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La mairie de Moulins face aux étourneaux : tirs d'effarouchement, rapace et bientôt une bambouseraie

Le film d’épouvante tourne en boucle à Moulins sud. Depuis mi-juin, il a recommencé. Cela fait une bonne dizaine d’années que les oiseaux reviennent faire vivre aux locataires une série de cauchemars. De l’insalubrité au tapage nocturne. Les étourneaux sont venus en force ces dernières semaines, à près de 30.000 individus ! Leurs cris assourdissants tourmentent les insomniaques tous les soirs et les matins, leurs fientes acides grignotent les peintures des voitures garées et tapissent les trottoirs des environs. Avec une odeur nauséabonde omniprésente pour couronner le tout.

L’épicentre des nuisances se trouve aux abords des platanes où les volatiles nichent, autour de la place des Hippophaés et du centre commercial Thonier. Cette année, les volatiles sont arrivés avec un mois de retard par rapport à leurs habitudes, en raison de la météo. « Les locataires étaient contents, ils pensaient que c’était terminé ! », raconte Jalel Baili, président de la Confédération syndicale des familles de l’Allier. À tord, malheureusement. « En souffrances », des dizaines d’entre eux lui partagent leurs mésaventures.

« Certains doivent vivre au 4e étage les fenêtres fermées, car les branches des arbres arrivent à hauteur de leurs salons. Parfois les étourneaux se cognent contre des vitres et pourrissent au sol ». Ses nombreux courriers adressés aux élus Moulinois restent lettre morte. « Le signe d’un immense mépris des souffrances des habitants de Moulins sud », estime le président de la CSF03. Il regrette que les élus descendent de leur perchoir « uniquement lorsque la presse est alertée de la situation ». « C’est amusant, ils ont fait nettoyer le quartier ce matin », ironise-t-il.

Pour lui, il aurait fallu que la Ville s’empare du sujet dès l’arrivée des étourneaux à Moulins, il y a plus de dix ans. « Ces dernières années ils nous pondent des méthodes inutiles, comme l’effarouchement avec un rapace où la fameuse future bambouseraie en bord d’Allier, qui va mettre cinq ans à pousser, sans la certitude que les étourneaux préféreront y nicher ».Le mobilier urbain et les voitures garées sont couverts de fientes d’oiseau

Elaguer les arbres ? 

Jalel Baili aurait une méthode plus simple. Il estime qu’il suffirait d’élaguer les arbres. « Après tout ils l’ont bien fait à proximité de la gare. Ils n’ont pas sorti l’excuse de l’écologie pour cet endroit ! »

Du côté de la Ville, on assure tout faire pour régler la problématique des étourneaux. « Mais il faut l’aborder avec humilité, car il n’y a pas de solution simple », estime Mathieu Geffray, adjoint au Développement durable et transition écologique. « On comprend l’inconfort des habitants de Moulins sud vis-à-vis des cris et des fientes ».

Effarouchement 

Ainsi, toute la semaine dernière, la municipalité a lancé une campagne d’effarouchement, tous les soirs entre 20 h et 22 h 30 et les matins, de 6 h à 7 h 30. Avec effets sonores, pyrotechnie et lâcher de rapace, pour tenter de faire fuir les oiseaux vers d’autres contrées. « Une campagne réussie », assure Julien Juban, le fauconnier embauché pour la semaine. Il venait pour la troisième année consécutive. « On a été très réactifs. Un mois à peine après l’arrivée des étourneaux, ils sont déjà partis », explique l’adjoint moulinois.

Il récuse fermement les accusations de mépris des habitants de Moulins sud et de leurs souffrances. « Si on a coupé les arbres de la gare et pas de la place des Hippophaés, c’est qu’ils posaient un problème de sécurité publique. D’ailleurs, on en a planté encore plus. Et si on coupait les arbres de Moulins sud, M. Baili nous le reprocherait aussi. » D’après lui, Jalel Baili « instrumentalise les nuisances des étourneaux pour régler des comptes avec la Ville ». Les élus n’auraient « pas attendu des articles dans la presse pour agir, puisqu’on n’appelle pas un fauconnier du jour au lendemain. » Et la Ville ne répond plus aux courriers du président de la CSF03, « parce qu’il est insultant ».

D’après Mathieu Geffray et Julien Juban, si quelques locataires de Moulins sud ont effectivement alerté les élus sur le retour des nuisances des étourneaux, nombre d’entre eux était aussi très contents de voir arriver le fauconnier. « Et de voir partir les oiseaux ». « Jalel Baili n’a pas une attitude constructive, il ne propose rien de constructif car il n’y connaît rien à l’effarouchement », estime Mathieu Geffray, qui souhaite défendre la solution de la bambouseraie. « Une solution testée et approuvée dans d’autres villes, comme Macon ou Roanne. »

Une bambouseraie

D’ici l’automne, des bambous seront plantés au niveau de la plaine des Champins, en bord de rivière, en partenariat avec la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux). Avec l’espoir que les étourneaux préfèrent nicher dans les feuillages épais des bambous, à l’abri des prédateurs, plutôt que dans les arbres, entre les murs de Moulins sud.La Ville effarouchera les étourneaux d’un côté, pendant que la LPO diffusera d’autres sons à hauteur de la plaine des Champins, pour les attirer.

Tous les types d’effarouchement et cette bambouseraie coûtent à la Ville plusieurs dizaines de milliers d’euros. Une preuve de plus, pour Mathieu Gefray, que la Ville ne méprise pas les habitants de Moulins sud. « Je vous assure que couper les arbres, comme le souhaite M. Baili, serait bien moins cher, mais nous tenons à préserver le cadre de vie de tous les Moulinois ».

Emeric Enaud

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