Le Petit épeautre du Velay, future star des assiettes ?
Vous êtes un adepte de la lentille AOP du Puy. Mais, connaissez-vous le Petit épeautre du Velay ? Depuis trois ans seulement, cette céréale a été introduite sur le territoire entre Loire et Allier. Cette culture nouvelle en Haute-Loire fédère 200 agriculteurs. Chaque année, environ 500 hectares de terres sont consacrés à cette plante aux avantages nombreux, autant pour le céréalier que pour le consommateur. Pour mettre en avant cette plante encore peu connue de tous, l’association « Petit épeautre du Velay terre de richesses » tenait un stand gourmand sur le marché du Puy, ce samedi matin.
1.000 tonnes espérées« Le petit épeautre a l’avantage de demander peu de travail aux agriculteurs. Une fois semé, il se débrouille tout seul, explique Richard Hugon, responsable cultures chez Sabarot Agriculture. On a juste à le regarder pousser. » Ni entrants ni engrais ne sont nécessaires au bon développement de cette céréale. « Elle prend beaucoup de place sur la prairie, il n’y a pas de mauvaises herbes, elle les étouffe. » Un gros plus pour les agriculteurs qui n’ont qu’à laisser faire la nature. Le petit épeautre du Velay est semé fin septembre début octobre. La récolte est effectuée au cœur de l’été. « Nous récoltons 600 tonnes en moyenne. Mais cette année, nous espérons atteindre les 1.000 tonnes », espère Richard Hugon.C’est le groupe Sabarot qui est à l’origine de cette introduction du Petit épeautre dans le Velay. Avec moins de 7 % de gluten, cette céréale peut convenir à plus de consommateurs. « Nous avons déposé un brevet pour permettre une cuisson à l’eau en dix minutes seulement », explique Antoine Wassner, dirigeant de l’entreprise agricole. Un gain de temps de 35 minutes grâce à l’innovation de Sabarot. « Nous moissonnons tout l’épi. Nous conservons le grain après décorticage et il est poncé pour pourvoir ensuite cuire plus vite », détaille le responsable cultures du groupe. Cette plante s’est parfaitement adaptée au Velay. « C’est une vraie plus-value pour le territoire qui n’est pas forcément une terre céréalière. »Au pays de la lentille AOP du Puy, le Petit épeautre du Velay veut aussi se faire une place dans les assiettes.Dans l’assiette, le Petit épeautre du Velay peut se consommer froid ou chaud. En salade comme en gratin. « C’est une céréale hyperdigestive qui gagne à être connue. Elle est aussi très intéressante sur le plan nutritionnel », ajoute Laura Vignal, bénévole de l’association.Demandant peu d’efforts aux agriculteurs et aux sols, nutritive et goûtue, cette céréale a tout pour plaire et, pourquoi pas, se faire une place entre riz, lentilles et autres pâtes de blé dur très prisées des Français. « C’est local, on sait d’où ça vient et c’est très bon ! Il y a tout ce qu’il faut », se réjouit Marcelle, grande habituée du marché ponot.
Nathan Marliac
Bientôt une IGP ?
Réintroduit en Haute-Loire par le groupe Sabarot, le Petit épeautre s’épanouit depuis trois ans en Velay, entre les rivières Loire et Allier. Pour mettre en valeur ce patrimoine local, l’association du Petit épeautre en Velay a lancé les démarches pour obtenir une IGP (Indication géographique protégée). Pour l’avoir, le chemin sera long et fastidieux. Il faut en moyenne cinq ans pour obtenir le fameux sésame. « Il faut justifier que c’est une céréale ancienne. Pour cela, nous nous sommes replongés dans les archives de Sabarot et il y a, en effet, des traces de cette céréale dans la région », explique Richard Hugon. Mais d’autres actions sont requises comme le fait de créer une émulation sur le territoire autour de la céréale. « C’est pour cela que nous étions présents sur le marché. Nous avons organisé plusieurs animations pour faire découvrir ce produit au plus large public possible. » Déjà présent dans 90 % des supermarchés de France, mais aussi en Angleterre, le Petit épeautre du Velay serait encore plus mis en valeur avec une IGP. « Nous croisons les doigts, c’est une longue démarche. Nous avons le soutien du Département et de la Région. C’est un produit local et non transformé. L’Inao (Institut national des appellations d’origine) y est très sensible », termine Antoine Wassler, dirigeant du groupe Sabarot.