“Dos Madres” de Víctor Iriarte, un premier long métrage poétique et politique
Tout commence par un cours d’eau puis une carte sur laquelle se profile un itinéraire du bout du doigt. Alors que son dossier est introuvable, Vera (Lola Dueñas) part à la recherche de son fils, Egoz (Manuel Egozkue), dont elle a été séparée vingt ans auparavant et qui a été adopté par Cora (Ana Torrent). Réuni·es, Vera et Egoz rattrapent le temps perdu et planifient avec Cora leur vengeance.
Dos Madres se distingue d’abord comme un thriller politique, un film noir comme l’annonce la citation du poète et romancier chilien, Roberto Bolaño en ouverture : “C’est l’histoire d’un crime atroce”. Dos Madres confronte Vera à un système qui occulte l’un des pires atrocités commis sous la dictature de Franco : l’enlèvement de près de 300 000 enfants par le régime franquiste. Un crime motivé à l’époque par des raisons idéologiques qui souhaitait “éradiquer les gènes du marxisme” chez les nouveaux-nés.
Dialogue fantôme
À mesure que l’enquête rapproche Vera de son fils, la mise en scène s’éloigne des codes du thriller pour s’orienter subtilement vers un récit plus intimiste, proche du mélodrame. Dos Madres se révèle alors dans sa manière de faire le récit d’une absence, palliée en voix-off par une correspondance épistolaire entre les personnages. De ce dialogue fantôme naît la rencontre attendue entre ces deux mères et leur fils, qui le temps d’une escale au Portugal, tentent de composer leur histoire à partir des bribes de chacun·e. De leurs confidences, se dévoilent la colère de l’une et la culpabilité de l’autre, chacune confrontée à leur passé mais toutes deux (ré)unies par leur fils.
Un premier film délicat qui entrecroise les genres du thriller et du mélodrame pour manifester l’amour maternel.
Dos Madres de Víctor Iriarte, avec Lola Dueñas, Ana Torrent et (Esp, Port, Fr, 2024, 1h49). En salle le 17 juillet.