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Le Cantal, bastion fragile de la droite républicaine : "Je veux croire que c’est l’ancrage qui fait la résistance"

Le Cantal, bastion fragile de la droite républicaine :

Coincée entre la montée du RN et le bloc central, présenté comme le vote utile, la droite républicaine a été balayée au premier tour des législatives anticipées, dimanche 30 juin. Elle n'est arrivée en tête que dans quelques circonscriptions, dont les deux du Cantal.

Depuis les résultats des législatives anticipées, le Cantal est le point bleu sur la carte de France… mais pas à cause de la température.

Les électeurs de ce département rural de montagne ont positionné, dans les deux circonscriptions, les candidats Jean-Yves Bony, dans la seconde, et Vincent Descœur, dans la première, en tête. Ils sont tous les deux estampillés « divers droite » depuis le ralliement d’Éric Ciotti au RN : le premier s’est mis en retrait des Républicains, le second a quitté le parti.

Tous deux proches de Laurent Wauquiez, président du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, ils font ainsi du département un des bastions de la « droite républicaine ». C’est ainsi qu’ils se présentent, héritiers de ce parti historique, aujourd’hui isolé entre le bloc central et l’extrême droite. Ils devancent, à chaque fois, les candidats du Rassemblement national, Gilles Lacroix et Dorothée Gallais.

Dans les quartiers populaires d’Aurillac, historiquement ancrés à gauche, Vincent Descœur (DVD, ex-LR) a fait mieux que résister à la percée du RN, qui a gagné 2.000 voix entre 2022 et 2024, arrivant premier dans certains bureaux de vote. Il y est retourné, hier, en compagnie de Jamel Belaidi, conseiller municipal d’opposition de droite dans la préfecture cantalienne.

« Ce n’est pas la première fois que j’y arrive en tête, explique le député sortant. Il reste dans le Cantal une majorité de personnes qui partagent des valeurs républicaines. Mais il y a aussi une colère, une peur de l’avenir, que l’on a sentie monter. »

Le Cantal est un département traditionnellement ancré à droite à l’exception de sa préfecture. Dans la deuxième circonscription, Jean-Yves Bony a été maire d’Ally pendant vingt-deux ans jusqu’à son arrivée à l’Assemblée nationale, en 2017, et il est conseiller départemental depuis 2001. De 2012 à 2017, il était le suppléant de son prédécesseur, Alain Marleix, figure nationale de la droite, régulièrement élu au premier tour.

Avant la loi sur le cumul des mandats, Vincent Descœur était président de ce même conseil départemental, maire de Montsalvy et donc député (2007-2012 puis 2017-2024). Les deux candidats ont passé leurs week-ends en circonscription, au point que Jean-Yves Bony a été raillé par son adversaire Louis Toty (DVD), sur la deuxième circonscription : « Être notre représentant, c’est travailler, s’investir pour le territoire. Il ne s’agit pas de participer uniquement à des fêtes du dimanche ou à des kermesses. Il faut s’investir à l’Assemblée nationale et travailler. »

Oui, mais « on n'est pas suspectés de déconnexion », note Vincent Descoeur, quand Jean-Yves Bony répondant qu'il sentait, aux kermesses, « le pouls du pays. »

« Il y a très certainement vingt-cinq ans passés à faire nos preuves à travers différents mandats. Je veux croire que c’est l’ancrage qui fait la résistance. Aujourd’hui, un candidat LR ne peut pas se référer à sa seule couleur politique. Au vu des derniers résultats, autant jeter l’éponge tout de suite… »

Si le vote RN est moins marqué dans le Cantal que dans d’autres départements ruraux, le parti a franchi plusieurs marches ces dernières années, sans changer de recette. Le Rassemblement national a, en 2017, ouvert une permanence à Aurillac : elle est aujourd’hui fermée et a été dégradée à plusieurs reprises. Gilles Lacroix enchaîne sa troisième campagne consécutive, sa compagne Dorothée Gallais part pour la deuxième fois. Les deux sont discrets sur les marchés.

Même recette

Et la sauce prend, scrutin après scrutin. Au second tour des présidentielles de 2022, Marine Le Pen engrangeait 17.754 voix dans le Cantal, mais deux semaines plus tard, lors des législatives, les résultats s’étaient inversés : localement, les Cantaliens n’avaient donné que 7.556 voix aux deux candidats RN.

Dimanche dernier, avec une participation en hausse, le Rassemblement national a obtenu plus de 25.000 suffrages. C’est une nouvelle étape de franchie dans le département : le parti a transposé localement une dynamique nationale. Si le Cantal reste en bleu sur la carte des législatives en plaçant la droite en ballottage favorable, le barrage est de plus en plus fin.

Pierre Chambaud

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