World News

Pourquoi le commissaire d'exposition Jean-Louis Prat a choisi d'exposer Hans Hartung à Brioude ?

C’est une vie de création qu’a choisi de raconter Jean-Louis Prat, cette année, sur les murs de l’hôtel du Doyenné. Une vie de liberté à s’affranchir des codes et des attentes. L’itinéraire singulier d’Hans Hartung, l’un des plus grands représentants de l’art abstrait.

Plus de soixante-dix œuvres – des peintures, des créations graphiques et des céramiques – composent l’exposition rétrospective qui ouvrira au public ce vendredi 5 juillet et que le commissaire a choisi d’appeler : "Une liberté salutaire". "Tous les artistes que j’ai exposés au Doyenné jusqu’ici sont différents mais tous expriment en fait une forme de liberté singulière", sourit-il. En début de semaine dernière, en pleine installation de l’exposition (lire ci-contre), Jean-Louis Prat a accepté d’évoquer cet artiste qu’il "a bien connu" et ce qui le touche particulièrement dans son travail.

Hans Hartung a exprimé exactement ce qu’il ressentait, toute sa vie, à sa manière

Comment est née cette exposition ?

Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur la fondation Hartung-Bergman et son directeur Thomas Schlesser pour bâtir cette exposition. Il était important pour moi de demander les œuvres qui étaient restées dans leur patrimoine et de pouvoir faire une sélection qui montre l’évolution, la trajectoire exceptionnelle de l’artiste. J’avais l’idée, au départ, d’exposer Hang Hartung et Anna-Eva Bergman. Mais cela n’était pas possible car cette dernière fait l’objet d’une exposition à Oslo en ce moment. Et le Doyenné aurait peut-être été un peu petit !

Vous avez donc imaginé une exposition rétrospective consacrée exclusivement à Hans Hartung...

J’ai décidé de rendre hommage à la liberté qui apparaît dès le départ dans l’œuvre d’Hans Hartung. Au courage également qu’il a eu de dire qu’il ne rentrerait pas dans une voie, qui était celle de tout le monde, mais qu’avec un langage différent, il exprimerait totalement ce qui se passait, ce qu’il ressentait et ce qu’il était véritablement. Ce langage il va l’inventer. Le faire grandir, mûrir à travers les décennies. C’est ce qu’on va retrouver ici. Sa générosité, cette force qui l’habite.

Ce langage, c’est sa "liberté salutaire" ?

J’ai choisi l‘expression "liberté salutaire" parce que je trouve que c’est un beau titre qui lui correspond parfaitement. Il a exprimé exactement ce qu’il ressentait, toute sa vie. Grâce aussi à cet éloignement qu’il a eu du monde par rapport à ce qu’on souhaitait qu’il nous montre, qu’il nous démontre. Lui est apparu novateur grâce à ce langage qui se renouvelle et qu’il impose d’une manière absolument magistrale. Au fil de l’exposition, il sera possible de découvrir ce langage abstrait qui se construit et nous permet de se dire qu’il existe une autre façon d’exprimer ses états d’âme ou les temps que nous traversons. L’exposition a été bâtie avec l’idée de respecter sa pensée. Et que le visiteur évolue avec.

Hans Hartung est peut-être un peu moins connu que les artistes que vous avez choisi d’exposer à Brioude jusqu’alors…

Il a été très célèbre dans les années soixante, quatre-vingts puis quatre-vingt-dix. Il est mort et peut-être l’a-t-on laissé un peu de côté. Mais on le retrouve avec une pertinence, une force accrue dans une époque comme la nôtre. C’est aussi pour cela que j’ai choisi ce titre pour l’exposition. Ça prouve que cet homme a su rester indépendant.

Mathilde Fontès

Читайте на 123ru.net