toujours un peu le même refrain quand il s’agit de répondre à l’impérieuse nécessité de l’urgence climatique, infailliblement portée par ceux dont les trajets domicile-travail, les besoins en mobilité et l’isolement géographique constituent le quotidien. Pour les autres, toute analyse réductrice assumée, les yachts et les jets continuent de tourner. Aux énergies fossiles.
l’éditorial
Sébastien Couratin