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"Le NFP prouve qu'il est incapable de gouverner" : la course à Matignon vue par la presse étrangère

11 juillet. Quatre jours ont passé depuis le second tour des législatives et toujours aucun candidat du Nouveau Front populaire (NFP) pour Matignon. Sur le plateau de BFMTV, Sandrine Rousseau professe : "En n’ayant pas de nom, on laisse la place à tous les commentaires". Y compris ceux de nos voisins européens et transatlantiques qui n’ont pas manqué de relever les difficultés rencontrées par l’alliance, "incapable de s’accorder sur un possible Premier ministre", raille la Radio Télévision suisse. Même son de cloche de l’autre côté de la frontière : "Une semaine après le vote, la gauche française cherche toujours un accord unitaire pour proposer un nom de premier ministre", acte La Repubblica.

Et le quotidien transalpin Il Post de renchérir : "Jusqu’à présent, les négociations au sein du NFP n’ont abouti qu’à une série d’accusations réciproques". Un "spectacle qui vire au véritable feuilleton sans fin, digne de Dallas et qui donne un aperçu peu rassurant de ce à quoi pourrait ressembler le quotidien d’un gouvernement NFP", persifle Le Temps. Outre-Manche, The Guardian, estime que cette absence d’accord place plus que jamais le Nouveau Front populaire dans une "impasse". En Espagne, El País, parle quant à lui d’une gauche française "divisée", dont les désaccords viennent "assombrir la victoire inattendue aux élections législatives le 7 juillet dernier".

"Bras de fer" entre le PS et LFI

Qu’ils soient espagnols, britanniques, suisses ou américains, les observateurs internationaux semblent avoir compris que le nœud gordien se situait entre deux des quatre partis qui forment la coalition née à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier. "Les divisions sont surtout entre le Parti socialiste et La France insoumise", avise ainsi le quotidien transalpin Il Post qui présente le parti fondé par Jean-Luc Mélenchon comme la formation politique "la plus radicale de la coalition, mais aussi celle a tout de même obtenu le plus de sièges".

D’un côté donc, la maison rose "voulait absolument imposer son premier secrétaire, Olivier Faure, dont le profil serait assez consensuel pour être accepté par les députés centristes et survivre malgré une majorité très relative", raconte Le Temps. Et de l’autre, poursuit le quotidien helvétique, LFI "voudrait imposer une personnalité plus radicale". Le magazine Britannique Politico a fait le décompte : LFI a présenté "quatre de ses leaders dont Jean-Luc Mélenchon, trois fois candidat à l’élection présidentielle", et constate : "tous été rejetés par les socialistes […] qui ont surtout plaidé en faveur de leur chef de parti, Olivier Faure" lui-même refusé par les cadres insoumis.

La France insoumise quitte la table des négociations

En fin de semaine dernière, une hypothèse semblait émerger : celle d’Huguette Bello, "présidente du territoire français d’outre-mer de La Réunion […] députée pendant 13 ans, aux côtés des communistes", avant de devenir un soutien de La France insoumise "lors des élections présidentielles de 2022 et européennes de 2024", égraine Politico. Une idée de Fabien Roussel, note Il Post, qui n’a toutefois pas convaincu les socialistes. Le parti à la rose "a répondu 'niet'", moque Le Temps, fermant ainsi "l’épisode […] le plus concret et le plus prometteur jusque-là". Un véto "qui a remis le feu aux poudres dans la fragile alliance, minée par des querelles internes", constate le quotidien belge Le Soir.

L’acmé de la discorde semble toutefois avoir eu lieu lundi soir, lorsque le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a annoncé quitter la table des négociations. "Cette fracture intervient au début d’une semaine cruciale au cours de laquelle le gouvernement démissionnera et les nouveaux députés voteront jeudi pour nommer un nouveau président de l’Assemblée nationale", alerte The Guardian.

Depuis le début de semaine, les lieutenants insoumis plaident d’ailleurs pour que le NFP déporte son énergie sur le choix d’un candidat au perchoir. "Pour La France Insoumise, il est en effet fondamental que le bloc de gauche réussisse à élire un représentant à la présidence de l’Assemblée et estime que si cela ne se produisait pas, la possibilité d’un futur gouvernement de coalition serait sérieusement compromise", assurent nos confrères d’Il Post en Italie. Car selon Politico, si le NFP n’arrive pas à se mettre d’accord sur un candidat, "cela mettrait fin à la capacité du NFP à se présenter comme un groupe cohérent et comme la première force politique française".

Macron, le grand gagnant des querelles intestines ?

Une analyse qui fait écho à celle du Temps : "La toute jeune alliance de la gauche française est déjà en train de prouver à la France entière qu’elle serait incapable de gouverner". Une aubaine pour le maître des horloges, selon la formule consacrée, qui "n’en demandait pas tant", ironise le quotidien helvétique. Car le grand gagnant pourrait bien être la coalition présidentielle qui bénéficierait de ces guerres picrocholines qui "ouvrent la voie à d’autres partis, y compris le groupe du président Emmanuel Macron, pour tenter de se débarrasser des membres les plus modérés", met en garde le site d’information américain Bloomberg.

Nos confrères de Politico sentent également le même vent mauvais souffler sur la coalition montée à la hâte sur les vestiges de feu la Nupes "déstabilisée" par LFI, rappelle Il Post. "Si le NFP ne parvient pas à choisir un leader rapidement, les opposants à l’alliance de gauche pourraient se faufiler pour proposer une coalition alternative et, ce faisant, fracturer son pouvoir avant même que ses membres n’aient la possibilité de siéger à l’Assemblée nationale". In fine, peut-on supposer, comme le suggère le quotidien britannique, qu'en pensant "ne jamais gagner" et "pour masquer ces divisions", le NFP ait en effet "choisi de ne pas présenter de leader pendant sa campagne". Oubliant peut-être que si gagner uni "est facile", gouverner uni, l’est moins.

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