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Pourquoi Joe Biden pourrait se désister au profit de Kamala Harris

L’image qui s’est imposée le 27 juin a fait des ravages. Lors du premier débat contre un Donald Trump volubile et exceptionnellement calme, Joe Biden « avait l’air d’un mort-vivant », commente Jean-Éric Branaa. Au point que, occultant le fond du propos, « les téléspectateurs se sont demandé comment il allait pouvoir tenir 4 ans de plus ». Au point aussi que – fait inédit – dans la foulée, le New York Times, « dans l’intérêt de la nation », demandait au candidat à la Maison Blanche de « renoncer à se présenter ». Presque le coup de grâce pour le président sortant dépassé par son challenger Donald Trump, dans les sondages. Ceux réalisés par YouGov pour CBS avant et après le duel télévisé reflétaient eux aussi les inquiétudes des Américains : ils étaient 65 % à penser que la santé mentale de Joe Biden est altérée avant le débat et 72 % après…

La force de l'enjeu politique

Plus grave que la prise de position de la presse, il y a ces démocrates qui, eux aussi, plaident « pour le désistement du candidat Biden », insiste le maître de conférences à Panthéon-Assas. « Si la perte de la présidence est quasiment annoncée aujourd’hui », dans de nombreux États, où des représentants et des sénateurs sont en balance », il faut aussi s’inquiéter « de la perte de la Chambre et du Sénat. Avec une Cour suprême très conservatrice, cela annoncerait des temps très difficiles » pour l’opposition. « On comprend la force de l’enjeu politique pour les démocrates. » Même si les ténors du parti, comme l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et le sénateur Chris Coons assurent que seul l’ancien vice-président de Barack Obama peut battre Tump…

Une candidate providentielle

Pour l’expert en politique américaine, la vice-présidente « Kamala Harris pourrait être la candidate providentielle. Il n’y en a pas d’autres, la campagne est trop avancée. De plus, Kamala Harris a déjà été adoubée il y a quatre pour le ticket avec Biden. Pas moins de 82 millions d’Américains ont voté pour elle ! ET n’oublions pas qu’elle a été présidente pendant trois heures lors de l’hospitalisation du président… et qu’elle a été formée pour cela ». Une vice-présidente particulièrement présente sur la scène internationale et qui « a de la carrure ». « Si elle devient candidate, cela change totalement la campagne », assure Jean-Éric Branaa. « D’abord, c’est une femme, ensuite, elle représente les minorités de par ses origines jamaïcaine et indienne et elle est bien vue des étudiants qui ne lui tiennent pas rigueur de la politique israélienne des États-Unis ». L’avantage de son âge – elle aura 60 ans un mois avant l’élection – compte également parmi les atouts de la vice-présidente. « Face à elle, Donald Trump à 78 ans, deviendrait instantanément un vieillard ! Tout ce qu’il aurait pu dire sur l’âge de Biden se retournerait contre lui ».

Défendre des intérêts

À l’actif de l’ancienne procureure de Californie, les récents sondages avec les noms de tous les potentiels recours à une défaillance de Joe Biden. « Elle est à 43 % quand le second sur la liste, le gouverneur de Californie Gavin Newsom est à 16 %… ». 

Sans conteste, appuie l’enseignant, « Kamala Harris est la plus reconnue chez les démocrates […] malgré la campagne des progressistes – l’aile la plus à gauche – qui lui préfère Newsom comme elle préférait Bernie Sanders à Biden le “looser” ». Si l’équipe de campagne de Joe Biden affirme avoir déjà récolté 33 millions de dollars, il se murmure que les gros donateurs ne cachent pas leur frilosité. « Au lendemain du débat, Kamala Harris est allée à la rencontre des gros relais de donateurs » […] Ce qu’ils veulent », au-delà la personnalité du candidat, « c’est faire avancer des idées, défendre des intérêts.

Depuis six mois Kamala Harris fait le tour des États-Unis ; elle a rencontré tous les donateurs et il semble qu’elle soit bien vue de tout le monde.

Une perspective de bon augure pour les démocrates qui, s’ils doivent prendre une décision quant au sort de Joe Biden, ne le feront pas avant la convention républicaine du 15 au 18 juillet dans le Wisconsin. « Ils ne veulent pas donner un avantage aux républicains alors que l’on ne connaît pas le vice-président désigné. Trump va-t-il choisir l’Hispanique, Marco Rubio, l’Afro-Américain, Tim Scott ? […] Les républicains espèrent que Biden restera en lice. Parce que l’ex-conseiller trumpiste, Steve Bannon, avant d’entrer en prison, expliquait que s’il y avait un changement chez les démocrates, le perdant de l’histoire, ce serait Donald Trump. »

Sophie Leclanché

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