World News

Une démission d'Emmanuel Macron après le 7 juillet ? Pourquoi ce scénario n'est "pas totalement exclu" selon Alain Duhamel

Le premier tour des législatives ne signe-t-il pas avant tout l’échec d’un homme, Emmanuel Macron ?

L’échec, oui, mais pas l’effacement. Cette dissolution était son initiative. Tout le monde la trouvait soit incongrue, soit dangereuse, soit incompréhensible. Compte tenu des résultats, c’est en effet un échec énorme, et même d’une certaine manière un dessaisissement, qu’il a lui-même impulsé.

Cependant, même avec une cohabitation, il continuera à avoir des armes, un rôle à jouer et encore un objectif politique majeur : contribuer, s’il le peut, à l’échec d’un éventuel gouvernement Bardella, et ainsi handicaper la candidature certaine de Marine Le Pen en 2027.

Ce serait donc le début d’une sorte d’opération de sabotage au long cours ?

Si Bardella arrive à Matignon – cela reste une hypothèse, on n’en est pas encore là –, nous aurons une cohabitation de fer. Des deux côtés, on cherchera en permanence à marquer des points contre l’autre.

L’une des nombreuses originalités de cette cohabitation est qu’elle se ferait à trois, non seulement entre Emmanuel Macron et Jordan Bardella, mais également avec Marine Le Pen. C’est elle qui, forcément, prendrait les grandes décisions gouvernementales. Bardella serait l’exécutant, elle le stratège.

Alain Duhamel

Pensez-vous que le chef de l’État était aveuglé, déconnecté, au point de croire sincèrement à un sursaut en faveur de son camp ce 30 juin ?

Il espérait sans doute un sursaut, et grimper peut-être à 23, 24, 25 %, mais pas un succès. Ces spéculations ont vite disparu. Autant, bizarrement, il ne croyait pas aux sondages avant les européennes, autant là, il n’y avait pas de doute. Tout convergeait vers une victoire nette et sans bavure du RN, chaque nouvelle enquête d’opinion venant ratifier la précédente.

Une image semble s’imposer, et même se renforcer depuis dimanche soir : celle d’un Président esseulé, marginalisé, replié dans son palais…

Que sa nouvelle position soit très éloignée de celle qu’il a exercée depuis sept ans, c’est certain. Il ne sera bientôt plus l’acteur principal. Sa mission essentielle, on l’a dit, sera de décrédibiliser un gouvernement Bardella. À l’inverse, Marine Le Pen va sans doute chercher à l’écraser sur le plan institutionnel – même si je n’y crois pas beaucoup – ou à le pousser à démissionner.

À propos de démission présidentielle, et malgré les dénégations répétées du chef de l’État et de son entourage, une telle option est-elle selon vous réellement exclue après le 7 juillet ?

Je ne dis pas que c’est l’hypothèse la plus probable, mais non, je ne l’exclus pas totalement. Je prends un exemple, forcément extrême par principe. Si le RN n’a qu’une majorité relative à l’Assemblée, insuffisante pour pouvoir gouverner, et s’il n’y a pas une majorité hétéroclite, de circonstance et d’alternative, capable de soutenir un gouvernement de transition chargé d’expédier les affaires courantes pendant un an (délai minimal fixé par la Constituions entre deux dissolutions, NDLR), je ne vois pas d’autre issue qu’une démission d’Emmanuel Macron. Encore une fois, ce n’est pas le plus probable, mais c’est un scénario qu’il faut avoir en tête.

Le macronisme est-il déjà mort ?

La réponse dépendra de ce qu’il se passe en 2027. Si le vainqueur de la présidentielle est une personnalité qui a été un Premier ministre ou un dirigeant significatif sous Emmanuel Macron, il se peut que le système tripartite continue à exister. Si, en revanche, c’est un candidat soit de gauche, soit de droite, cela signera en effet la fin du macronisme.

Propos recueillis par Stéphane Barnoin

Читайте на 123ru.net