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Après la surprise des législatives, les quatre scénarios sur la table d'Emmanuel Macron

Après la surprise des législatives, les quatre scénarios sur la table d'Emmanuel Macron

Les incertitudes demeurent plus que jamais au lendemain du second tour des législatives anticipées qui n’ont fait naître aucune majorité absolue à l’Assemblée. Ni le Nouveau Front populaire (NFP, autour de 180 sièges), ni le camp présidentiel (autour de 160 sièges), ni le RN et ses alliés (plus de 140 sièges) ne peuvent atteindre, seuls, la majorité absolue fixée à 289 sièges.

En attendant, le Premier ministre sortant Gabriel Attal qui doit remettre dans la matinée sa démission à Emmanuel Macron. Pour autant, il pourrait conserver sa place, ou du moins être immédiatement reconduit afin d’empêcher un vide institutionnel. Il s’est dit dimanche soir prêt à rester à Matignon "aussi longtemps que le devoir l’exigera" dans le contexte des JO. Du côté de l’Elysée, on joue la prudence : le chef de l’Etat "attendra la structuration de la nouvelle Assemblée nationale pour prendre les décisions nécessaires". Sa prise de position est très attendue, car c’est lui qui dispose du pouvoir de nomination du Premier ministre. Le processus pourrait prendre beaucoup de temps, dans l’attente d’un accord hypothétique entre plusieurs forces politiques sur un candidat pour Matignon et un programme. A moins qu’Emmanuel Macron n’opte pour un gouvernement technique sur le modèle italien. L’Express fait le point sur les différents scénarios possibles.

Macron nomme un Premier ministre modéré de gauche

La gauche met déjà la pression. Le NFP doit présenter "dans la semaine" une candidature pour Matignon, a assuré ce lundi matin sur franceinfo le patron des socialistes, Olivier Faure, alors que la question n’avait pas été tranchée pendant la campagne. La cheffe des écologistes, Marine Tondelier, a elle estimé sur RTL qu’Emmanuel Macron "devrait appeler aujourd’hui" la gauche à lui transmettre un nom de Premier ministre.

Si Jean-Luc Mélenchon s’était déclaré "capable" d’occuper le poste de Premier ministre, il fait toutefois l’objet d’un puissant rejet de la part de ses partenaires de gauche, ainsi que de la coalition macroniste Ensemble. L’hypothèse de la nomination d’un ministre de la coalition de gauche semble davantage tenir à un représentant plus modéré. Ce serait le cas de Marine Tondelier. Ces derniers jours, l’envergure politique de la patronne des écologistes a changé. Elle pourrait constituer un point d’équilibre entre LFI et le PS. Chez les socialistes, le nom du député réélu des Landes et ancien conseiller de François Hollande, Boris Vallaud, circule par ailleurs.

Un tandem avec un homme de gauche et un homme de droite

Le scénario a déjà fait son chemin à l’Elysée, comme le racontait L’Express. Face à une assemblée nationale divisée, Emmanuel Macron pourrait éventuellement choisir l’équilibre, nommant un tandem avec une personnalité politique de gauche et une autre de droite. Une sorte de gouvernement d’union nationale qui existe déjà dans les démocraties parlementaires de certains de nos voisins, comme l’Allemagne ou en Italie.

Pour incarner cette collaboration, l’ancien ministre des Affaires étrangères Michel Barnier, et l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, ont été citées la semaine dernière, incarnations parfaites de ces "républicains de sensibilités diverses qui auront su, par leur courage, s’opposer aux extrêmes", évoqués par le chef de l’Etat dans sa "Lettre aux Français". "Ce sont des figures capables en temps de coalition de rassembler des gens pas forcément d’accord entre eux, dit-on à l’Elysée. Des figures d’autorité, connues, modérées, capables de réunir les socialistes et les Républicains." Plusieurs voix au sein du camp présidentiel, à l’image de Yaël Braun-Pivet croyaient lundi "plus que jamais à la coalition". "Il va falloir que chacun fasse un effort pour trouver un programme de gouvernement", a-t-elle souligné sur France 2.

Néanmoins, l’hypothèse d’un gouvernement transpartisan, sans le Rassemblement national, qui irait d’Edouard Philippe à la France insoumise est moins probable. Les principaux représentants de la gauche ont déjà écarté toute perspective d’alliance avec le camp macroniste et/ou la droite, refusant toute "alliance des contraires" ou tout "arrangement".

L’idée d’un gouvernement technique

Le concept n’a jamais existé en France, sous la Ve République, à l’inverse de certains de nos voisins, dont l’Italie. Le scénario d’un gouvernement dit "technique", qui serait composé d’experts non politisés (économistes, hauts-fonctionnaires, diplomates…) fait son chemin. "Dans ce cas-là, on nomme un général aux armées, un professeur de droit à la Justice, un grand directeur de banque à l’Economie et aux Finances et ainsi de suite", résumait sur LCI le 18 juin dernier le constitutionnaliste Dominique Chagnollaud de Sabouret.

En ce sens, certains proches du président ont récemment pu s’interroger sur la pertinence de la nomination du gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau à Bercy, ou encore sur celle de l’ancien procureur François Molins à l’Intérieur. Et pourquoi pas l’ancien ambassadeur Gérard Araud aux Affaires étrangères ? Pour diriger un tel gouvernement, le nom de Laurent Berger a déjà été cité. L’ancien secrétaire général de la CFDT avait été mis en avant par Raphaël Glucksmann comme potentiel Premier ministre. "Ce n’est pas mon envie. J’ai fait le choix de me retirer de la vie publique", avait répondu Laurent Berger, le 24 juin.

Un centre élargi derrière Macron

Le président peut-il réunir une majorité du centre, piochant dans l’aile gauche et dans l’aile droite de l’Assemblée nationale ? Cela reviendrait à tenter de monter un gouvernement entre le PS, Place Publique, les écologistes et les alliés du parti présidentiel, à savoir le MoDem et Horizon (le parti de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe). Il y a quelques jours, l’ancienne présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, plaidait pour une "nouvelle coalition républicaine" (excluant de fait le Rassemblement national et la France Insoumise).

"En cas de majorité RN-LFI, un Premier ministre pourrait bien s’appuyer sur une coalition qui balaie les forces politiques du centre gauche au centre droit," expliquait auprès de L’Express Benjamin Morel, constitutionnaliste et politiste. Mais son gouvernement risquerait de tomber à la première motion de censure. Ce chef du gouvernement serait donc en quelque sorte prisonnier de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen".

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