A Tulle, Rabès primeurs doit s'adapter aux changements de comportement de ses clients qui commandent fruits et légumes
Dans la chambre froide remplie de cagettes, les pêches viennent de Voutezac, les pommes de la coopérative fruitière du Limousin Cooplim, les abricots de la Drôme… À côté, deux cartons de tomates, du persil, de la ciboulette, des pommes de terre, trois choux… qui s’apprêtent à être livrés à un restaurateur tulliste. Bienvenue au cœur de la SARL Rabès Primeurs qui, depuis juillet 1991, distribue des fruits et légumes en gros aux collectivités (pour les cantines des écoles, les selfs des collèges et lycées…) et les restaurants… Une logistique rondement menée qui, au fil des années, a dû s’adapter aux nouveaux comportements des clients et des consommateurs.
Un grossiste qui fournit une centaine de clientsC’est là, au milieu de la rue Maurice-Caquot qu’Alain Rabès a installé son entreprise, véritable centre de logistique avec son entrepôt de 400m2, ses cinq camions et ses cinq salariés. « Nous sommes un primeur. On travaille particulièrement avec des producteurs locaux mais aussi du Quercy, du centre de la France, du nord, de la Bretagne pour avoir toutes les productions… C’est en fonction du produit et de la saison », explique Alain Rabès qui dispose de tout un réseau de fournisseurs auxquels il peut passer ses commandes. Le but : pouvoir répondre à la demande des clients en leur proposant le meilleur produit au meilleur prix. Mais qui sont ses clients ? « On en a une centaine, indique-t-il. De la grande et moyenne surface, des collectivités comme des cantines scolaires, l’hôpital de Tulle, des restaurants… En tout, on livre des établissements à 25 km autour de Tulle. » Une grosse activité pour un chiffre d’affaires de 1,2 million d’euros annuel.La Sarl Rabès primeurs dispose d'une flotte de quatre camions qui livrent les clients dans un périmètre de 25 km autour de Tulle. photo agnes Gaudin
Pouvoir répondre à la demande, jour après jourC’est le credo de la SARL qui a dû s’adapter depuis sa création. Car, si au début, les commandes des clients se faisaient plus en amont et avec des quantités plus importantes, ce n’est plus le cas. « Quand on a commencé, les clients prenaient de plus grosses quantités sur moins de références. Maintenant, c’est zéro stock et c’est l’ennemi du métier. Les clients attendent le dernier moment pour passer commande et nous, on doit s’organiser pour répondre le plus vite possible à ces dernières. » Alain Rabès anticipe donc en commandant les produits dont il sait qu’ils seront demandés. « L’expérience m’aide. J’imagine la demande, j’achète et je prie pour vendre la marchandise… »La Sarl fonctionne avec de multiples producteurs locaux comme pour les pêches qui viennent de Voutezac. photo agnes Gaudin
Un travail non stopC’est l’autre volet délicat du métier. Avec des commandes de plus en plus tardives, l’entreprise a revu son mode de fonctionnement. « Quand on a commencé, on avait les commandes dans l’après-midi, on pouvait commencer à préparer et on venait le matin à 5 heures. Désormais tout est décalé, confie le gérant. Les commandes sont passées souvent en fin de soirée. J’arrive à 2 h 30 du matin, je relève les commandes, je les traduis pour les préparateurs parce que les clients demandent des tomates pas une variété de tomates, je fais en fonction de ce que j’ai en stock. Le préparateur arrive vers 4 heures et les camions partent entre 6 heures et 6 h 30. »Cinq salariés travaillent chez Rabès primeurs. Parmi eux, Thierry Nevendel qui prépare les commandes depuis 20 ans. photo agnes Gaudin C’est donc un rythme soutenu pour les cinq salariés. « Nous sommes toujours sur le pont avec une pression permanente. Il faut toujours respecter un tempo soutenu, toujours aller vite. Une déviation sur la route de la tournée et c’est toute de suite plus compliqué », résume Alain Rabès. Il est possible d’aller acheter des fruits et légumes directement chez Rabès primeurs le matin de 7 heures à 12 heures. Mieux vaut appeler la veille au 05.55.20.94.16.
Taille. S’il y a une dizaine d’années, l’entreprise comptait davantage de salariés, elle a désormais trouvé la taille qui lui convient, avec cinq employés. « L’entreprise a été plus importante mais plus on a de clients, plus on a de risques d’impayés. Finalement, au regard de notre charge actuelle de travail, on se dit que la taille de l’entreprise est la bonne. Nous sommes tous impliqués, tous polyvalents. Je la gère en bon père de famille », souligne le gérant. Avec un combat : garder ses clients car, les années passées, l’entreprise en a perdu plusieurs d’importance. « Certaines grosses structures sont parties, comme Flunch ou l’école de gendarmerie de Tulle que nous avons livrée pendant trente ans. Avant, ces structures lançaient des appels d’offres locaux et nous pouvions les remporter mais désormais ce sont des appels d’offres nationaux et on ne peut pas s’aligner », regrette-t-il. Outre la formation de ses salariés, l’entreprise a aussi choisi d’investir dans les énergies renouvelables et va installer sur le toit de son entrepôt des panneaux photovoltaïques. « On utilise déjà de l’électricité verte et on va rajouter des panneaux parce que notre facture d’électricité a bondi ces derniers mois. Avec cette installation, nous espérons la faire baisser de moitié », explique Alain Rabès.
Texte : Estelle Bardelot
Photos : Agnès Gaudin