“Moi, moche et méchant 4”, un hit de routine sans âme
On peut faire la fine bouche, et on ne s’en privera évidemment pas, mais il faut d’abord bien acter que l’animation des grands studios est actuellement le dernier allié des salles de cinéma. Moi, moche et méchant 4, déjà en salle depuis une semaine en Amérique du Nord, vient de ravir la première place au triomphal Vice-Versa 2. Un sort similaire l’attend probablement en France.
Même si l’on a beaucoup aimé le Pixar, il est néanmoins difficile de nier quel morne signal envoie cet enchaînement : celui d’une démission hollywoodienne en matière de projets originaux, qui n’est certes pas une nouveauté, mais qui dans le cas particulier de l’animation, désormais presque seule au sommet du box-office, prend une teinte plus tristement industrielle encore. Il y a quelque chose de particulièrement inodore et anonyme dans le robinet de suites de licences animées, plus que dans l’hégémonie Marvel.
Produit de série assumé
La nature parodique et légère de Moi, moche et méchant, avec ses super-vilains grotesques en papier glacé et ses péripéties confortablement formatées, a quelque chose de terminalement inconséquent : on ne sait plus vraiment où sont censés se placer le génie, la singularité, le supplément d’âme ou de drôlerie d’un film qui semble exécuté par une armée d’intervallistes obéissant·es, sans l’intervention du moindre libre arbitre artistique. Pire, on doute réellement qu’il soit encore question de proposer de telles ambitions à un produit de série aussi assumé.
Il semble presque superflu d’évoquer l’intrigue. Mais pour le principe : Gru a désormais un bébé, ainsi qu’un nouvel antagoniste, sorte de méchant de spin-off des Indestructibles, dont il se cache sous une fausse identité de papounet bourgeois et respectable. Il se passe cela, il pourrait se passer autre chose.
On connaît les arguments phares de la franchise, qui n’ont jamais été des points de scénario, ni même d’incarnation : c’est une façon de régresser, de faire corps avec un langage primaire, modélisé essentiellement par le motif invariablement génial des Minions. Ils sont toujours là, et toujours aussi bêtes, et toujours aussi drôles. On n’en sort, pourtant, pas plus grandi qu’eux.
Moi, moche et méchant 4 de Patrick Delage et Chris Renaud, avec les voix de Steve Carell, Kristen Wiig, Pierre Coffin… En salle le 10 juillet.