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Bruno Le Maire : un baroud d’honneur à 10 milliards d'euros

"Je ne suis ni en tong, ni sur la plage". Dans le brouillard politique et économique qui persiste actuellement en France, Bruno Le Maire a tenu à rappeler, avec humour, qu’il était encore aux manettes et que sa mission de rétablir les finances publiques restait entière. Selon toute vraisemblance, le ministre de l’Economie devra céder la place qu’il occupe depuis maintenant sept ans, dans les prochaines semaines, si ce n’est dans les prochains jours. A une personnalité de gauche, du centre ou de droite ? Quelle que soit la réponse, pas question pour lui de baisser les bras. Pour tenir l’objectif des 5,1 % de déficit en 2024 que s’est fixé le gouvernement, Bruno Le Maire a dévoilé ce jeudi une nouvelle salve de 10 milliards d’euros d’économies.

Ce second tour de vis budgétaire depuis le début de l’année était déjà dans les tuyaux. Dissolution oblige, il était passé au second plan. Mais à mesure que l’heure fatidique du départ se rapproche, le locataire Bercy tire ses dernières cartouches. Et surprise : une nouvelle fois, Bercy revoit à la hausse ses besoins d’économies. Au total, 25 milliards d’euros en moins seront nécessaires en 2024 - contre 20 milliards d’euros auparavant - pour tenir la trajectoire fixée par le programme de stabilité envoyé à Bruxelles. En février, un premier décret avait permis d’annuler 10 milliards d’euros de crédits. Cinq autres milliards d'euros ont, semble-t-il, déjà été exécutés, sans plus de précision de la part de Bercy.

La balle est dans le camp du futur gouvernement

Ce jeudi, le ministre a annoncé qu’il allait signer "un courrier de notification à tous les ministères de leur plafond de dépenses". Tous les nouveaux crédits dépassant ces seuils seront désormais gelés. A la clé, une économie de cinq milliards d’euros pour l’Etat. Par ailleurs, trois milliards d’euros sont attendus via une nouvelle version de la contribution sur les rentes inframarginales, cette taxe sur les superprofits de l'électricité. Reste qu’il faudra un vote au Parlement à l’occasion du budget 2024-2025 pour la valider. Là encore, difficile à l’heure actuelle de graver la mesure dans le marbre face à l’incertitude politique.

Enfin, un effort de 2 milliards d’euros est réclamé aux collectivités locales. Mais sans instrument contraignant, la demande n’est qu’incitative. Ce plan, annoncé dans les derniers instants, a tout du baroud d’honneur pour Bruno Le Maire. "Je remplis mon rôle de ministre des Finances jusqu’au bout et je laisserai les comptes en ordre", a-t-il lancé. Rien ne garantit, toutefois, que le futur exécutif maintiendra les mesures annoncées. "Le travail technique aura été fait. A charge au prochain gouvernement de les reprendre ou non. Dans le cas contraire, cela nous écarterait irrémédiablement du rétablissement de nos finances publiques", prévient l'actuel ministre. Une forme de "à prendre ou à laisser" qui s’apparente plus à une patate chaude qu’à une véritable décision qui faciliterait les affaires du prochain gouvernement. Le ministre de l’Economie ne s’en cache pas : si la trajectoire budgétaire n’est pas respectée à la fin de l’année et que Bruxelles monte au créneau, la faute reviendra à son successeur et à lui seul.

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