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La région vue au pas de l’âne

Eva Espoleta est partie de l’Ardèche le 15 février pour rejoindre Aubusson où elle devrait arriver fin juillet. La quinquagénaire, férue de tapisserie, a déjà parcouru à pied plus de 600 km en compagnie de ses deux ânes, Oario et Ductus Minus, sa chienne Amore, sa chatte Zoé et son chaton Plume. Elle est passée par Bort.

« Ma carriole me sert de chambre à coucher, de cuisine et d’atelier, confie-t-elle. Ce voyage en troupeau est magique, riche en expériences, enseignements et porteur de lumière ». Cette ancienne professeure de tango argentin pendant 30 ans a publié en février dernier Douze hommes et un colibri, le livre du voyage avant le voyage . Malgré les préoccupations et autres gestes quotidiens techniques comme marcher, chercher le chemin, trouver des emplacements adaptés où on lui laisse passer la nuit, de l’eau, une prise électrique pour recharger son téléphone et son ordinateur, faire à manger et veiller au bien-être de ses animaux, le caractère spirituel de la démarche d’Eva Espoleta est exacerbé.

« L’instant présent est primordial, lance-t-elle. Vivre chaque moment comme un cadeau unique et éphémère, c’est source de joie vitale, de douceur et de sérénité immense. Cela demande évidemment l’acceptation toute entière de ce qui arrive, de mal ou de bien, la pluie, le vent, le froid, le chaud, le bruit, le silence, le vide, le manque, la simplicité d’une vie sans confort, sans frigo, sans télé, sans chauffage, pas de certitudes et peu de sécurité », liste-t-elle.

« Le voyage, c’est la vie »

Eva Espoleta se balade tous les jours le cœur ouvert, les yeux aussi, en pleine conscience. Parfois les limites s’estompent, le ciel, la terre se confondent, la roue du temps s’arrête et la force de l’énergie s’installe. Puissante, douce, drôle et enrageante. « Le voyage, c’est la vie, souligne-t-elle. Le but, c’est le chemin ». Après Aubusson, Eva Espoleta ne se voit pas arrêter ce périple. « Faire une halte oui, comme je l’ai déjà vécu de nombreuses fois. À l’image de ces arrêts, le plus long à Bort-les-Orgues, où j’ai attendu le retour de Zoé qui s’était cachée pendant 5 semaines pour mettre bas et me rejoindre ensuite avec son chaton. Je peux imaginer rester un peu quelque part, mais pas définitivement. Pas pour le moment, en tout cas. J’aime marcher avec mon troupeau, tout simplement »

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