La parité en politique est-elle réellement acquise ?
« Sans les lois sur la parité, je n’aurais jamais été élue. On est venu me chercher », explique Édith Gueugneau. Pionnière en politique, l’élue a été la première présidente d’une communauté de communes, lors de la création de ces dernières. Et s’engage désormais pour que l’instance soit, elle aussi, paritaire.
« Il a fallu contraindre par des lois »« On ne peut pas faire de l’égalité à moitié, c’est de la discrimination. Or, dans les communes de moins de 1.000 habitants, la parité n’est pas obligatoire. Et moins il y a de femmes maires, moins il y a de parité dans les conseils communautaires, et donc de femmes en responsabilité. Si on n’est pas en capacité d’avoir cette parité à cette échelle, on laisse le pouvoir aux hommes. »
L’engagement politique, dans les petites communes, n’est pas seulement une problématique de genre. Les candidats peuvent se faire rares, entraînant des difficultés à présenter une liste complète aux élections. Mais pour Édith Gueugneau, le problème n’est pas là.
Il a fallu contraindre par des lois pour imposer la parité, et ça a fonctionné.
« J’entends des hommes dire “on ne trouve pas de femmes”. J’ai envie de leur dire qu’ils ne cherchent pas bien ! » L’élue rappelle qu’il a fallu « contraindre par des lois pour imposer la parité, et ça a fonctionné. Pourquoi on le fait au Département, à la Région, mais qu’on ne le fait pas dans les communes de moins de 1.000 habitants ? Tout le monde est d’accord, sauf que ce n’est pas inscrit au calendrier parlementaire. »
Aux côtés d’Édith Gueugneau, lors d'une récente rencontre des élues de l’Allier à Gannat, à l'occasion des 80 ans de leur éligibilité, Marcelle Dessale, maire de Veauce, a tenu à démontrer qu’impossible n’était pas bourbonnais. Avec ses 40 administrés, qui font de sa commune la plus petite du département, elle a prouvé son exemplarité en la matière : « Dans mon conseil municipal, j’ai la parité ! »
Hubertine Auclert, une pionnière bourbonnaise« S’il y a la parité en France, c’est un peu grâce à elle. » Sylvie Ulrich, militante féministe de la première heure, est membre du collectif Hubertine Auclert, qui fait revivre la mémoire de cette pionnière oubliée des siens.« On a retrouvé son nom un peu par hasard, alors que sa famille l’avait ignorée. » Les idées de la révolutionnaire font en effet scandale à Saint-Priest-en-Murat, où elle naît en 1848.La féministe était en avance sur son temps.
À l’époque, demander la parité, comme le droit de vote des femmes, est insensé. Pourtant elle fait de ce combat son premier engagement. Car pour elle, c’est la clé de tous les autres droits.
« C’était une femme d’un fort tempérament, qui ne manquait pas d’audace. Mais son entourage lui disait : c’est trop tôt. » La militante décédera en 1914… Trente ans avant l’obtention du droit de vote des femmes.
Sandrine Gras