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Pourquoi collectivités, agriculteurs, particuliers sont appelés à se "mobiliser face à la prolifération de l'ambroisie" en Limousin ?

Pourquoi collectivités, agriculteurs, particuliers sont appelés à se

L’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine, la Fredon Nouvelle-Aquitaine (organisme à vocation sanitaire pour les végétaux) et les Centres permanents d’initiatives pour l’environnement (CPIE) de Corrèze et du Pays creusois viennent de communiquer pour « rappeler l’importance de se mobiliser face à la prolifération de l’ambroisie ». Explications…

« Les ambroisies, c’est quoi ? », « Pourquoi lutter contre l’ambroisie ? », « Comment participer à la lutte contre l’ambroisie ? », etc.

C’est notamment pour répondre à ces questions que l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine, la Fredon Nouvelle-Aquitaine (organisme à vocation sanitaire pour les végétaux), et les Centres permanents d’initiatives pour l’environnement (CPIE) de Corrèze et du Pays creusois, ont cosigné, fin juin, un communiqué de presse intitulé « Agissons contre la prolifération de l’ambroisie en Nouvelle-Aquitaine ».

Il faut dire que la période est encore propice pour réagir : « Il faut lutter, si possible, avant que l’ambroisie ne soit en fleurs, que les fleurs soient matures, détaille Gaëlle Guyot, chargée d’étude santé-environnement à la Fredon Nouvelle-Aquitaine et coordinatrice régionale de la lutte contre les ambroisies. Et ça, hormis quelques spécimens, cela n’arrive pas avant fin juillet. »

Un pollen très allergène

Mais alors, qu’est-ce que l’ambroisie ? « C’est une plante de la famille des astéracées dont le pollen est allergène, répond Gaëlle Guyot. Nous luttons contre cette plante-là, justement, dans le cadre de mission que nous confie l’ARS, car son pollen est vraiment très allergène. C’est l’un des pollens les plus allergènes qui existe. »

Selon le communiqué de presse, « 5 grains de pollen par mètre cube d’air sont suffisants pour entraîner une réaction allergique chez les personnes sensibles » et une exposition répétée peut provoquer « l’apparition de symptômes » comme rhinite, conjonctivite, trachéite, urticaire, eczéma « et dans 50 % des cas, apparition ou aggravation de l’asthme ».

Enjeux de santé publique et agricole

En 2020, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait estimé qu’1 million à 3,5 millions de personnes seraient allergiques aux pollens d’ambroisie en France avec des coûts annuels de plusieurs centaines de millions d’euros.

Mais l’impact agricole est également important. « Il y a des parcelles avec des pertes de rendement relativement importantes selon le niveau d’invasion et on a aussi des lots de semence qui sont refusés à la frontière car des graines d’ambroisie sont retrouvées », illustre encore Gaëlle Guyot.

Sur les trois espèces d’ambroisie faisant l’objet d’une surveillance en France, l’ambroisie à feuille d’armoise est la plus répandue en Nouvelle-Aquitaine. En Limousin, d’après les cartes fournies par l’ARS et la Fredon, cette ambroisie à feuille d’armoise est signalée de manière disparate en Haute-Vienne, dans le nord de la Creuse et sur une ligne allant du sud-ouest au nord-est de la Corrèze.

« C’est toujours difficile de donner une idée de la progression car nous avons une plateforme sur laquelle des signalements peuvent être faits, avance Gaëlle Guyot. L’année dernière, en Nouvelle-Aquitaine, on a eu une augmentation du nombre de signalements de 26 % par rapport à 2022, mais on ne sait pas si cela est dû à l’invasion qui évolue ou bien si les gens sont plus sensibilisés. En tout cas, le Limousin commence à être bien touché. »

Les préfectures de Corrèze et de Creuse ont pris ces dernières années des arrêtés « fixant les modalités de surveillance, de prévention et de lutte contre les ambroisies », tandis qu’un tel arrêté est « en cours d’élaboration » en Haute-Vienne. 

La « bonne nouvelle » chrysomèles ?

« Mais une potentielle bonne nouvelle est arrivée l’an dernier, reprend Gaëlle Guyot. Plusieurs populations de chrysomèles de l’ambroisie ont été détectées fin octobre dans la région de Lyon (Rhône). Il s’agit du prédateur naturel de l’ambroisie. Elle n’est pas encore, a priori, chez nous, mais en tout cas, on lance une surveillance : quand les gens font un signalement d’ambroisie, il y a une question : “est-ce que les feuilles sont grignotées ?”.  Cela nous permet de surveiller l’arrivée de cet insecte qui pourrait être potentiellement une bonne nouvelle pour la gestion de l’ambroisie. »

À quoi ressemble l’ambroisie à feuille d’armoise ? Comment la reconnaître ?

L’ARS Nouvelle-Aquitaine donne quelques indications pour faciliter son repérage :

- l’ambroisie est de la même famille que le tournesol. Sa morphologie se transforme au cours de son développement pour donner, au moment de la floraison, en août-septembre, un buisson qui peut atteindre plus d’un mètre de haut,

- les feuilles d’ambroisie sont larges, minces et très découpées. Elles sont du même vert sur chaque face, ce qui distingue la plante de l’armoise ;

- la tige est souvent rougeâtre et velue ;

- les fleurs, petites et verdâtres, sont disposées à l’extrémité des tiges. Les fleurs mâles sont groupées en longs épis bien visibles. Ce sont ces épis qui libèrent le pollen en août-septembre.

Enfin, précise l’ARS, l’ambroisie se développe et se multiplie très facilement sur différents types de terrains et préférentiellement sur : les sols nus et remaniés (chantiers, terrains vagues, voies de communication, talus de routes, d’autoroutes et de voies ferrées, bords des rivières), les jachères, les cultures de tournesols, de maïs et de soja…, les zones d’entrepôts de graines et de fourrages, les jardins des particuliers (par exemple par l’intermédiaire de terre importée ou de graines de tournesol utilisées pour les oiseaux. Ceux-ci pouvant contenir des graines d’ambroisie).

Mais que faire si vous repérez un ou plusieurs plants d’ambroisie ? Là encore, l’ARS répond :

- Chez vous, avant la floraison (fin juillet), enfilez des gants et arrachez les plants. Vous pouvez ensuite les composter, les amener en déchetterie ou les laisser se dégrader naturellement au sol. Pendant ou après la floraison (juillet-septembre), ne faites rien ! Vous risquerez d’aggraver la situation en répandant les graines. Attendez le printemps prochain, les plants renaîtront et vous pourrez les arracher avant leur floraison.

- Hors de chez vous, signalez les plants d’ambroisie sur signalement-ambroisie.atlasante.fr/. En partenariat avec l’ARS, le Conservatoire botanique national sud-Atlantique (CBN-SA) collecte et cartographie les secteurs où des plants d’ambroisie ont été détectés.

Jean-Adrien Truchassou

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