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Crise migratoire en Tunisie : 38 Subsahariens arrêtés à Jebeniana après des heurts avec les garde-côtes

Preview Trente-huit migrants subsahariens ont été arrêtés le 17 juin en Tunisie après des heurts avec les forces de l’ordre qui ont avorté leur tentative de traversée irrégulière de la mer Méditerranée vers l'Europe depuis les côtes de Sfax, dans le sud-est du pays. Une information judiciaire a été ouverte à leur encontre.

Des garde-côtes tunisiens ont été «violemment agressés» par des migrants subsahariens le 17 juin à l’aube alors qu’ils avortaient leur tentative de traversée clandestine vers l’Europe depuis les côtes de Sfax, rapporte l’agence de presse officielle tunisienne TAP, citant une source judiciaire.

Trente-huit migrants subsahariens ont été interceptés en situation irrégulière vers 3h du matin dans la localité de Louata près de Jebniana dans le gouvernorat de Sfax, a précisé auprès de TAP le porte-parole du tribunal de première instance de Sfax, Hichem Ben Ayed.

Selon la source judiciaire, ces migrants clandestins ont refusé de se conformer aux signaux d’une patrouille de la garde maritime, et ont «violemment» résisté aux forces de l’ordre, en jetant «des pierres et des objets solides» sur les agents de la patrouille.

Les migrants ont même réussi à s’emparer d’un «petit bateau» de la garde maritime, relate encore le porte-parole, avant d’avoir été neutralisés et arrêtés par les forces de sécurité.

Une information judiciaire a été ouverte à leur encontre au tribunal de première instance de Sfax (sud-est de la Tunisie), rapporte TAP, précisant que l’unité centrale de lutte contre la criminalité à Ben Arous (dans la capitale Tunis) a été chargée de mener l’enquête à leur sujet.

«Semer la peur»

Cet incident intervient alors que le président tunisien Kaïs Saïed avait effectué le 12 juillet une visite à Jebeniana et El Amra, deux communes du gouvernorat de Sfax qui abritent une importante communauté de migrants subsahariens installée depuis plusieurs mois.

La visite elle-même intervenait au moment où des habitants et syndicats en colère menaçaient d'une grève générale dans cette région, celle-ci étant devenue, selon eux, «une colonie africaine».

S'il avait déclaré que la Tunisie était «fière de son appartenance africaine», le président tunisien avait souligné toutefois qu'elle restait déterminée à faire respecter la loi et n'accepterait pas que l'on «sème la peur parmi ses citoyens».

«Il faut trouver une solution concrète à cette situation», avait insisté le chef de l'État. «Nous avons traité ces personnes victimes de l'ordre mondial avec humanité», avait-il souligné, «mais personne ne doit se substituer à l'État tunisien».

«La Tunisie n’est pas le garde-côte de l’Europe»

La Tunisie, l'un des principaux points de départ des migrants qui risquent la périlleuse traversée clandestine de la Méditerranée dans l'espoir de rejoindre l'Europe, est confrontée depuis des mois à une crise migratoire sur son sol.

Le chef de la diplomatie tunisienne, Nabil Ammar, a déclaré le 27 juin que la Tunisie était «responsable de surveiller et de protéger ses propres côtes uniquement». Lors d’un point de presse, le ministre a également souligné que son pays n’était «pas le garde-côte de l’Europe ni d’aucune autre partie».

Sa déclaration intervenait en riposte aux critiques relatives à la politique de refoulement des migrants en Méditerranée, intensifiée après l’annonce de la création officielle d'une zone SAR (pour «Search and Rescue») tunisienne.

La Défense tunisienne avait annoncé le 19 juin l’établissement de cette zone de responsabilité au large du pays. Une mesure qui vise notamment à intercepter les clandestins tentant de rejoindre l’île italienne de Lampedusa depuis les côtes du gouvernorat de Sfax.

Casse-tête migratoire

Début juin, la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, avait affirmé que les flux de migrants vers l’Italie avaient chuté de plus de 60% en 2024 grâce aux accords passés avec la Tunisie et la Libye.

En juillet 2023, l'UE avait accordé une aide financière de 255 millions d'euros à la Tunisie afin d'obtenir des efforts accrus pour réduire les passages, au risque de laisser la crise migratoire s'installer de l'autre côté de la Méditerranée.

Selon le ministère de l'Intérieur tunisien, environ 23 000 migrants irréguliers seraient actuellement présents dans le pays.

En 2023, plus de 1 300 migrants – subsahariens et tunisiens - sont morts ou ont été portés disparus dans des naufrages près des côtes tunisiennes, selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).

Les autorités maritimes tunisiennes ont toutefois indiqué le 11 juin qu’elles ont «réussi à secourir 30 281 individus depuis janvier dernier», 21 652 migrants ayant été sauvés au cours de la même période de l'année 2023.

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