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"Les francs-maçons, c’est tout le contraire d’une secte" : pour son centième anniversaire, cette loge lève le voile

Les voies maçonniques semblent impénétrables. Pourtant, la vénérable maître Marie-Pascale Marty, à la tête de la "respectable loge Justice à l’Orient de Thiers", nom officiel de la loge thiernoise, sort du silence et dévoile les contours de cette intrigante "société de pensée". Le tout à l’occasion du centième anniversaire de l’instance.

Secte?? Passe droit pour y entrer?? Des membres qui dirigent le monde?? Les préjugés autour des francs-maçons sont légion, et ont la peau dure pour certains. À ces allégations, Marie-Pascale Marty a une réponse claire et précise : "On dit de la franc-maçonnerie que c’est une secte, mais en réalité, c’est tout le contraire. Il est très facile d’entrer dans une secte, et très difficile d’en sortir. Pour les francs-maçons, c’est l’opposé", illustre-t-elle.

Une trentaine de "frères et sœurs" à Thiers

Pour autant, Marie-Pascale Marty ne nie pas les "influences occultes" du passé. "C’était un peu vrai lors de la IIIe République où des gens proches du pouvoir étaient membres. Mais ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui", affirme la présidente. Désormais, tout un chacun peut prétendre à devenir "un frère ou une sœur". Si tant est que la personne est "prête à faire des efforts sur elle-même pour améliorer la société". "Nous recherchons des gens motivés et courageux", insiste la vénérable maître. 100 ans après la création de la loge thiernoise, ils sont une trentaine à avoir accepté ce qui pourrait être pris comme un challenge. Mais dans les faits, qui sont les francs-maçons?? Leur discrétion entretient le mythe. Marie-Pascale Marty le reconnaît. "On peut se dévoiler si on le veut, à titre personnel. Mais il est interdit de donner l’identité d’un frère ou d’une sœur. D’une façon générale, on cherche le calme et non la notoriété." Pour pouvoir prétendre à un siège de frère ou de sœur, il n’y a pas de règles. Toutes les opinions sont admises et il est possible de croire, ou de ne pas croire. Toutes les opinions, ou presque.

Il y a un défaut rédhibitoire, lance la présidente. Faire partie d’un organisme qui prône le racisme ou l’exclusion.

Et ces dernières semaines, cela est plus vrai que jamais. "Chez les francs-maçons, le rapport au monde n’est pas le même, nous avons une sensibilité gauche socialiste. L’individu en tant que tel compte énormément, insiste la vénérable maître. On ne veut pas d’une France raciste, xénophobe ou anti-avortement."

Sœur depuis 25 ans

Sœur de la loge de la cité coutelière depuis 25 ans, vénérable maître depuis une année, Marie-Pascale Marty a poussé la porte du temple pour une raison.

On m’a expliqué que des gens qui n’ont pas le même avis, discutent “sans se mettre sur la gueule”.

Elle n’en demandait pas plus.

Les rituels, nombreux au sein de la franc-maçonnerie, entretiennent eux aussi la légende. "C’est une sorte de théâtralisation", image la vénérable maître. Un héritage de l’institution anglaise au XVIIIe siècle. "Deux fois par mois, des réunions maçonniques sont organisées au temple [dont la localisation est tenue la plus secrète possible, ndlr]. Elles sont toujours organisées de la même façon avec deux rangées qui se font face et le vénérable maître au bout", distille Marie-Pascale Marty.

Lors de chaque réunion, un frère ou une sœur "planche" sur une thématique de son choix. Ce qui donnera lieu, ensuite, à des discussions, sur le temps long.

Nous avons un respect absolu de la pensée de l’autre.

Une nécessité à laquelle les francs-maçons tiennent, d’autant plus dans une société qui va toujours plus vite. "Notre volonté est de prendre de la distance, de respirer plus large que l’actualité trépidante."

Un centenaire célébré

La première trace de la franc-maçonnerie à Thiers remonte au XVIIIe siècle. Mais la loge actuelle, sous l’obédience du Grand Orient (un regroupement de loges maçonniques), s’est implantée en 1924, nommée comme "respectable loge Justice", une valeur fondamentale pour ses fondateurs. À l’occasion de l’anniversaire de la loge, une "tenue", ou réunion maçonnique, un peu spéciale, a été organisée. "Les frères et sœurs de toutes les loges alentour étaient invités. C’était moins ritualisé que d’habitude", détaille la vénérable maître Marie-Pascale Marty. Au total, une cinquantaine de membres étaient présents, dans un temple qui affichait complet. Ce temple d’ailleurs, est le troisième qu’occupe la loge. "Le premier était rue Mercière, retrace la présidente. Les francs-maçons l’ont quitté car il était en très mauvais état. Le deuxième, rue Victor-Hugo, finalement dans le même état que le précédent, obligera les francs-maçons à partir pour ensuite construire leur propre temple."

Sarah Douvizy

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