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Pourquoi les contestations sur les notes ou les résultats d'examen ont bondi de 150% en cinq ans

Cette augmentation reflète une montée de l’incompréhension et de l'insatisfaction des familles face aux modalités d’évaluation. Une évolution qui pose un défi important pour le système éducatif français, lequel doit désormais composer avec des attentes croissantes de transparence et de justice.Les contestations portant sur les notes ou les résultats ont ainsi augmenté de 150 % entre 2018 et 2023. « Les changements de modes d’évaluation (contrôle continu), la possibilité de consulter ses copies et ses notes avant les résultats finaux et l’importance accrue que ces notes revêtent dans le parcours des candidats (notamment s’agissant du baccalauréat pour le dossier Parcoursup) contribuent à cette surenchère des réclamations », indique le rapport.

373 recours pour le baccalauréat en 2023

Les copies d'examen, notamment pour le baccalauréat, sont dorénavant scannées, permettant aux candidats et à leurs familles d'accéder rapidement aux appréciations. Et ils ne s'en privent pas. La Direction des Examens et Concours (DEC) a reçu 373 recours pour le baccalauréat en 2023, contre seulement 54 en 2022. « Parmi tous ces recours, ce service mentionne que 4 recours sur 5 n’étaient pas fondés, car ils reposaient sur des critères purement subjectifs », souligne le rapport. 

Le rapport souligne que beaucoup de contestations résultent d'une incompréhension des processus d'évaluation. Les familles ne parviennent souvent pas à saisir les critères et les étapes de correction. Ainsi, des parents ont saisi la médiatrice après avoir lu des informations sur un blog enseignant... sans comprendre comment les notes étaient attribuées, en dépit de la référence à la circulaire officielle de 2017 sur la préparation et le déroulement des épreuves.

Les parents invités à intervenir 

François Dubet, sociologue de l'éducation et ancien directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, avance deux raisons sociologiques principales à cette inflation des contestations chez les parents. « La première, c'est que les parents sont paradoxalement invités à intervenir dans les affaires scolaires. On compte de plus en plus sur eux pour soutenir leurs enfants. »

L'école que j'ai connue était un sanctuaire dans lequel les parents n'intervenaient jamais. Aujourd'hui, on a fait intervenir les parents, ce qui est très bien d'ailleurs. Les parents sont présents et donc, ils pensent avoir des droits.

L'expert ajoute une seconde raison, plus fondamentale à ses yeux. « Tout le monde sait aujourd'hui que toutes les notes scolaires sont décisives pour l'avenir scolaire et professionnel des enfants. Par exemple, avec le contrôle continu, les notes de toute l'année vont compter, pas simplement celles de l'examen. »Cette pression accrue se manifeste particulièrement lors des épreuves anticipées de français, qui jouent un rôle crucial dans l'admission dans l'enseignement supérieur.

Le plus grand enjeu pour les bons élèves ne se situe plus lors des résultats au baccalauréat, mais lors de l’accès à la formation désirée. Dès lors, ils admettent très difficilement que leur avenir puisse se jouer sur une note qui semble ne reposer que sur un seul correcteur ; n’est pas toujours assortie d’appréciations montrant de mauvaises réponses ; est dite "provisoire" mais, dans les faits, est définitive pour la sélection dans Parcoursup ; n’a pas été arrêtée après consultation du livret scolaire.

Nicolas Faucon

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