Ce célèbre romancier a participé à l'élaboration de l'exposition "Hans Hartung - une liberté salutaire", à Brioude
Historien de l’art, professeur à l’École polytechnique et auteur du roman à succès Les Yeux de Mona, merveilleux outil de sensibilisation à la peinture et la sculpture, Thomas Schlesser est aussi (et surtout) directeur de la Fondation Hartung-Bergman, à Antibes. Celle-ci a participé, aux côtés de Jean-Louis Prat, à la création de l’exposition 2024 de l’Hôtel du Doyenné. Thomas Schlesser était, à Brioude. Rencontre.
Qui a contacté l’autre en premier, la Fondation ou Jean-Louis Prat ?
C’est Jean-Louis Prat qui nous a contactés. Déjà parce qu’il connaissait parfaitement la Fondation et nos collections. Et nous sommes très heureux d’avoir participé, à la fois parce que le lieu est très beau et parce que Jean-Louis est une vraie légende.
Bergman exposée à OsloLa Fondation fait beaucoup d’expositions hors les murs ?
Oui. Par exemple, au même moment que cette exposition Hans Hartung - une liberté salutaire, nous participons à une autre, consacrée au travail d’Anna-Eva Bergman à Oslo. Ce n’est pas la même taille, mais c’est la même intensité !
Comment s’est passée la collaboration avec Jean-Louis Prat ?
On a travaillé ensemble. On s’est vu une dizaine de fois. Il connaissait très bien notre fonds d’œuvres. Mais je lui en ai fait redécouvrir quelques-unes. L’idée est à la fois de proposer une rétrospective du travail de Hartung mais aussi de montrer des choses jamais vues ailleurs.
Comment s’est construite la répartition des œuvres dans les salles ?
Ce n’était pas très compliqué. Il y a quatre grandes périodes, c’est idéal pour quatre grandes salles. Mais ce que je trouve habile de la part de Jean-Louis Prat, c’est de mêler les années cinquante et soixante. Il aurait pu y avoir une salle 1960-1989. Mais avoir basculé ces années soixante dans l’autre salle, c’est une bonne solution.Thomas Schlesser, directeur de la Fondation Hartung-Bergman, devant des œuvres de l'exposition "Hans Hartung - une liberté salutaire" à l'Hôtel du Doyenné, du 5 juillet au 13 octobre 2024. L'exposition a été conçue par Jean-Louis Prat en lien avec la Fondation. Copyright ADAGP, Paris, 2024
Un lieu qui aurait plu à HartungComment trouvez-vous l’Hôtel du Doyenné ? Étiez-vous venu par le passé ?
Non je n’avais pas vu les précédentes expositions. Mais je trouve ce lieu génial, à la fois très structuré, avec des espaces bien clairs, et avec un caractère fabuleux, grâce à cette aura patrimoniale que j’adore. Et j’ajouterai qu’Hartung adorait exposer dans ce genre de lieux. Il a beaucoup travaillé au château Grimaldi d’Antibes. Et de son vivant il faisait des accrochages insensés, avec des chevalets à terre…
Dans votre livre, « les Yeux de Mona », vous évoquez une seule œuvre de Hans Hartung. Comment avez-vous fait ce choix ?
Déjà, pour l’histoire, il y avait une contrainte : il fallait que ce soit une œuvre du Centre Pompidou. Cela réduit un peu le choix, même s’il y en a beaucoup. Ce que j’aimais, c’était la tonalité très sombre de la peinture choisie. Et elle se trouve dans la dernière partie du livre, quand est évoquée la possibilité que Mona devienne aveugle, avec des œuvres marquées par la tonalité noire. J’ai aussi choisi une œuvre de Bergman sur ce principe. Même Basquiat. Et bien sûr, il y a Soulages pour conclure.
Propos recueillis par Pierre Hébrard