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La MGEN en assemblée générale à Clermont-Ferrand : "Une mutuelle n'est pas qu'un organisme qui rembourse des soins"

La MGEN en assemblée générale à Clermont-Ferrand :

La mutuelle générale de l'Education nationale (MGEN) n'est pas qu'une complémentaire santé. C'est aussi un gestionnaire d'établissements de soins et un mouvement social qui revendique un rôle politique et militant. Présentation de cette mutuelle aux 3,2 millions d'adhérents avec Matthias Savignac, son président, avant l'assemblée générale nationale, mardi 9 et mercredi 10 juillet, à Clermont-Ferrand.

Pour la Mutuelle générale de l'Education nationale, l'assemblée générale nationale est "un temps fort de sa vie démocratique". Mardi 9 et mercredi 10 juillet, près de 600 élus partageront ce temps fort à Clermont-Ferrand. Le président Matthias Savignac en détaille les enjeux. 

Comment la MGEN se positionne-t-elle dans le paysage mutualiste ?

C'est à la fois une complémentaire santé, qui rembourse des soins et un offreur de soins, parce que nous voulons donner aux citoyens la capacité d'aller se soigner partout sur le territoire. On souhaite que cet accès aux soins se fasse avec des tarifs maîtrisés, sans dépassement d'honoraires . C'est le sens de toutes nos structures de soins et d'accompagnement.

En quoi consiste votre projet de centre de santé à Moulins, dans l'Allier ?

C'est une initiative de la communauté d'agglomération, qui devrait aboutir en 2025, avec un financement, notamment, de la caisse des dépôts. Ce centre de santé, le premier pour nous en Auvergne, proposera aux patients les premières consultations de généralistes et de spécialistes. Il s'inscrit dans le droit fil de notre volonté d'être offreur de soins au plus près des territoires, surtout dans les zones où l'accès à la santé n'est pas touours facile pour nos concitoyens. 

Pourquoi la MGEN est-elle aussi présente dans les débats sur les sujets sociétaux ?

Elle a une vie militante extrêmement importante, qui prend sa source dans notre fonctionnement démocratique. Nous avons 3.000 militants, élus et bénévoles qui travaillent sur des sujets de société. En tant que mouvement social, on a un rôle politique et militant, pour la conquête de droits sociaux et pour la justice sociale.

L'Education nationale est-elle toujours le cœur de votre engagement ? 

Oui, bien sûr. Si la MGEN est la première mutuelle des agents du service public, l'Education nationale reste le barycentre de notre activité. Mais nous avons besoin de nous diversifier et d'aller protéger d'autres publics. Avec le déploiement de la protection sociale complémentaire dans la fonction publique, nous considérons que nous avons le devoir de nous regrouper, entre mutuelles de fonctionnaires, pour continuer d'apporter des réponses mutualistes aux agents.

Vous êtes fortement engagé sur les questions de fin de vie. Comment réagissez-vous à l'abandon du projet de loi suite à la dissolution de l'Assemblée nationale ?

Nous sommes extrêmement déçus. C'est un sujet sur lequel notre mutuelle s'est positionnée très tôt, avec la création de notre première unité de soins palliatifs en 1994. On pense qu'il faut généraliser les soins palliatifs partout sur le territoire, mais ça ne suffit pas. On milite aussi pour que les gens puissent choisir leur fin de vie. La MGEN et l'Association pour le droit de mourir dans la dignité ont fédéré 28 organisations de la société civile au sein du Pacte progressif Fin de vie pour porter d'une seule voix ce besoin de faire évoluer la loi. Tout le travail de lobbying que nous avons fait auprès des parlementaires sera sans doute à refaire. Mais nous sommes prêts à repartir au combat.

Pourquoi êtes-vous attaché à une meilleure prise en charge de la santé des femmes ?

D'abord parce que 70 % de nos adhérents sont des adhérentes. Ensuite parce que c'est une question de justice sociale. Quand une femme a un projet de maternité, c'est un frein dans l'évolution de sa carrière. La ménopause, l'endométriose, les règles ont des répercussions sur la vie sociale et la vie professionnelle des femmes. Il y a des moments de vie qu'on est pas tous en capacité de vivre de la meilleur des manières et on considère qu'on a un rôle à jouer de ce point de vue-là.

Comment pouvez-vous agir ?

En donnant la parole aux femmes, à des experts, à des médecins... A travers des cycles de conférences, par l'information, on peut mettre des mots sur les maux et aider à mieux vivre. Il faut aussi lever les tabous, car ce sont des sujets dont on ne parle pas. On constate aussi qu'il y a des biais dans la prise en charge de la santé des femmes aujourd'hui. Les différences liées au sexe engendrent des inégalités de prise en charge liées au genre. Il y a un vrai besoin d'avoir une approche genrée de la santé.

Pourquoi souhaitez-vous structurer une stratégie sur la santé mentale ?

On considère qu'il serait utile d'avoir un plan "Santé mentale" au niveau national, comme on avait eu il y a quelques années un grand plan Cancer national. On l'a expérimenté : depuis le premier confinement, nous prenons en charge quatre consultations en psychologie par an. En 2022  ça nous a coûté 19 millions d'euros en 2022, en 2023 22 millions en 2023.

Si on regarde, 70 % des consultations ont été faites par des femmes et 40 % par des personnes de moins de 30 ans. ça veut dire quelque chose sur le tribut qu'on payé les femmes et les jeunes à cette crise Covid.

Sur quels sujets allez-vous particulièrement travailler à Clermont-Ferrand ?

Une large part de notre assemblée générale sera consacrée à notre stratégie climat, qui nous amène à réinterroger notre politique mobilière, notre politique de placements, notre logique de déplacement... Comment faire en sorte que l'ensembre de nos activités nous permette de réduire notre empreinte carbone demain ? A Clermont-Ferrand, nous allons réaliser une fresque du climat avec 600 personnes.

Je porterai aussi fortement la question de la laïcité. Historiquement, la MGEN est la mutuelle de l'Education nationale. Il faut que ce principe important soit défendu partout dans les écoles de la République. La laïcité, c'est pour nous le trait d'union entre tous nos engagements, de l'IVG dans les années 1970 à la fin de vie et à la santé des femmes.  

La MGEN gère l’assurance maladie et la complémentaire santé et prévoyance de plus de 4,2 millions d’agents, actifs et retraités (et de leurs ayants droit), qui relèvent de la fonction publique d’État, de la fonction publique territoriale et de la fonction publique hospitalière. Parmi eux, un million d'agents de l'Education nationale et un million de retraités de l'Education nationale. 

Isabelle Vachias

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