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La chronique de Jean-Michel Aphatie : "Le Président a perdu son autorité morale, sa crédibilité politique, la confiance populaire"

Deux événements ont bouleversé la France politique ce dimanche. Le premier concerne le Rassemblement national, grand vainqueur du premier tour des élections législatives anticipées et possiblement triomphateur du second dimanche prochain. Fondé au siècle dernier, ce parti l’a été par un homme qui a torturé ses semblables lors de la guerre d’Algérie. Ce seul fait procure un vertige. Il suggère combien il a fallu de défaillances politiques et morales pour que nous soyons confrontés à cette réalité. Il dit aussi l’altération de l’image de la République française dans le monde. Mais la démocratie ne connaît qu’un maître, le suffrage universel, régulateur des idées et des émotions publiques.

Il faut donc dès à présent nous acclimater à la possibilité de voir ceux qui étaient marginaux hier devenir majoritaires demain.

Leurs projets, dont certains semblaient aberrants, seraient dans cette hypothèse validés par les votes de l’Assemblée nationale. Et dans les limites que tracerait le Conseil constitutionnel, institution précieuse et intouchable, ils formeraient le cadre nouveau de notre vie sociale.

L’autre évènement concerne Emmanuel Macron. Sa dissolution est un désastre. Elle projette le pays dans un inconnu dangereux. Il devra s’en expliquer et justifier sa sottise. Le voici en outre privé de tous ses pouvoirs. Les constitutionnels, bien sûr, car la force de la dernière expression du suffrage universel le réduit au rôle de spectateur dans à peu près tous les domaines. Mais le Président a perdu aussi son autorité morale, sa crédibilité politique, la confiance populaire. Pour résumer le tout en une formule, il ne possède plus rien qui permet à un responsable politique d’être écouté et donc entendu. La question qu’il faut poser sans fard à son propos est celle de son maintien à l’Élysée. Lui dit qu’il ira jusqu’au bout. Peut-être. Ce ne sera pas facile. À un moment, la question se posera peut-être de savoir si cela est souhaitable. Il faut, enfin, au bout du bout de ce dimanche historique, évoquer un dernier point. Jean-Luc Mélenchon a pesé dans cette campagne comme un boulet sur la gauche. L’ambiguïté de ses positions et la violence de son expression en ont fait un repoussoir dont a profité le Rassemblement national. On peut imaginer que ce fut là son dernier combat. On peut constater qu’il s’est agi d’un naufrage.

Jean-Michel Aphatie

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