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Ruffin, Tondelier, Faure... points forts et points faibles des possibles futurs Premier ministre

Ruffin, Tondelier, Faure... points forts et points faibles des possibles futurs Premier ministre

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a remis sa démission au président de la République ce lundi 8 juillet au matin, mais celui-ci a demandé à son chef de gouvernement de rester "pour la stabilité du pays", selon l'Élysée. Qui pour le remplacer à l'issue de cet intérim ?

 

Au lendemain des élections législatives et du succès du Nouveau front populaire, la question est sur toutes lèvres : qui, à gauche, pour succéder à Gabriel Attal ?  Avec 182 sièges dans l’hémicycle, l’union de la gauche doit proposer une personnalité qui fait consensus. Philippe Moreau-Chevrolet, consultant en communication politique, élimine d'entrée du casting les insoumis Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard, jugés "trop clivants". Tour d'horizon des profils qui pourraient "matcher" à Matignon. 

Marine Tondelier : la révélation de l'entre-deux-tours

La leader écologiste apparaît comme une sérieuse prétendante. Selon Philippe Moreau-Chevrolet, "elle a fait une excellente campagne ; c'est même LA figure de l'entre-deux-tours. Elle est également consensuelle à gauche. C'est une écologiste, valeur aujourd'hui très partagée. Elle peut donc rassembler autour de ça. Elle n'est pas clivante, au contraire."

Cependant, la nomination de la Nordiste à Matignon pourrait se heurter à des obstacles. "Elle appartient au Nouveau front populaire ; ce serait donc une nomination difficile à accepter à droite ; c'est une femme et le milieu politique reste très misogyne. Elle n'est pas non plus très connue ; même si pour un poste de Premier ministre, ce n'est pas forcément un obstacle, on l'a vu récemment."

Olivier Faure : "rassembleur, mais pas très charismatique"

Le premier secrétaire du PS est également cité comme un potentiel Premier ministre. "C'est un socialiste, un modéré qui n'est pas clivant et ne suscitera donc pas une levée de boucliers", souligne Philippe Moreau-Chevrolet. Toutefois, "ce qui joue en sa défaveur, c'est qu'il n'est pas très charismatique, contrairement, par exemple, à Marine Tondelier. C'est aussi un chef de parti et nommer un chef de parti dans le cadre d'une coalition, c'est un vrai problème."

François Ruffin : le profil qui coche (presque) toutes les cases

François Ruffin fait figure de "candidat idéal" au poste de Premier ministre, selon Philippe Moreau-Chevrolet. "D'abord, car il est salué dans les rangs de la droite. Il a pris ses distances avec Jean-Luc Mélenchon de façon extrêmement claire, ce qui n'est pas le cas de Marine Tondelier et d'Olivier Faure. Il a aussi été réélu en se battant ; c'est une personnalité assez installée dans le paysage médiatique. Il communique de façon très directe sur les réseaux sociaux."

Ce qui peut le bloquer, c'est qu'il est non-aligné, il n'est ni PS ni LFI. C'est à la fois sa force, mais aussi sa fragilité.

Manuel Bompard : l'étoffe d'un "très grand"... "à condition de tuer le père"

"C'est un bon débatteur. C'est quelqu'un qui pendant les débats des élections européennes a été capable de présenter un visage ouvert de la France insoumise, convainquant et compétent. Il a l'étoffe d'un grand politique. Son problème, c'est qu'il est une copie conforme - dans la façon de s'habiller et de se comporter - de Jean-Luc Mélenchon. Il n'a pas vraiment d'existence propre. Donc ce qui sera déterminant chez lui, c'est sa capacité à tuer le père. S'il parvient à faire ça, il peut être un très grand."

Clémentine Autain : une forte notoriété, mais résistera-t-elle à la vague Tondelier ? 

Clémentine Autain, réélue en Seine-Saint-Denis au premier tour, a annoncé dimanche 7 juillet sur LCI, qu'elle ne siégerait pas au sein du groupe La France Insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale. Une clarification qui pourrait la servir dans la conquête de Matignon. "Elle a une notoriété assez forte, elle est jeune, c'est une femme et elle a rompu de manière très claire avec Jean-Luc Mélenchon," note Philippe Moreau-Chevrolet.

Néanmoins, "ce n'est pas quelqu'un de vraiment très consensuel ; je ne crois pas qu'il y ait un élan ou un désir de voir Clémentine Autain devenir Premier ministre avec la même force qu'une Marine Tondelier ou un François Ruffin. Elle n'a pas encore la stature à mon avis pour être Première ministrable."

Raphaël Glucksmann : "légitime", mais un "manque de savoir-faire politique" 

L'eurodépute Place publique - PS est vu comme une figure de renouveau. "Il a pour lui d'être une personnalité assez nouvelle, il a réussi sa campagne européenne, on peut le créditer du renouveau de la gauche. Il a donc une vraie légitimité à prétendre au poste de Premier ministre." Cependant, "ce n'est pas un politique, pointe le professeur de communication politique à Sciences Po Paris. En résumé, il aurait la légitimité, l'incarnation médiatique, mais il lui manque le savoir-faire politique."

Serait-il capable d'aller négocier, faire des coalitions ? Il n'a pas ce savoir-faire et il l'a montré pendant sa campagne des législatives où il s'est fait voler sa victoire par Olivier Faure notamment.

Yannick Jadot : expérimenté, mais serait-il "à même de canaliser les ténors de l'Assemblée" ? 

Le nom de l'ancien candidat écologiste à la présidentielle revient avec insistance ces derniers jours. "Il a déjà fait une campagne présidentielle, il a une certaine expérience ; il est écologiste, pas LFI. Il est modéré, c'est quelqu'un d'assez consensuel, qui va rassurer," commente Philippe Moreau-Chevrolet. Cependant, le politologue s'interroge : "Saura-t-il négocier avec les uns, avec les autres ? Il a eu beaucoup de difficultés à contrôler l'appareil écologique et on peut donc avoir des doutes. Serait-il capable de canaliser une assemblée dans laquelle il y a des ténors assez forts ? J'ai quand même un doute là-dessus."

Bernard Cazeneuve : "pas assez souple"...

Quant à l'ancien Premier ministre de François Hollande Bernard Cazeneuve, Philippe Moreau-Chevrolet indique qu'il représente une option plausible. "C'est une possibilité. Mais la limite de Cazeneuve, c'est qu'il est quand même à la droite du PS, je ne suis pas sûr que ça corresponde à l'ambiance du moment. Il faut tout de même quelqu'un d'assez souple. Or, la souplesse n'est pas la qualité première de Bernard Cazeneuve."

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Nicolas Faucon

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