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En Seine-et-Marne, des électeurs de gauche prêts à faire barrage au RN

Sur la place de la République, le visage de Nour Benaïssa-Watbot, candidate du Nouveau Front populaire (NFP) au premier tour, sourit toujours aux passants depuis son affiche de campagne.

Mais entre les étals, seuls les militants du Rassemblement national (RN) et de la majorité présidentielle sont présents ce mardi matin pour distribuer des tracts. Comme 211 candidats, dont 127 à gauche, Mme Benaïssa-Watbot s'est désistée au nom de "l'union contre l'extrême droite".

Jointe par l'AFP, elle considère le vote du second tour comme une "décision très difficile pour les électeurs de gauche", qui devront choisir "entre s'abstenir, voter blanc ou faire barrage pleinement au RN".

"J'appelle à un vote barrage et un vote utile contre le RN", insiste-t-elle, fidèle aux consignes nationales du NFP.

"C'est une déception, c'est sûr, mais c'est inévitable", commente Jeanne-Constance Baschet entre les allées du marché bellifontain, au sujet de ce désistement.

Encore émue face au score de la candidate RN Ivanka Dimitrova, arrivée en tête avec 35,06% des voix, ce médecin de 32 ans votera "sans hésitation" pour Frédéric Valletoux (Horizons), ancien maire de la ville, député sortant et ministre délégué à la Santé, qui récolté au premier tour 33,73% des suffrages, loin devant la candidate NFP (23,70%).

"J'espère que le gouvernement sera un peu à la hauteur et rendra la monnaie de sa pièce à la gauche", espère celle qui voté deux fois, en 2017 et en 2022, pour Emmanuel Macron contre Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle.


Lassitude


A une vingtaine de kilomètres de Fontainebleau, Montereau-Fault-Yonne et ses 18.000 habitants connaissent une situation similaire, dans la 3e circonscription du département.

Mais contrairement à Fontainebleau, qui a placé le candidat de la majorité en tête au premier tour, Montereau-Fault-Yonne penche résolument à gauche.

Assis à la terrasse d'un restaurant du centre-ville, Toufik Bada fait partie des électeurs de la France insoumise mais il se déplacera dimanche pour voter à droite.

"Sinon on laisse les autres parler à notre place", insiste-t-il. L'ancrage local du député sortant, dont il n'est "pas mécontent", plaide en faveur du vote barrage. "Quand ce sera pour la présidentielle, ce sera autre chose", déclare cet infirmier de 55 ans, qui fait aussi part de sa lassitude face à un vote barrage devenu "coutumier".

Marie-Paule Invernizzy, 81 ans, fera le même choix. "Je suis d'une génération pour laquelle le nom Le Pen veut dire quelque chose", commente la retraitée, qui ne croit pas à la "dédiabolisation" du parti.

"Le diable est toujours là (...) en cravate", assure-t-elle en référence au code vestimentaire maintenu par les députés RN à l'Assemblée.

De l'autre côté de la Seine, qui coupe la ville en deux, le soleil s'est levé et chauffe la terrasse du café Chez Jumeaux, en face du centre commercial de ce quartier prioritaire de la ville (QPV).

Ismaïl, 28 ans, séduit au premier tour par la candidate du NFP, refuse de voter pour Les Républicains. "Même au centre un peu à droite, c'est pas possible", tranche-t-il. Ibrahim, 28 ans, tente de le raisonner. "C'est choisir entre la peste et le choléra, mais on n'a pas trop le choix".

Caddie de courses en main sur le parking voisin, Patrice Legay s'avoue "démuni". "C'est pas mes idées, ni les Républicains, ni l'extrême droite (...) je ne sais pas trop ce que je vais faire", le retraité, qui prévoit de trancher "au dernier moment".

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