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En Haute-Loire, cette jeune fille de 17 ans vient de gagner un concours national

Certaines personnes ont des destins hors du commun. Cela peut s’expliquer par la chance, des rencontres, un talent pour le sport ou la musique, ou encore, une indéfectible envie de réussir. Manifestement, Radiatou Hamidou Moussa, élève du lycée Lafayette, appartient à la dernière catégorie.

Pour l’adolescente de 17 ans, la vie a changé il y a cinq ans. Avec ses parents, alors qu’elle est âgée de 12 ans, elle quitte son pays, la République centrafricaine, direction la France. Et Brioude, plus précisément. Scolarisée en CM2, la jeune fille découvre un monde qu’elle ne connaît pas.

Je n’étais jamais allée à l’école avant d’arriver en France. Je ne parlais pas français non plus. Je ne savais pas dire bonjour

Pourtant, malgré la difficulté, Radiatou Hamidou Moussa a ensuite intégré le collège, comme tous les autres enfants de son âge. Aujourd’hui, elle fait partie de la dizaine d’élèves que compte la classe intitulée Mission de lutte contre le décrochage scolaire. "Les élèves sont en cours le lundi et le mardi, et après ils vont trois jours en stage. Ce sont des jeunes qui ont plus de 16 ans et qui ont besoin de travailler ou valider leur projet", détaille Élodie Picard, coordinatrice de la plateforme Mission de lutte contre le décrochage scolaire au lycée Lafayette. Avant d’ajouter : "Ils peuvent arriver en septembre, trouver un apprentissage au mois de novembre et arrêter la plateforme."

D’autres, comme Radiatou, passent une année complète. Durant celle-ci, elle a multiplié les stages et les expériences professionnelles pour savoir quel chemin suivre. "J’aime la cuisine", sourit-elle. Son souhait : intégrer la section production et service en restauration au lycée François-Rabelais, à Brassac-les-Mines.

Mais ces derniers mois, en plus de ses stages et des cours qu’elle a suivi avec une très grande assiduité, que confirment fièrement plusieurs de ses professeurs, Radiatou a participé, comme l’ensemble de sa classe, à un concours de nouvelles, organisé par l’Association des membres de l’ordre des palmes académiques (Amopa).

« J’aime écrire. Chez moi, je tiens un journal intime. J’écris chaque jour les choses les plus importantes qui se sont passées. »

Pour participer au concours, elle a posé sur le papier un texte intitulé La peur. "Mes professeurs m’ont aidé pour relire et corriger les fautes d’orthographe." Pour répondre au thème imposé, celui d’une nouvelle fantastique, la jeune fille a décidé de donner ce titre à sa production dans laquelle elle conte sa rencontre avec un serpent. L’histoire simple d’une matinée qui commence comme les autres avant d’être bouleversée par un événement inattendu. "Était-ce un rêve, ou bien l’avais-je vécu ?", peut-on lire à la fin de son texte.

"Je n’étais jamais allée à l’école avant d’arriver en France"

Ce qui est réel, en tout cas, c’est l’année qui vient de s’écouler et l’aventure qu’elle a vécue grâce à La peur. Un chemin sur lequel Mélanie Fayolle, sa professeure de français, l’a accompagnée. "J’interviens en français, une heure par semaine. On n’a pas de programme défini, l’idée est de donner du sens à ce que l’on fait." Étudier des choses qui leur servent pour la suite, pour rédiger une lettre de motivation par exemple, voilà l’idée des cours mis en place. "On est là pour les accompagner pour la suite, les aider à prendre confiance en eux", ajoute Élodie Picard.La participation à ce concours national de nouvelles en fait partie. Et avec Radiatou, la mission est réussie car cette jeune fille, qui n’avait jamais mis les pieds dans une école avant ses 12 ans, et ne parlait pas un mot de français, a été la lauréate nationale dans la catégorie des élèves de la Mission de lutte contre le décrochage scolaire.

Si elle a été félicitée et célébrée dans son établissement scolaire, elle a aussi vécu une journée inoubliable lors de la remise des prix. "On est allé à Paris. J’ai pu visiter. Quand je suis arrivée en France avec mes parents, on a juste vu l’aéroport." Après ce petit intermède touristique fortement apprécié, elle a eu les honneurs d’une réception au Collège de France, à la Sorbonne. "Nous sommes très fières de Radiatou", se félicitent Mélanie Fayolle et Élodie Picard.

Avec Radiatou, à l’oral, les mots ne sont pas nombreux. Le volume est faible. Pudique, elle n’ose pas se mettre en avant. Pourtant, la jeune fille, qui ne parlait que le sango, il y a cinq ans, a brillé dans la langue française. "Quand je suis arrivée à l’école à Brioude, on m’a même appris comment tenir un stylo, je ne savais pas le faire."

Depuis, son parcours et son évolution, aidés par une belle volonté de réussir, forcent le respect. Au même titre que l’accompagnement de ses professeurs dont la plus belle récompense est, à coup sûr, la réussite de cette jeune élève.

Nicolas Jacquet

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