Israël intensifie ses frappes à Gaza, Netanyahu veut accroître la pression sur le Hamas
Les négociations indirectes en vue d'un cessez-le-feu restent elles bloquées. Dimanche, un dirigeant du Hamas a dit que le mouvement islamiste suspendait sa participation aux pourparlers après les "massacres de l'ennemi", mais souligné être "prêt" à y revenir si Israël montrait une "volonté sérieuse" d'aboutir.
Malgré le lourd bilan humain et l'aggravation de la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza où quelque 2,4 millions d'habitants sont assiégés par Israël depuis plus de neuf mois, la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre ne connaît pas de répit.
Mercredi, deux Palestiniens ont été tués dans des bombardements israéliens à Rafah (sud), a indiqué une source médicale au lendemain de la mort de 57 personnes dans cinq frappes qui ont notamment ciblé une école administrée par l'ONU et abritant des déplacés ainsi qu'un camp à Nousseirat (centre), selon la Défense civile dépendant du Hamas.
L'armée a dit avoir visé "des terroristes se servant d'une école à Nousseirat".
Devant l'hôpital des martyrs d'al-Aqsa de Deir el-Balah (centre), Meqdad, un déplacé, pleure la mort de son fils de 18 mois dans une frappe sur Nousseirat.
"Je lui ai donné à manger et dès qu'il s'est endormi j'ai fermé la porte de la chambre. Et il y a eu la frappe. Nous ne sommes que des déplacés, nous n'avons rien à voir avec quoi que ce soit", lance-t-il le corps de son fils dans ses bras.
Plusieurs enfants blessés dans une autre frappe à Nousseirat ont été transportés dans cet hôpital, selon des images de l'AFP. Devant l'établissement, des corps gisent au sol enveloppés dans des couvertures. Des proches pleurent ou récitent la prière des morts.
Alors que l'ONU affirme qu'aucun lieu n'est sûr à Gaza, des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés plusieurs fois depuis le début de la guerre. Beaucoup s'abritent dans des écoles, dans des cours de dispensaires ou d'hôpitaux.
"Nous lui faisons mal"
L'armée a affirmé avoir mené 25 frappes ces dernières 24 heures à Gaza. Elle a fait état de trois roquettes tirées du nord de Gaza vers Sderot dans le sud d'Israël et de bombardements de représailles sur l'origine des tirs.
Elle a ajouté avoir "éliminé des cellules terroristes" et ciblé des "structures militaires" dans le territoire palestinien, dont Rafah.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l'armée.
En riposte, Israël a lancé une offensive aérienne puis terrestre dans la bande de Gaza dévastée et menacée de famine, qui a fait jusqu'à présent 38.713 morts, en majorité des civils, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Le Hamas "subit une pression croissante parce que nous lui faisons mal, nous éliminons ses commandants de haut rang et des milliers de ses terroristes. C'est exactement le moment d'augmenter encore la pression", a dit mardi M. Netanyahu, qui veut poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas et la libération de tous les otages.
"Nous vous supplions"
Mardi, les familles de cinq soldates retenues en otages à Gaza ont plaidé en faveur d'un accord pour leur libération.
"Monsieur le Premier ministre (israélien), nous vous en supplions, nous vous le demandons, s'il vous plaît, faites aboutir cet accord", a déclaré Sasha Ariev, soeur de la soldate Karina.
Classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en 2007, deux ans après le retrait unilatéral d'Israël de ce territoire qu'il occupé pendant 38 ans.
Avant d'assiéger totalement la bande de Gaza après les attaques du 7 octobre, Israël imposait depuis 2007 un blocus terrestre et aérien aux habitants de ce petit territoire pauvre et surpeuplé.
Alertant quasi quotidiennement sur la catastrophe humanitaire à Gaza, plusieurs ONG imputent l'arrêt de l'entrée de l'aide à l'insécurité due à la guerre. D'après elles, 50% des foyers sont classés en situation "urgente" pour risque de famine dans le nord du territoire.
Dans un rapport mercredi, Human Rights Watch a accusé des groupes armés palestiniens de Gaza d'avoir commis "des centaines" de crimes de guerre durant l'attaque du 7 octobre. Le Hamas a rejeté ces accusations.