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Rima Hassan et le keffieh de la discorde

Il est un peu moins de 21h, et Jean-Luc Mélenchon, au pupitre de son QG de campagne, esquisse les enjeux du 7 juillet prochain. Détaille cette dualité, conséquence du résultat de ce premier tour des législatives anticipées. "Le pays doit choisir : va-t-il aggraver le pire de ses divisions ? […] Ou bien va-t-il se rassembler, pour ne former qu’un seul peuple ?" questionne-t-il. Rima Hassan, fraîchement ralliée aux Insoumis, se tient à sa gauche, son célèbre foulard brandi en hommage au peuple palestinien, posée sur les épaules. Le 9 juin, au soir des européennes, elle n’était pas présente au côté de Mélenchon. Ce dimanche, elle n’est pas concernée par les élections législatives, elle n’a pas de responsabilité au sein de LFI, mais elle est là.

L’eurodéputée, figure de proue du combat pro-palestinien lors du dernier scrutin européen, est devenue une fidèle, une coqueluche. Qu’importe si la figure a incarné la stratégie du coup d’éclat permanent, exacerbé les divisions, et alimenté les suspicions d’antisémitisme dont on accuse La France Insoumise. "La vérité monte d’un coup d’aile jusqu’au symbole", écrivait Émile Zola. Autrement dit, le rassemblement n’est pas une option, et Jean-Luc Mélenchon entend le montrer. Et provoquer jusqu’au bout, quand bien même le Rassemblement national est aux portes du pouvoir.

Le keffieh de la discorde. Il y a cette classe politique qui, sans surprise, s’est emparée de la séquence. À l’instar de François Bayrou, le patron du MoDem, ou de François-Xavier Bellamy, chef de file des eurodéputés LR qui, tous deux, ont dit leur indignation face à ce tissu arboré par l’intéressée. Il y a ces réactions scandalisées qui fleurissent sur les réseaux sociaux, où des milliers d’internautes s’écharpent quant à la présence de ce foulard blanc et noir, exhibé dans un moment politique si décisif. Il y a, sans aucun doute, le racisme des uns. Ceux qui entrevoient dans le conflit israélo-palestinien les prémices d’une guerre civilisationnelle dans l’Hexagone, et perçoivent dans la figure de Rima Hassan - née apatride et d’origine arabe qui plus-est ! - un bras communicationnel du Hamas.

Et puis, il y a les interrogations légitimes d’une partie sincère du peuple de gauche et de nombreux Français. Choqués, souvent, par certaines des positions adoptées par La France Insoumise sur la guerre au Proche-Orient, ainsi que par les sorties radicales de Rima Hassan. Ce, à l’aune d’un second tour pétri d’incertitudes, où des dizaines d’Insoumis n’auront d’autre choix que de gagner face au RN, empêchant ainsi l’extrême droite de grossir ses rangs. À gauche, certains partisans du Nouveau Front populaire redoublent de sévérité à l’égard des Insoumis. "Mélenchon fait tout depuis le début pour que l’alliance de gauche ne gagne surtout pas. C’était le dernier épisode", souffle une huile du parti écologiste, pourtant très pro-palestinien. Ce n’est qu’un keffieh, certes. Mais ça n’est pas qu’un keffieh.

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